Hier soir, c'était la dernière journée du championnat de France de football ( ligue 1). À cette occasion, j'ai écrit ce quinzième épisode de la série des "Baiser". Que les supporters n'y voient
aucune malice.
Baiser dans les vestiaires d’un club de foot
On n’a jamais été aussi proches de la relégation. Les années précédentes, on avait réussi à s’en tirer tant bien que mal, grâce à
quelques bons résultats en déplacement. Mais là, on est dans la merde ! Tout va se jouer sur un match, le dernier de la saison. Il faut qu’on gagne, impérativement. Un match nul ne suffirait
pas. Comble de malchance, on reçoit le deuxième du classement. En cas de victoire, ils finissent premiers. Autant dire que c’est très mal engagé.
Le dernier entraînement, c’était samedi soir. À huis clos. Personne ne manquait à l’appel : les joueurs au grand complet, le
coach, le kiné, les dirigeants et même un représentant de notre sponsor. Le Président nous a promis une grosse prime de match en cas de victoire. On était remontés à bloc.
- Jusqu’à demain, concentration maximum sur l’objectif, a répété le coach. On mange léger, sans alcool, on ne se rase pas et surtout
on ne baise pas ! Faites le plein d’énergie et d’agressivité pour le match…
Sauf qu’à la sortie du stade, il a fallu que je tombe sur Véronique qui m’attendait sur le parking, près de ma voiture.
- Salut ! qu’elle m’a dit. J’étais venue pour vous encourager, mais apparemment j’arrive trop tard… Ça va ?
Véronique, c’est ma copine. On sort ensemble depuis presque trois ans. Mais on ne vit pas dans le même appart. Chacun chez soi. Faut
dire que Véronique, le foot ça ne l’intéresse pas vraiment. Elle préfère le tennis. Alors, elle ne vient quasiment jamais au stade.
- T’as un peu de temps ? qu’elle m’a demandé. Tu pourrais me faire visiter ?
- Visiter quoi ?
- Les vestiaires, les installations, comme qui dirait les coulisses du stade…
Heureusement que j’étais le dernier, sinon je crois bien que ça n’aurait pas plu que j’amène une femme dans les vestiaires. Dans la
salle, ça sentait la sueur à peine refroidie. À terre traînait une paire de chaussettes oubliées et aux portemanteaux étaient pendus quelques chasubles que nous avions portées pendant
l’entraînement. Sur la table centrale, des bouteilles d’eau minérale entamées, le chronomètre du coach. On a continué par les douches où la vapeur d’eau embrumait encore l’air moite.
- C’est donc vrai que vous vous douchez tous ensemble ! s’est-elle étonnée. Comme dans les films ! Vous êtes tout
nus ?
- Bien sûr que oui, qu’est-ce que tu croyais ?
- Alors, chacun peut voir la bite des autres, ça ne vous gêne pas ?
Elle, en tout cas, ça l’émoustillait. Elle m’a regardé de travers.
- Et les arbitres, ils sont avec vous ?
- Non. Ils ont leur vestiaire personnel, avec un bureau et une cabine de douche individuelle.
De retour dans le vestiaire de l’équipe, Véronique a parcouru le banc d’un regard songeur.
- Et toi, elle est où ta place ?
Je lui ai montré. Véronique est allée s’y asseoir et a commencé à se déshabiller. Elle a ôté ses sandales, son jean, son tee-shirt.
Une fois en slip et soutif, elle s’est relevée.
- Allez, viens, on va baiser sous la douche !
- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Si le coach l’apprend !
- Et pourquoi il l’apprendrait ?
Elle a dégrafé son
soutif et glissé sa culotte à ses pieds. J’ai suivi le sillage de son petit cul qui rebondissait et fuyait amoureusement devant mes yeux.
Dimanche après-midi, à 15 heures précises, l’arbitre siffle le coup d’envoi du match. On démarre à fond, et ça paye : douzième
minute, centre fuyant et reprise de volée de notre ailier droit. On mène 1-0. Le coach nous donne ses instructions : pas d’enthousiasme excessif, de la rigueur. On passe en 4-4-2, je
redescends milieu défensif. Dans les tribunes j’ai fini par repérer la tache jaune vif du tee-shirt de Véronique. Elle est venue avec sa meilleure copine, Elaura. Quarantième minute, j’adresse
une passe en retrait au gardien, sauf que j’ai sous-estimé la vivacité de leur avant-centre à l’affût. Ma passe n’est pas assez appuyée, il l’intercepte et s’en va lober notre gardien trop
avancé. J’en ai les jambes coupées. Tout est à refaire.
À la mi-temps, dans les vestiaires, le coach pique une gueulante mémorable. Pas fiers, on se regarde les chaussettes. J’en prends pour
mon grade. Jamais un quart d’heure ne m’a paru aussi long ! De retour sur le terrain, je cherche Véronique du regard. Je vois bien Elaura, mais pas la tache jaune du tee-shirt de Véronique.
Peut-être qu’elle est fâchée contre moi ou qu’elle pense que le match est plié. L’arbitre de champ se fait attendre ; il finit par arriver avec presque cinq minutes de retard.
Seconde mi-temps. On rame, comme si on avait tout donné dans les quarante-cinq premières minutes. C’est un miracle si on n’encaisse
pas un deuxième but. D’ailleurs, on s’en prend un, heureusement refusé pour une charge sur notre gardien, pas du tout évidente. Les coachs s’égosillent au bord du terrain. Et puis, à la
quatre-vingt-troisième minute, on bénéficie d’un penalty généreux : l’arbitre sanctionne une main dans la surface, main qu’il est le seul à avoir vue. L’équipe adverse fulmine. Distribution
de cartons jaunes. C’est moi qui suis chargé de tirer le penalty. Contre-pied, but ! Mon premier regard, c’est pour la tribune où je retrouve la tache jaune du tee-shirt de Véronique. Puis
mes coéquipiers me sautent dessus et je passe en quelques secondes du statut de brebis galeuse à celui de sauveur de la saison.
Le soir, on va faire
la fête, d’abord au restau puis en boîte. On est tous plus ou moins éméchés. Tard dans la nuit, le coach me prend à part.
- Dis donc, tu ne m’avais pas dit que ta copine Véronique connaissait l’arbitre… C’est quelqu’un de sa famille ?
- Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
- Ecoute, tout ce que je sais, c’est qu’à la mi-temps, elle a été vue entrer dans le vestiaire de l’arbitre et qu’elle y est restée un bon quart d’heure… Alors, j’ai pensé qu’elle était peut-être sa cousine ou quelque chose dans le genre…
© Michel Koppera, mai 2009
Vous aurez reconnu au passage, un dessin D'Aslan et deux vignettes d'une BD de Varenne.
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