C'est le moment du bac, un peu de réflexion ne peut pas faire de
mal...
V.Despentes King Kong Théorie (Editions Grasset , 2006)
Chapitre : Porno sorcières
Le porno pose un vrai problème : il défoule le désir et lui propose un soulagement, trop rapidement pour permettre une sublimation. À ce titre, il a une fonction : la tension dans notre culture entre délire sexuel abusif (en ville, les signes en appelant au sexe nous envahissent littéralement le cerveau) et rejet exagéré de la réalité sexuelle (on ne vit pas dans une giga-partouze perpétuelle, les choses permises ou possibles sont même relativement restreintes). Le porno intervient ici comme défoulement psychique, pour équilibrer la différence de pression. Mais ce qui est excitant est souvent embarrassant, socialement. Rares sont ceux et celles qui ont envie d’assumer en plein jour ce qui les fait grimper aux rideaux, dans le privé.* On n’a pas forcément envie d’en parler avec nos partenaires sexuels. Domaine du privé, ce qui me fait mouiller. Car l’image que ça donne de moi est incompatible avec mon identité sociale quotidienne.
Nos fantaisies sexuelles parlent de nous, à la façon détournée des rêves. Elles ne disent rien sur ce que nous désirons voir arriver de facto. (…)
On demande trop souvent au porno d’être l’image du réel. Comme si ça n’était plus du cinéma. On reproche par exemple aux actrices de simuler le plaisir. Elles sont là pour ça, elles sont payées pour ça, elles ont appris à le faire. On ne demande pas à Britney Spears d’avoir envie de danser chaque soir qu’elle se produit sur scène. Elle est venue pour ça, on a payé pour voir, chacun fait son boulot et personne ne râle en sortant « je crois qu’elle a fait semblant ». Le porno devrait dire la vérité. Ce qu’on ne demande jamais au cinéma, technique de l’illusion par essence.
On demande précisément au X ce qu’on craint de lui : dire la vérité sur nos désirs. Je n’en sais rien, moi, du pourquoi c’est à ce point excitant de voir d’autres gens baiser en se disant des saloperies. Le fait est que ça marche. Mécanique. Le porno révèle crûment cet autre aspect de nous : le désir sexuel est une mécanique, guère compliquée à mettre en branle. Pourtant, ma libido est complexe, ce qu’elle dit de moi ne me fait pas forcément plaisir, ne cadre pas toujours avec ce que j’aimerais être.* Mais je peux préférer le savoir, plutôt que tourner la tête et dire le contraire de ce que je sais de moi, pour préserver une image sociale rassurante.
* C’est moi qui souligne
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Sa mouillure est intense et m’englue les doigts. Elle a sorti ma queue et
la pétrit avec la même ardeur que celle du mec qui se masturbe de l’autre côté de la cloison. Martine se shoote aux phéromones. Dans la grande salle carrelée aux urinoirs, c’est le ballet
incessant des hommes pressés, le chuintement des chasses d’eau, le battement des portes à double battant. Le mec d’à côté éjacule en silence, Martine me serre la queue. On attend encore quelques
instants pour se mettre à baiser pour de bon. On est debout, face à face, bouche contre bouche, ventre à ventre. Finalement, Martine enlève son slip et me repousse vers le siège. On prend notre
position habituelle. Elle s’encule d’autorité, elle est devenue homme-femme. Elle a l’orgasme laborieux. Quand c’est terminé, si elle est bien disposée, elle me donne en cadeau le spectacle d’un
étron tout frais. Avec un peu de chance, il sera strié de foutre encore chaud. Nous sortons des toilettes pour hommes, bras dessus, bras dessous, sous les regards jaloux des hommes debout, les
jambes légèrement écartées, devant les urinoirs.
je suis désolé pour Camille, mais je ne connais pas l'auteur du second dessin (
celui de la fellation) car je sais qu'il lui plaira sans doute. par contre, le dernier est une illustration de Jean-Marie Poumeyrol parue dans son premier album. Elle a pour titre
"Travestis" ( 54 X73 cm) et date du 26 octobre 1970
Il y a des nuits
d’été propices à l’amour sous la tonnelle. Des nuits où les vers luisants paradent dans l’herbe rase, des nuits où fanfaronnent les grillons et les grenouilles, des nuits au ciel constellé avec
parfois un orage qui gronde au loin, des nuits moites sans lune aucune, des nuits à la brise marine si légère qu’elle semble une vibration, des nuits de tendresse.
Je me fais bourdon
pour m’abreuver du pollen de sa fleur baveuse. Il n’y a pas besoin de fermer les yeux pour se croire au paradis. De sa fente pourpre, montent des parfums de miel. Elle mouille autant que je
bande. On s’embrasse, on se caresse, on se lèche, on se balance pendant qu’un crapaud lance la note claire de son chant amoureux, comme la ponctuation de notre sérénade sensuelle. La suite n’est
qu’affaire d’improvisation au gré des humeurs et des opportunités. On peut baiser furieusement appuyés contre la table en teck, tendrement crucifiés à l’armature en aluminium, les bras en l’air
et le ventre en feu, ou simplement emboîtés dans le nid de coussins de la balancelle qui tangue.

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