Mardi 14 avril 2009 2 14 /04 /Avr /2009 11:37

Baiser en voiture

 

Jean-Pierre se gare dans la cour au volant de son Alfa Roméo toute neuve, un bolide à deux places à l’avant et trois demi-places pour culs-de-jatte à l’arrière. Il n’est pas peu fier de railler ma vieille Safrane.

- Pourquoi tu gardes ça ? Tu te rends compte, elle a plus de douze ans, pas loin de 250.000 kilomètres ! Qu’est-ce que tu attends pour en changer ?

- C’est sentimental, tu ne peux pas comprendre !

- Ce que je comprends, c’est qu’elle fait facilement ses dix litres au cent !

Comment lui expliquer ?

Revenons onze ans en arrière, une journée d’automne sur une aire d’autoroute entre Nantes et Narbonne. Soir de pluie comme tant d’autres. On venait de dîner au Bœuf Jardinier et ma passagère, une cousine prénommée Pauline que je devais déposer à Carcassonne au passage – elle allait y retrouver des amis, je crois – y avait un peu abusé du saint-émilion. Nous avions pris la route dans l’après-midi et, pendant les premières heures, Pauline ne s’était guère montrée loquace, presque uniquement préoccupée de tripoter les touches de l’autoradio à la recherche de chansons à son goût. À table, elle avait déjà été plus causante. De retour dans la voiture, elle est devenue bavarde.

- C’est très joli le tableau de bord éclairé en orange. J’aime bien aussi le petit voyant bleu des feux de route. Oh ! On peut même afficher les températures en Fahrenheit ! Combien il fait là ? Soixante-dix degrés ! Waouh, c’est dingue ! J’en ai chaud partout ! Elle est pas mal du tout, ta bagnole, plutôt classe. Et c’est grand, on peut prendre ses aises… Tu vas rouler toute la nuit ? T’as pas peur de t’endormir ?

Mais je m’aperçois que je n’ai pas présenté Pauline. Elle avait trente-cinq ans je crois, était divorcée avec deux enfants, deux garçons de quatorze et douze ans, restés à Nantes chez leurs grands-parents. Nous étions cousins par alliance. Pauline ne mesurait guère plus d’un mètre cinquante et, malgré ses talons hauts, évitait de marcher aux côtés de mon mètre quatre-vingt-douze. Heureusement, dans la voiture, la position assise et la possibilité de régler la hauteur des sièges atténuaient la différence. Elle avait le visage vif, les yeux clairs et de belles lèvres parfois boudeuses.

- T’as vraiment pas peur d’avoir un coup de pompe ? Je ne te propose pas de prendre le volant, ta voiture est trop grosse pour moi… Je me sens comme une gamine là-dedans ! S’il te plaît, tu pourras t’arrêter à la prochaine aire, j’ai envie de faire pipi… Je suis un peu chiante, pas vrai ?

Je n’oublierai jamais le nom de l’aire de repos : « Le chant du coucou ». Ça ne s’invente pas. On en a bien rigolé après.

Il continuait de pleuvoir, régulièrement, avec obstination. Elle a couru sous l’averse, de la voiture aux toilettes. Retour précipité.

- Là-bas, c’est glacial ! Le royaume des courants d’air. En plus, je suis trempée ! Si ça ne te dérange pas, je vais m’installer à l’arrière.

Pauline s’est souplement faufilée entre nos deux sièges et allongée  sur la banquette.

- C’est super ! Il y a même un plaid… Et toi, t’as pas envie ?

J’ai remis le moteur en marche, les essuie-glaces, allumé les phares. La voiture a longé tout doucement une rangée d’énormes camions immobiles et un peu inquiétants. J’allais m’engager sur la bretelle menant à l’autoroute lorsque je me suis ravisé pour garer la voiture au bout du parking, non loin d’une aire de pique-nique avec des tables en bois et une poubelle. J’ai arrêté les essuie-glaces, éteint les phares et coupé le moteur. Il ne restait plus que la lumière de l’autoradio et les musiques de la nuit.

Au début, tout est allé pour le mieux, enfin presque. Mon transfert vers la banquette arrière ne s’est pas révélé des plus simples : je ne croyais pas le plafond si bas ! Mon crâne a violemment heurté le plafonnier : j’en étais quitte pour une belle égratignure, le plafonnier a volé en éclats. Cependant, j’ai trouvé Pauline dans d’excellentes dispositions, les seins à l’air et en petite culotte blanche. À l’issue de contorsions sans doute comiques, je suis parvenu à ôter chaussures et pantalon, à me débarrasser de mon pull-over et de ma chemise. Dans mes bras, Pauline n’était pas plus encombrante qu’une poupée grandeur nature, souple et docile. Les pieds sur la plage arrière, les mains sur mes cuisses, la tête en bas, le cul en l’air, elle m’a sucé la bite pendant que j’avais les lèvres sur son sexe et le nez entre ses fesses ouvertes. Au moment fatal, elle a sorti une capote de son sac à main.

- On est juste cousins, pas mari et femme ! Alors, prudence ! a-t-elle chuchoté en m’habillant la queue.

Mon dieu, quelle partie de baise ! J’ai carrément perdu les pédales. Son petit corps faisait merveille, coulissant, virevoltant et pistonnant sur l’axe de ma bite verticale.

- J’en avais tellement envie que je me serais tapée le levier de vitesses ! a-t-elle déclaré alors que je m’enfonçais en elle.

Ensuite, je ne me souviens pas de grand-chose. Ça a duré, duré… Ce n’est qu’aux premiers frissons frileux qu’on a arrêté. Les vitres étaient toutes humides de buée froide. Mais quand j’ai voulu remettre le moteur en marche, rien à faire : batterie à plat ! Il ne nous restait plus qu’à attendre le lever du jour. Alors, on s’est rhabillés comme on a pu, on s’est pelotonnés sous le plaid et on a essayé de dormir.

Au petit matin, d’autres mauvaises surprises m’attendaient. Dans le rétroviseur, j’ai vu qu’une trace de sang séché courait de mon front jusqu’au menton ; un des préservatifs, jeté négligemment sur le siège passager s’y était vidé de son contenu et le sperme encore poisseux avait imbibé le tissu du siège ; et quand nous sommes sortis de la voiture pour nous dégourdir les jambes, Pauline a remarqué d’autres éclaboussures de sperme frais sur les portières arrière – je me suis alors rappelé avoir cru entendre des bruits de pas pendant qu’elle avait les pieds sur les appuie-tête et que je lui tétais les seins.

Comble de malchance, on était un dimanche ! Trouver un garage ouvert relevait du miracle. Il a fallu faire appel à une dépanneuse qui a emporté la voiture jusqu’à une station service de l’autoroute où, en plus de la batterie, on m’a assuré qu’il fallait aussi changer une pièce pas plus grosse qu’une boîte d’allumettes mais bourrée d’électronique. Ils en avaient en stock, ça tombait bien !

On n’a repris la route que vers midi. J’avais laissé plus de trois mille francs dans l’aventure.

À l’arrivée à Narbonne, il a fallu expliquer la méchante plaie sur le front, le plafonnier cassé et surtout la tache tenace sur le siège passager, mais c’est une autre histoire.

 

© Michel Koppera, avril 2009

 

Deux dessins en N&B de Guillaume Berteloot ( extraites de Ketchup Boy ), + 2 illutrations couleur trouvées sur le net

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Lundi 13 avril 2009 1 13 /04 /Avr /2009 10:22


        Je ne pouvais laisser passer les fêtes pascales sans y mettre mon grain de sel. Alors, voici une nouvelle oeuvre aux murs du Musée Koppera. Il s'agit d'une "Vierge et l'Enfant" de Giovanni Bellini ( vers 1430-1516) On a déjà beaucoup écrit sur ce tableau. Tout y est si ambigu et troublant. Que dire du visage de la Vierge ? Que signifient ces paupières lourdes, ce regard perdu dans des pensées sans doute très éloignées du divin, cette bouche mi-boudeuse, mi-souriante et très sensuelle ? Et surtout, que dire de cette main droite ? Vient-elle de caresser le sexe de son enfant, ou va-t-elle le faire ? Car la question ne se pose pas de la nature du geste ! La seule question qui vaille est : est-ce avant ou après ? Quel est votre avis sur la question ?

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Samedi 11 avril 2009 6 11 /04 /Avr /2009 08:42

Baiser au théâtre

 

J’ai un ami, professeur de lettres classiques dans un lycée de province qui, depuis plus de sept années, fréquentait assidûment le théâtre de sa ville. Tous les ans, il prenait un abonnement pour la saison, ne ratait aucun spectacle et, devenu membre actif de l’animation culturelle de la municipalité, s’était vu attribuer au plus haut balcon une loge personnelle.

Aussi, il y a quelque temps, alors qu’il était venu me rendre visite à Paris, je voulus lui faire la surprise d’une représentation d’une pièce de Beckett mise en scène par un créateur new wave qualifié de génial par la critique et qui avait soulevé la polémique au dernier festival off d’Avignon.

Hélas, dès les premières répliques, mon ami donna les signes du plus profond ennui et ne tarda pas à s’assoupir. Il ne reprit ses esprits qu’aux applaudissements du baisser de rideau.

Dans le taxi qui nous ramenait, je me hasardai à lui demander ce qu’il avait pensé de la pièce.

- Tu vas rire, me dit-il très calmement, mais je n’aime pas le théâtre. Je peux même t’avouer que j’ai toujours détesté ça.

Et il commença à me raconter dans les moindres détails une banale et sordide histoire d’adultère. La femme infidèle était l’épouse d’un de ses collègues professeur de physique-chimie, genre brut de décoffrage, dont les passe-temps favoris étaient la culture des cucurbitacées et le modélisme nautique. Il passait donc le plus clair de son temps libre soit dans son jardin, soit dans son atelier à peaufiner des maquettes de paquebots transatlantiques, jusque tard dans la nuit, au grand désespoir de sa femme qui se languissait seule en regardant les programmes d’Arte.

- Le plus comique dans l’histoire, c’est que c’est son mari lui-même qui est venu me demander si je voulais bien servir de chevalier servant à Béatrice – c’est comme ça qu’elle s’appelait. Elle aimait les musées, les films d’art et essai et bien sûr le théâtre. Alors, il avait pensé à moi.

Dans les premiers temps, ils étaient allés ensemble au vernissage d’artistes locaux, avaient vu quelques films japonais sous-titrés, jusqu’au soir où ils avaient assisté à une représentation de Caligula d’Albert Camus. Béatrice en avait été bouleversée, au point de se laisser prendre la main et caresser les cuisses au quatrième acte. Malheureusement, ils étaient assis au parterre et n’avaient pu pousser plus avant.

Aussi, dès le spectacle suivant, une pièce de Courteline dont il avait oublié le titre, mon ami avait loué une loge, celle-là même qui lui était désormais régulièrement attribuée.

- C’est un théâtre à l’italienne. J’ai choisi une loge de la galerie la plus haute, juste dans l’axe de la scène, bien à l’abri des regards. À chaque fois, je réserve les quatre places.

Béatrice avait quarante-quatre ans et occupait le poste de secrétaire de direction dans une collectivité locale. Il me la décrivit comme une femme sensuelle, sans fausse pudeur. Elle était selon ses dires plutôt jolie, brune aux yeux noisette, mais il ne put m’en apprendre davantage.

 Ils ne se rencontraient qu’au théâtre, c'est-à-dire une dizaine de fois par an. Pour la soirée, Béatrice portait toujours une jupe cloche, assez ample et donc facile à relever ; lui, venait en pantalon de tergal, sans ceinture, ni caleçon dessous, si bien qu’un simple zip de la fermeture Eclair suffisait pour lui mettre bite et couilles à l’air. Ils prenaient place dans les deux fauteuils du fond, les plus éloignés de la lumière. Au premier acte, ils se prenaient la main, puis Béatrice s’emparait de sa queue raide tandis qu’il lui caressait la chatte, car elle prenait soin de venir sans culotte. Au second acte, elle le suçait ; ensuite, au troisième, c’était lui qui s’agenouillait entre les cuisses ouvertes de Béatrice, glissait sa tête sous la jupe relevée et lui léchait la chatte, vulve et clitoris. À l’entracte, ils s’offraient un rafraîchissement au bar et discutaient de la pièce avec des connaissances.

- C’est difficile à croire, mais tout en me suçant, Béatrice arrive à suivre la pièce : elle est capable de commenter le jeu des acteurs, de raconter l’intrigue et même de se souvenir, mot pour mot, de certaines répliques.

À la reprise, ils baisaient pour de bon. Tournée vers la scène, elle s’asseyait sur lui. Elle prenait appui sur le dossier du fauteuil de devant et remuait doucement le cul. Ils n’avaient jamais baisé autrement. Il connaissait son arrière-train sur le bout des doigts, du satiné de son entrefesses jusqu’au velouté de sa chute de reins. Je n’osai lui demander si dans cette position favorable il l’avait enculée, mais je ne pense pas. Mon ami était trop conventionnel pour cela. Béatrice jouissait pendant les applaudissements et les rires. Elle avait le truc pour ça : elle impulsait à son vagin de puissantes contractions, aspirait la bite au plus profond, pressait les couilles de mon ami contre son clitoris, alors l’orgasme venait.

Il se retenait de décharger, de crainte de laisser des pièces à conviction sur le velours rouge des fauteuils. Mais il lui arrivait de se laisser aller pendant le salut final, juste avant le retour des lumières dans la salle.

- Tu te rends compte, ça va faire sept ans qu’on baise et on ne s’est jamais embrassés ! m’avoua-t-il avant de reprendre le train. Je connais le goût de sa chatte, pas celui de ses lèvres. Et je ne te parle pas de ses seins que je n’ai jamais vus !

- Est-ce que tu l’aimes au moins ?

- Pas plus que Titus n’aimait Bérénice.

Hier, j’ai entendu à la radio que le théâtre de cette ville avait été partiellement dévasté par un incendie, sans doute d’origine criminelle, et que les travaux de restauration devraient durer au moins deux ans.

 

© Michel Koppera, avril 2009


 
  Trois dessins sont de Varenne. Quant au quatrième ( la queue en main) j'ignore le nom de son auteur.

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Vendredi 10 avril 2009 5 10 /04 /Avr /2009 11:10


En 2008, les éditions L'ATALANTE ont sorti une BD intitulée "Ketchup Boy." Le scénario  est de Gilles Poussin, les dessins de Guillaume Berteloot. C'est l'histoire d'un jeune Nantais, Lucien Bastardi, dit Ketchup Boy pour la couleur de ses cheveux, qui à la fin des années 70 n'a qu'une passion la musique et veut monter un groupe de rock. L'album donne une image juste de l'époque, un brin nostalgique.
Les dessins sont de Berteloot. Mais comme "Napoléon pointait sous Bonaparte", quand Berteloot dessine, Hugdebert n'est jamais très loin. Alors, au fil des pages, il y a quelques vignettes où l'on retrouve l'érotisme de Hugdebert. C'est pourquoi, je vous recommande fortement la lecture de cette B.D qui vous plongera dans l'univers musical de la fin des années 1970. Un vrai bonheur !
Voici donc quelques vignettes "suggestives" de l'album...


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Jeudi 9 avril 2009 4 09 /04 /Avr /2009 09:01

Baiser à l’hôtel

 

Comme tous les soirs, de retour du travail, j’ouvre notre boîte mail.

- Valérie, tu te souviens de Stéphane ? Il vient de s’installer à Barcelone, avec une certaine Carmela… Ils vont fêter ça, dans deux semaines… On est invités. Qu’est-ce que tu en dis ?

Valérie est déjà derrière moi, la main sur mon épaule, à relire le mail. Puis, elle file consulter son agenda, plus précisément le petit calendrier où, chaque mois, elle marque scrupuleusement d’une croix rouge les cinq jours de ses règles. Elle réfléchit.

- C’est possible… On dormira à l’hôtel ?

Ce n’est pas une question, mais un souhait. Elle sait qu’il y a près de neuf cents kilomètres de route. Certes, on pourrait faire ça d’une traite, avec juste quelques haltes sur des aires d’autoroute, mais…

C’est Valérie qui se charge de la réservation. Mieux vaut être prévoyant : ce sera un week-end de printemps propice aux visites familiales et transhumances balnéaires. Souvent, elle nous choisit un hôtel en bordure de rocade, au cœur d’une zone commerciale où les parkings sont vastes, le confort des chambres formaté et sans surprise ; parfois, elle opte pour un hôtel de centre ville, au mobilier plus rustique, mais aux chambres spacieuses avec de hauts plafonds et d’épais rideaux de velours cramoisi.

Le jour du départ, Valérie joint à son sac de voyage un vanity-case de couleur rouge, à serrure codée, qu’elle ne dépose pas dans le coffre mais à ses pieds, devant son siège.

Les kilomètres et les paysages défilent…

Au coucher du soleil, elle me guide dans un dédale de voies à sens unique, de ronds points entourés de forêts de panneaux indicateurs, puis elle aperçoit enfin l’enseigne lumineuse de l’hôtel d’un vert fluorescent et elle sourit.. Car l’hôtel ce n’est pas seulement une nuit de sommeil, c’est aussi un dîner en tête à tête, un petit déjeuner copieux, un lit qu’on laissera défait…

À peine dans la chambre, Valérie se précipite aux toilettes. Soulagée, elle inspecte les placards vides où pendouillent trois cintres, ouvre les tiroirs des chevets, allume toutes les lumières, met la télé en marche, se vautre sur le lit dont elle vérifie le moelleux et le silence en y dansant comme sur un trampoline… Par la fenêtre entrouverte, on entend le grondement sourd et continu de l’autoroute où passent des camions.

Puis, soudain, Valérie s’empare de son vanity-case à serrure codée et passe dans la salle de bains. Je somnole devant les infos régionales où il se passe des événements étranges dans des villes dont j’ignorais l’existence et où des gens parlent de choses graves avec un accent exotique. Je finis par m’assoupir et reprendre la route en rêve.

- On va manger ? Je suis prête !

Où avait-elle caché cette adorable petite robe noire que je ne lui ai jamais vue ? Et ces bas soyeux, ces jolies chaussures ? Elle est maquillée aussi, avec des lèvres appétissantes et des yeux de velours.

- T’as pas faim ? insiste-t-elle.

De quoi parle-t-elle ? De steak-frites ou de son cul ? Les deux mon capitaine ! La salle du restaurant est à moitié vide. Deux familles intimidées, quelques couples et des hommes seuls en costume cravate.

À table, Valérie commence par prendre un Martini, puis se gave à loisir de crudités au buffet des entrées. Elle enchaîne avec l’andouillette du chef et sa garniture de saison, boit deux verres de beaujolais, retourne au buffet pour les desserts et termine par un expresso et son petit chocolat noir. Des hommes en costume cravate n’arrêtent pas de lui reluquer les cuisses… Sur le parking, elle fume une dernière cigarette avant de regagner la chambre.

De son vanity-case rouge à serrure codée, Valérie extrait un tube de gel superlubrifiant, une boîte de capotes spécial exciting et un petit œuf vibrant à piles rose-bonbon. La voilà bientôt qui prend des poses lascives au bord du lit, en face du grand miroir mural placé là par bonheur. Son reflet ne lui ressemble pas. À l’hôtel, Valérie est une autre femme ; nous faisons des choses inconvenantes. On entend les ébats des autres couples dans les chambres contiguës, on guette malgré nous le grincement des sommiers malmenés, les halètements des femmes possédées, les rugissements des hommes en rut, le chant des robinets…. Valérie demande que je l’encule, elle y prend même du plaisir. À l’hôtel, elle a le trou du cul plus souple, plus détendu que d’ordinaire. On jouit comme ça plusieurs fois dans la nuit. Et, à chaque fois, on entend les voisins qui se reprennent aussi.

Le lendemain matin, au petit déjeuner, on observe du coin de l’œil les couples attablés et on tente de les reconnaître. Et si c’était cette grosse dame blonde dont les orgasmes à répétition faisaient trembler les rideaux ? Ou peut-être ce jeune couple là-bas, avec leurs deux enfants, aux gestes dociles ? On nous regarde aussi, à la dérobée.

Valérie a refermé son vanity-case rouge et verrouillé la serrure codée. Elle emporte en souvenir les mini savonnettes, un flacon de shampoing et une petite serviette éponge blanche empesée de foutre.

 

© Michel Koppera, avril 2009

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Mercredi 8 avril 2009 3 08 /04 /Avr /2009 08:58

 Avant d'en revenir à des choses plus "légères", commençons pour une fois par être très sérieux. " La société du spectacle" de Guy Debord, débute par ce paragraphe :
" Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce comme une immense accumulation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans une représentation."
Dire que ces lignes datent de 1967, à une époque où il n'y avait en France qu'une seule châine de télé ( en noir et blanc), où il fallait plus d'un an pour se faire installer une ligne téléphonique. C'est peu de dire que Debord fut vraiment un devin. Il avait déjà tout compris de notre présent..

Revenons donc à nos légèretés érotiques.
Aujourd'hui, aux cimaises du Musée Koppera, deux dessins de Roland Topor. Recto- Verso. Le recto a pour titre "Un bon petit diable", et date de 1977, le verso "Happy end" de 1977 lui aussi. J'ai toujours aimé les dessins de Topor. Ils ne sont pas à proprement parler excitants, au contraire, il sont souvent dérangeants et parfois cruels. Mais il me semble que chaque dessin nous délivre un message plus essentiel qu'il n'y paraît. À vous d'en juger.

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Lundi 6 avril 2009 1 06 /04 /Avr /2009 09:58

Je vous invite à suivre quasiment en direct, pendant plusieurs mois, l'écriture d'un livre que j'ai provisoirement  intitulé "Baiser". Il s'agit de constituer un recueil d'une cinquantaine de petits textes sur le thème de la baise en divers lieux, partout sauf dans la chambre à coucher habituelle. 
Voici le premier de ces textes qui a pour titre " Baiser dans la cusine". Je le dédie tout particulièrement à Marie-Souillon, créateur du blog " Tabliers, blouses et torchons de cuisine" dont je vous recommande la visite. ( voir mes liens )
Bien entendu, j'attends vos remarques, propositions et critiques sur ce projet. C'est parti !
( Les illustrations de ce texte sont d'abord deux tableaux de Fernando BOTERO. Le premier s'appelle " Table de cuisine" et date de 1970 ; le second, "La servante" est de 1974. Quant à la photo, je l'ai trouvée sur le net.) 

Baiser dans la cuisine

 

Baiser dans la cuisine ne se programme pas. Le désir monte brutalement, sans prévenir, comme le lait qui se met à bouillir et déborde de la casserole laissée sur le feu quelques instants sans surveillance.

J’ai un ami que le simple grésillement d’une noix de beurre fondant dans une poêle rendit lubrique ; quant à sa compagne, elle fut un jour saisie de fureur utérine à la vue d’un oignon piqué de clous de girofle.

Cette année, l’hiver fut particulièrement rigoureux, propice aux potées, blanquettes et autres tajines. Pas plus tard que samedi dernier, c’était journée pot-au-feu. Déjà, plonger les morceaux de plat de côtes, de jarret et de joue de bœuf dans la marmite se révéla bien excitant… Et puis, vint le moment du bouquet garni : la branche de thym, les feuilles de laurier, le persil – du géant d’Italie, surtout pas du frisé qui n’a aucun goût ! – et du cerfeuil. Je rassemble le tout en un petit fagot que j’entoure de ficelle :

- Chérie, tu peux m’aider, s’il te plaît, et mettre ton doigt sur le nœud ?

Elle pose son index sur la ficelle qu’elle bloque pendant que je consolide le nœud d’une double boucle. Nos peaux s’effleurent. Nous sommes face à face. Entre nous, montent les  odeurs mêlées du thym, du laurier, du persil et surtout du cerfeuil dont la ficelle vient de broyer une tige.

Ce qu’il y a d’intéressant avec le pot-au-feu, c’est qu’il n’a besoin que de peu de surveillance, juste d’être écumé de temps à autre, entre deux orgasmes. Ça mijote pendant deux à trois heures, à feu doux.

L’idée de baiser pendant la cuisson d’un steak ou d’un œuf au plat relève de l’utopie, à moins bien sûr d’être éjaculateur très précoce, syndrome plus répandu qu’on ne croit en ces temps de fast-food. Néanmoins, la cuisson al dente des spaghettis semble une durée raisonnable pour un simple coït culinaire.

Le pot-au-feu offre également l’avantage – pour peu qu’on ait oublié de mettre la hotte aspirante en marche – de diffuser dans la cuisine un nuage de vapeur odorante qui embrume les fenêtres et transforme opportunément la pièce close en sauna domestique qui invite à la nudité. Je goûte au condiment de ses lèvres, ses seins se font pomelos, sa chatte ramboutan. Elle ne garde que son tablier, je la baise le torchon sur l’épaule. Entre la table de cuisson et les éviers, le plan de travail n’a jamais si bien porté son nom. Sa hauteur semble avoir été calculée pour le confort des accouplements : nul besoin de fléchir les genoux, ni de se hisser sur la pointe des pieds. Elle s’installe, les cuisses ouvertes, le cul bien calé entre la cafetière électrique et une corbeille de pommes golden, un pied appuyé sur une chaise laquée de blanc, et nous nous chevillons l’un à l’autre. Le hublot rectangulaire du four fait office de miroir et nous renvoie l’image dédoublée de nos corps encastrés. Les odeurs, le chant de la marmite, la chaleur moite du bouillon excitent notre ardeur. Des gouttes de vapeur et de sueur mêlées perlent sur les aréoles de ses seins ; une rosée d’aromates s’accroche aux touffes de poils de ses aisselles et de sa chatte ; leur saveur est sans pareille.

Ondulant vigoureusement du bassin, mon épouse lâche un petit jet de vapeur qui m’avertit de l’imminence de son orgasme et donc de l’urgence absolue de lui éjaculer au plus profond du vagin.

- Attention, ça va déborder ! dit-elle quelques instants plus tard en refermant ses cuisses.

Ce n’est pas de mon sperme qu’elle parle, mais de l’écume jaune qui soulève le couvercle de la marmite et menace de se répandre sur la table de cuisson en vitrocéramique, récemment achetée à crédit et déjà maculée de traces douteuses.

L’arrivée trop matinale de nos invités – ma sœur accompagnée de son énième grand amour – nous priva d’une seconde étreinte. Ce ne fut qu’au moment de servir le pot-au-feu que je réalisai à quel point la puissance érogène du bouquet garni était redoutable : nous avions complètement oublié de saler l’eau de cuisson.  

© Michel Koppera, avril 2009


  

 

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Samedi 4 avril 2009 6 04 /04 /Avr /2009 15:21

Dans le tome II de « Ma Vie Secrète » , édité aux Editions La Musardine dans la collection Lectures amoureuses (2007), Walter, le narrateur, se livre de temps à autre à des considérations presque philosophiques sur ses aventures et plus particulièrement sur la relation hommes-femmes. Voici ce qu’il écrit au début du chapitre 12, pages 195-197 :

 

«  J’eus de bonne heure le goût des formes féminines. Le visage avait évidemment pour moi l’attraction ordinaire, car la beauté de l’expression parle en premier à l’âme de l’homme. Les yeux d’une femme lui parlent avant qu’elle ouvre sa bouche, et instinctivement (car la connaissance véritable lui vient seulement dans ses années de maturité), il lit en eux, l’inclination, le dégoût, l’indifférence, la sensualité, le désir, l’abandon voluptueux, ou la luxure farouche et téméraire.

Tous ces sentiments peuvent être vus dans les seuls yeux d’une femme, car ils expriment et provoquent chaque sentiment, chaque passion, chaste ou sensuelle.* Ils peuvent susciter chez l’homme l’amour chaste, comme on l’appelle, qui est considéré tel jusqu’à ce que l’expérience enseigne que, quelque chaste qu’il puisse être, il ne peut exister sans le secours occasionnel d’une queue raide et brûlante, palpitante, dans un con chaud, largement distendu, et une décharge simultanée des sucs spermatiques des deux organes.* Le reste du corps d’une femme, les seins et les membres, peut exciter la luxure non accompagnée par l’amour et, dès que commence l’admiration pour eux, la luxure suit instantanément. Un petit pied, une jambe et une cuisse rondes, dodues, et un gras postérieur parlent directement à la queue. Les formes sont en fait plus attrayantes pour la plupart, et créent chez l’homme des années de maturité un attachement plus durable que le plus charmant visage Une femme laide avec un beau cul et de belles jambes, et des seins fermes et pleins, attirera un homme ( à moins que son con soit une affreuse balafre), où la demoiselle au plus mignon visage échouera *. Peu d’hommes, à moins que leur ventre ne soit gros, ou qu’ils ne soient très vieux, s’attacheront longtemps à une dame osseuse dont les fesses maigres peuvent tenir dans la main. J’eus tôt le goût des formes féminines, un goût né avec moi. Même petit garçon, je choisissais des partenaires pour danser parce qu’elles étaient ce que j’appelais « pleines de mie », et j’admirai même une fois une femme entre deux âges qui nous vendait de gros bonbons à la menthe, parce que je l’avais surprise exhibant ses grosses jambes en s’accroupissant pour pisser. »

 

* C’est moi qui souligne et qui mets en caractères gras

 

Certes ces mots datent de plus d’un siècle, mais cette analyse du  rapport au corps de l’autre est intéressante. Qu’est-ce que la beauté ? Est-elle le moteur du désir ? Walter répond presque catégoriquement par non, et je ne suis pas loin de partager son point de vue !

 

 

La photo est une image porno des années 20. Quant aux deux dessins, le premier est signé Nato, le second Marcel Vertès

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Vendredi 3 avril 2009 5 03 /04 /Avr /2009 17:57

Le recueil de Juan Manuel de Prada s'ouvre avec un texte intitulé " Les hérauts du con",  texte à la gloire des touffes de poils sous les aisselles. Le texte est absolument délicieux. je ne résiste pas au plaisir de vous en livrer quelques passages et ne saurais que vous recommander encore une fois la lecture de cet ouvrage remarquable.
La photographie d'Elizabeth Jagger est parue dans un article de Nouvel Observateur du 19 avril 2007, article intitulé " La revanche des poilues". De l'auteur de ce cliché je n'ai que les initiales : D.R
J'ai trouvé la seconde photo (photomontage assez réussi) au fil d'un vagabondage sur le net
.

Les hérauts du con

« L’an court et les traits de Noria se brouillent, jusqu’à ce que seuls survivent le triangle isocèle que forme son pubis et la selve de ses aisselles, qu’elle ne rase jamais. ( …) La chaleur étouffante de l’été fait suffoquer Noria et l’engage à sortir presque nue dans la rue, avec une petite robe à fleurs et à bretelles qui laisse à découvert un bon morceau de dos au naturel, une large surface de peau que mes mains caresseraient volontiers, si elles osaient. (…)
 J’attends le moment où, tendant ses bras de porcelaine, elle me saisira par les épaules pour me donner deux baisers chastes, un  sur chaque joue. Alors, j’en profiterai pour couler un regard sur ses aisselles, sur ces deux panaches de poils que Noria  porte toujours sur elle, et je verrai en eux, les hérauts du con (celui de Noria, qui m’a toujours été interdit), ou des cons excédentaires qui, à défaut de place entre les jambes, sont venus se loger à l’ombre des bras, dans une attente vigilante qui portera quelque jour ses fruits et les rendra à l’endroit auquel ils appartiennent. Quand Noria ne sait plus où elle en est, ses aisselles, mystérieuses sous tout le poil qu’elles exhibent, me clignent de l’œil, de leur œil aveugle, avec des paupières moroses qui se ferment pour montrer une frange de cils d’une épaisseur invraisemblable (…) Noria s’éloigne dans une chaleur pacifiée, paraît se fondre sous le soleil, avec sa petite robe à bretelles dont la transparence révèle une culotte inexistante, et le feuillage épais de ses aisselles forme un triangle isocèle avec le con pour sommet. »


Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mercredi 1 avril 2009 3 01 /04 /Avr /2009 14:42


Dernier numéro du magazine paru au printemps 1986. pourtant, rien ne laissait présager le "chant du cygne". Le numéro 30 est même paradoxalement très riche. Je ne sais pas quelles sont les causes exactes de la "mort" de Fascination. Peut-être a-t-il été victime de son austérité( à l'exception des pages de couverture, tous les documents étaient en noir et blanc ), mais ce n'est qu'une hypothèse. Si quelqu'un peut me renseigner, qu'il n'hésite pas.
Restent les documents que je vous ai sélectionnés dans ce numéro 30 très riche
1) À propos d'un article consacré à un roman de Jean-Claude Forest, une image extraite d'une BD " La Jonque fantôme vue de l'orchestre" parue chez
Casterman en 1981

2 ) Un dessin toujours de J.C Forest extrait de "Louise Rose", BD inachevée dont quelques images furent réunies chez Futuropolis et Kesserling en 1982 ( notez au passage, pour les amateurs de généreuses pilosités pubiennes dont je m'honore de faire partie, la touffe débordante de la dame en petite tenue )

3) Une photo d'une des filles du Bataclan, ( 1906) , figurantes du theâtre érotique anonymes, prises dans les coulisses... La femme est majestueusement belle, la pose lascive ... Pas plus de commentaire, l'image se suffit à elle-même.

4) Une belle photo porno de la "belle époque". le mec bande, la femme a une belle chatte. Ils s'embrassent... Le jeu de langues semble spontané. Elle lui tient délicatement la bite, elle a les cuisses légèrement écartées : ils sont excités, l'un comme l'autre. Ils vont baisser, sans aucun doute !

5) Dossier : "L'amour en noir et blanc". Dessin raciste et xénophobe de K. Sohr, publié en Allemagne pendant la guerre 14-18. Marianne, cette dévergondée, se laisse peloter et sans doute baiser par ce tirailleur africain !

6) Illustration anonyme pour " Une jeune fille à la page " ( roman d'Héléna Varley , 1938 ). La dite jeune fille se fait somptueusement enculer par un black, et elle semble s'y prêter avec complaisance.

7) Trio bicolore: Illustration de Luc Lafnet ( pseudo : Grim) pour une édition clandestine des " Stations de l'amour". La femme noire se fait lécher la chatte pendant qu'elle suce monsieur. La femme blanche en est réduite à se branler... Mon dieu, mon dieu ! C'est le monde à l'envers !


Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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