Dimanche 23 novembre 2008 7 23 /11 /Nov /2008 16:32

Publiés en 1981 aux Presses de la Cité, les « Mémoires intimes » de Georges Simenon, véritable pavé de 750 pages provoquèrent un grand émoi dans le monde littéraire. On y apprenait en effet que le « père » de Maigret avait eu une vie privée des plus mouvementées, mais surtout qu’il avait « souffert » d’une libido exacerbée, et que ces constants et impérieux besoins de femme l’avaient amené à « consommer » (c’est le mot qui convient ) des milliers de concubines ( amies, voisines, servantes et un nombre incalculable de prostituées…) Voici deux passages.

1) Montréal. ( vers 1945) Avec D.

« La jeune bonne couche dans une petite chambre près de la cuisine. Un soir que nous rentrons du cinéma, nous trouvons sa porte ouverte, et elle, entièrement nue, sur son lit. Elle feint de ne pas nous voir mais, le temps de nous diriger vers l’escalier, elle porte la main à son sexe pour se caresser.

- Tu as vu ?

- Oui.

- Tu n’as pas envie de descendre ?

- Non.

Cela l’excite et elle fait l’amour comme à New York, les yeux révulsés, sans crier cependant… »

 

2) Cuba. ( 1947 )

Un après-midi, D. et moi décidons de visiter une des trois maisons de rendez-vous. Avons-nous bu quelques daïkiris ? Peut-être. D., fort à son aise, regarde avec admiration une grande fille du plus beau noir au corps nu sans défaut.

- Pourquoi ne couches-tu pas avec elle ?

- Et pourquoi pas ?

J’ignorais que D. serait présente et ne se contenterait pas du rôle de spectatrice.

Quelques jours plus tard, elle me parle d’une autre maison fort prisée des Américains que notre directeur d’hôtel nous a recommandée. Nous nous y rendons. C’est moins élégant que la première, mais plus vivant, plus animé, et des couples boivent et bavardent dans le patio.

 

Nous choisissons deux jeunes femmes, une blonde venue de je ne sais où, et une mulâtresse belle et lascive. Dans le patio, nous buvons avec elles, puis elles nous emmènent dans une chambre où nous allons passer près de deux heures. D. y prend un tel plaisir que nous y retournons deux fois, trois fois, davantage encore, et que la blonde nous remettra en rougissant une photographie d’elle, grand format, sans voiles, qu’elle nous dédicace à tous les deux.

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Vendredi 21 novembre 2008 5 21 /11 /Nov /2008 08:40

Le grand dossier de ce numéro 22 était consacré au cunnilinctus ( à la minette, au broutage de chatte...) Thème très apprécié des illustrateurs et des écrivains.

En attendant, voici deux illustrations gentiment "sado-maso" de Hérouard, spécialiste des scènes de fouet et autres chats à neuf queues...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Mais venons-en au plat de résistance :

1° Dessin de Marcel Vertès( minette black and white) pour illustrer un recueil de poèmes de P. Louÿs, Pybrac ( 1928)

 

2° Une belle photo 1900 de saphisme. Admirez la superbe croupe de la femme qui lèche ainsi que la tendresse de la main de la sucée sur la tête de la suceuse, et son regard reconnaissant...

3° Dessin de Anfré Collot ( fin des années 1920) La soubrette au service de sa maîtresse.

4° Illustration anonyme pour "L'ode au vagin" (1906). Notez encore le visage ravi de la sucée ainsi que sa main sur la chevelure gominée de son suceur-servant.

5° Partie de campagne. Dessin de Paul-Emile Bécat paru en 1932.

6° Jaquette pour une B.D de Gérard Puisset ayant pour titre " Le talon qui tue ou les gants propres"

 

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Dimanche 16 novembre 2008 7 16 /11 /Nov /2008 18:44

Extrait des mémoires de Jacques Casanova de Seingalt ( 1725-1798). Le passage qui va suivre se trouve au début du chapitre « La Dubois », jeune femme de 25 ans qui fut la gouvernante puis la maîtresse de Casanova en 1760. Dans l’extrait, Casanova se retrouve à Berne en compagnie de trois femmes ( la Dubois, sa bonne et deux Suissesses ) pour une « partie carrée ».

 

« Nous nous enfermâmes tous les quatre dans le bain.

Dès que je fus déshabillé, j’entrai dans l’eau avec ma robuste Suissesse. Ma bonne allait lentement : la nouveauté l’étonnait, et quelque chose dans sa mine annonçait le repentir de s’être engagée si avant ; mais, faisant bonne contenance, elle se mit à rire en me voyant frotter d’importance par mon grenadier féminin. Elle eut quelque peine à de défaire de sa chemise ; mais, comme il n’y a que le premier pas qui coûte, une honte ayant vaincu l’autre, elle la laissa tomber, et, malgré ses deux mains, elle m’étala comme malgré elle toute la beauté de ses formes. Sa servante se préparait à la traiter comme je l’avais été la veille, mais elle la pria de la laisser tranquille ; et, l’ayant imitée en revoyant la mienne, il fallut bien qu’elle se décidât à se laisser servir par moi.

Les deux Suissesses, qui sans doute s’étaient souvent trouvées en pareille situation, se mirent en devoir de nous donner un spectacle qui m’était bien connu, mais qui était tout à fait étranger à ma chère Dubois.

Ces deux bacchantes commencèrent à imiter les caresses que je faisais à ma bonne, tandis que celle-ci ne pouvait revenir de sa surprise en voyant la fureur avec laquelle ma servante jouait le rôle d’homme auprès de la sienne. J’avoue que j’en étais un peu étonné moi-même, malgré les transports que ma belle religieuse de Venise m’avait fait voir six ans auparavant avec ma belle C.C.

Je n’aurais jamais pu croire que quelque chose de ce genre eût pu me distraire, ayant entre mes bras pour la première fois une femme que j’aimais et qui possédait tous les charmes qui peuvent captiver tous les sens ; mais l’étrange lutte de ces deux jeunes ménades l’occupait comme moi.

«  Il faut, me dit la bonne, que la fille que vous avez prise soit un garçon.

- Mais, ma chère, dis-je, vous avez vu sa gorge et ses formes ?

- Oui, mais cela n’empêche pas. »

Ma grosse Suissesse qui l’avait entendue, se retourna, et me fit voir une chose que j’aurais crue impossible. Cependant je ne pouvais m’y méprendre ; c’était bien une membrane féminine, mais beaucoup plus longue que mon petit doigt et d’une raideur capable de pénétrer. J’expliquai à ma chère Dubois ce que c’était ; mais, pour la convaincre, je fus obligé de le lui faire toucher. L’insolente créature poussa le dévergondage jusqu’à lui offrir d’en faire l’essai sur elle, et elle y mettait une insistance si passionnée, que je fus obligé de la repousser. Se retournant alors vers sa compagne, elle assouvit sur elle sa lubrique fureur. Cette vue, malgré ce qu’elle pouvait avoir de dégoûtant, nous irrita si fort, que ma bonne, cédant à la nature, m’accorda tout ce que je pouvais désirer.

Cette fête dura deux heures, et nous fit rentrer en ville très contents l’un de l’autre. » 


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Vendredi 14 novembre 2008 5 14 /11 /Nov /2008 09:20

 La forme poétique du blason fut inventée par Clément Marot au 16ème siècle, bientôt suivie de son opposé, le contre-blason. Il s’agissait avant tout de célébrer la beauté de la femme dans la fleur de l’âge ou, dans le contre-blason, de mettre l’accent sur la laideur de ses appas perdus avec la vieillesse. Voici donc ma petite contribution personnelle, et bien modeste…

 

Sonnet : Blason « Le con fleuri »

 

Amie, quand reverrai-je, hélas            

De ton con l’épaisse pelisse,

Les abords de ta vulve grasse

Sous la pâleur du clitoris,

 

Les poils de ta chatte angora,

Ta fente, velue à l’extrême,

Dont ma lèvre savourera

Le parfum que le désir sème ?

 

Je caresserai des deux mains

La pointe dure de tes seins,

Ta touffe noire d’anthracite.

 

Et ton cul poilu qui m’excite,

Grand ouvert à tous mes desseins,

Me livrera sa fleur presbyte.

 
Pour illustrer ce blason, il fallait un maître, ce sera évidemment Hugdebert

 

Sonnet : Contre-blason « Le con fané »

 

Me sera-t-il un jour permis,

Toute virilité perdue,

De contempler au bord d’un lit

Votre corps, nu, sans retenue ?

 

Vous aurez la touffe chenue,

Le ventre de désir meurtri,

La vulve trop large et lippue

Et le trou du cul flétri.

 

Je pétrirai vos seins pendants

Jadis si fermes et bandants.

Et sur votre con poivre et sel,

 

Je poserai mes doigts crochus,

Fouillant dans le bosquet fourchu

Où suinte encor un peu de fiel.


Pour l'illsutration de ce contre-blason, j'ai déniché sur internet cette oeuvre de Cindy Sherman... Accrochez-vous !
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Mercredi 12 novembre 2008 3 12 /11 /Nov /2008 16:51


Devant cette photo de Bernadette Soubirous, je n'ai pu résister à la tentation de me livrer à ce petit montage sacrilège. Il faut dire qu'en matière de pornographie athée, j'ai de glorieux aînés, tels Félicien Rops ( 1833-1926)   qui avait compris combien la mystique religieuse était de l'ordre du sexuel. Je vous avais déjà présenté une gravure de Rops avec le numéro 7 de la revue Fascination. En voici deux nouvelles, très explicites, ( Saint-Marie Madeleine et l'Idole) reproduites dans l'excellent album paru chez Henri Veyrier en 1975 et intitulé tout simplement " Félicien Rops"

 

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Mardi 11 novembre 2008 2 11 /11 /Nov /2008 17:09

Signé Andrea de Nerciat ( 1739-1800),  « Félicia ou mes fredaines » est paru pour la première fois en 1776. Cela raconte les aventures amoureuses de Félicia qui collectionne les amants. L’extrait que je vous propose est tiré de la réédition parue dans la collection «  Les classiques interdits » ( J.C Lattès) en 1979, avec une préface de Maurice Chapelan.

 

Fin du chapitre 21 de la deuxième partie. Félicia, la narratrice, se trouve en compagnie de son nouvel amant à un souper qui, le vin aidant, tourne à l’orgie. Ici, pas de termes crus, tout est dans l’allusion, la périphrase ou la métaphore. Bref, on baise à chatte-bitte que veux-tu, mais on reste dans le langage châtié !

 

« L’Italienne, voyant son époux hors d’état de veiller sur sa conduite, acheva de s’échauffer la tête, et se rendant on ne peut pas plus facile, elle commença la première à donner lieu aux folies excessives qui suivirent le repas.


Déjà les mains avaient beaucoup trotté, déjà les bouches et les tétons avaient essuyé mains hoquets amoureux, quand on se leva de table. On y laissa les deux Italiens, qui ne voulurent point la quitter. Le peu de signes de vie qu’ils donnaient encore n’était que pour demander à boire et pour jurer qu’ils ne bougeraient point de là tant qu’il y aurait une goutte de vin dans la maison. La signora Camilla garda son ivrogne de père et fit demeurer un valet pour le secourir en cas d’accident. Tout le reste de la compagnie, à l’exception du chevalier qui venait de disparaître, passa de la salle à manger au salon, dont les deux battants demeurèrent ouverts…

O pudeur ! que tu es faible quand Vénus et Bacchus se livrent à la fois la guerre ! Mais est-il absolument impossible que tu leur résistes ? Ou n’es-tu pas plutôt charmée de ce que la puissance connue de leurs forces justifie ton heureuse défaite ?





















 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’y pense encore avec étonnement. À peine eûmes-nous mis le pied dans le salon que l’un de nos officiers, défié par les regards lascifs de Sylvina et perdant toute retenue, l’entraîna vers l’ottomane et se mit à fourrager ses appas les plus secrets. Elle ne fit qu’en rire. Bientôt, l’agresseur enhardi par l’heureux succès de son début, s’oublia jusqu’à manquer tout à fait de respect à l’assemblée. Sa partenaire, égarée, transportée, partageait ses plaisirs avec beaucoup de recueillement. Déjà l’Italienne mariée suivait son exemple à deux pas de là, dans les bras de l’autre officier, non moins effronté que son camarade. Argentine courait se cacher dans les rideaux des fenêtres pour ne pas voir ces groupes obscènes ; monseigneur l’y suivait pas décence et par tempérament. Tout le monde, occupé de la sorte, oubliait mon nouvel amant et moi, qui demeurions médusés au milieu du salon… Un regard expressif fut le signal de notre fuite. Ma main tomba tremblante dans celle du beau Fiorelli. Nous volâmes à mon appartement, où je m’enfermai, bien résolue à ne rejoindre la compagnie, quoi qu’il arrivât, qu’après avoir bien fait à mon aise, avec méditation, ce que je venais de voir faire aux autres dans le désir de la brutalité. » 


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Vendredi 7 novembre 2008 5 07 /11 /Nov /2008 08:39

"Les Petits Oiseaux"constitue le second volume des nouvelles d'Anaïs Nin publiées en 1980 par les Editions Stock ( le premier recueil s'intitulait "Venus Erotica" ). Surtout connue pour son journal, Anaïs Nin partagea quelque temps la vie d'Henry Miller. Ces nouvelles furent écrites sur commande en 1940 et, à ce titre, sont un bon témoignage de l'univers érotique du milieu littéraire de l'entre deux-guerres aux USA et en Europe.

 
Extrait de « deux sœurs ». Scène finale

 

« Lina était nerveuse : l’atmosphère érotique de cet endroit la troublait. Elle s’assit sur un sofa recouvert de fourrure. Elle avait l’air d’un magnifique félin, digne d’être capturé. Je devinai que Michel avait envie de la dominer. L’encens nous rendait un peu somnolents. Lina voulut ouvrir la fenêtre. Mais Michel s’interposa et vint s’asseoir entre nous deux, puis se mit à parler à Lina.

Sa vois était douce, enveloppante. Il lui racontait ses voyages. Je remarquai que Lina l’écoutait, qu’elle avait cessé de s’agiter et de fumer nerveusement : elle était étendue sur le dos et rêvait  en écoutant ses interminables histoires. Ses paupières étaient à demi fermées. Puis elle s’endormit tout à fait.

« Qu’as-tu fait, Michel ? » Je me sentais moi-même un peu ivre.

Il sourit. « J’ai fait brûler de l’encens japonais, qui a le pouvoir d’endormir. C’est un aphrodisiaque. Absolument inoffensif. » Il gardait un sourire espiègle. J’éclatai de rire.

Lina ne dormait pas profondément. Elle avait croisé ses jambes. Michel, penché sur elle, essaya d’écarter doucement ses genoux, mais ils résistaient. Alors il fit glisser son genou entre les cuisses de Lina et réussit à les séparer. J’étais excitée à la vue de Lina, maintenant si offerte, si abandonnée. Je commençai à la caresser, puis à la déshabiller. Elle se rendait bien compte de ce que je faisais, mais elle en tirait du plaisir. Elle gardait sa bouche sur la mienne, les yeux fermés, et laissait Michel et moi la dévêtir complètement.
 

Sa poitrine opulente recouvrait le visage de Michel. Celui-ci mordillait le bout de ses seins. Puis elle le laissa l’embrasser entre les cuisses, et lentement glisser sa verge en elle, tandis que je lui caressais les seins et les embrassais. Elle avait une croupe magnifique, des fesses rondes et fermes.

Michel continuait de lui écarter les cuisses tout en la pénétrant, s’enfonçant dans sa chair jusqu’à ce qu’elle commence à gémir. Maintenant, elle ne désirait que son sexe en elle. Michel lui fit l’amour, et, lorsqu’il fut encore plus excité, il voulut me prendre. Lina s’assit et nous regarda un moment avec émerveillement, puis elle saisit doucement le sexe de Michel, et refusa qu’il me pénétrât de nouveau. Elle se jeta sur moi comme une furie, me couvrant de caresses et de baisers. Michel la prit une nouvelle fois par derrière.

Lorsque nous nous sommes retrouvées dans les rues, Lina et moi, nous tenant par la taille, elle prétendit ne se souvenir de rien. Je la laissai. Le lendemain elle quittait Paris. »  

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Mardi 4 novembre 2008 2 04 /11 /Nov /2008 09:12

Le blog a un an, jour pour jour. Vous avez été des milliers ( des milliers et des milliers ! ) à le visiter et je vous en remercie. Pour souffler cette première bougie, je vous offre en cadeau un texte inédit « Fa », accompagné d’une série de dessins issus de mes albums personnels. Un seul bémol à cette fête d’anniversaire, votre absence de commentaires… Difficile de savoir ce que vous aimez, ce que vous préférez, ce que vous aimeriez lire ou voir, vous passez et vous ne dites rien ! Alors si j’avais un vœu à formuler aujourd’hui, ce serait : » faites-moi un signe ». Si vous ne souhaitez pas laisser de commentaires sur ce blog, vous pouvez toujours me laisser un message perso en écrivant à mkoppera@orange.fr  Discrétion garantie. D’avance merci. Bonne lecture et tous mes voeux de succès à Barak Obama.

 

Fa.

 

Aussi loin qu’elle s’en souvienne, Fa n’a jamais été enfant. Certes, elle a une date de naissance, comme chacun de nous, mais il lui semble qu’elle n’a jamais été la petite fille des albums de famille. Elle s’est toujours connue femme, avec des touffes de poils sous les aisselles, des règles douloureuses et une aguichante paire de seins…

Fa n’a qu’une ambition, celle d’exister un peu. Elle habite dans le studio du troisième étage, à droite en sortant de l’ascenseur. Vous n’avez peut-être jamais remarqué cette porte, de même que vous n’avez jamais rencontré Fa. Il est vrai que Fa se lève tôt et ne rentre que fort  tard, lorsque vos lampes de chevet sont déjà éteintes… Et puis, le bouton de la minuterie de l’étage se trouve à gauche en sortant de l’ascenseur. Le dimanche, Fa reste chez elle. À l’heure du tiercé, elle est encore au lit. On ne l’entend pas. Elle dort, elle fait la grasse journée…

Fa est grande, un peu trop peut-être. Elle n’a pas encore trente ans. Elle se trouve grosse, c’est ce qu’elle se plaît à répéter, à se répéter. Quand elle se regarde dans le miroir, elle ne voit que ses hanches épaisses et un peu de peau d’orange sur ses cuisses. Elle marche lentement et ses gestes, même quotidiens, sont d’une langueur pesante mais sensuelle.

Pour aller au bureau, Fa passe souvent une jupe fendue sur le côté, jusqu’au dessus du genou,  et chausse de hautes bottes de cuir fauve. Quand il pleut, elle s’enveloppe d’une grande cape qui lui arrive à mi-mollet. Elle a aussi un parapluie, mais elle ne craint pas les averses. Ses cheveux bruns tombent négligemment sur ses épaules et, pour se recoiffer, il lui suffit d’écarter des doigts la lourde mèche qui, par grand vent, flotte devant ses yeux noisette.

- Ah, merde ! dit-elle en cherchant l’interrupteur de la minuterie qui vient de s’éteindre dans le garage au sous-sol de son immeuble.

Sa voiture est bleu nuit et toujours impeccable. C’est un cabriolet de petite cylindrée car Fa n’aime pas les grosses voitures et quand un camion l’oblige à ralentir, elle ne cherche pas à le doubler mais le suit docilement. Elle s’en remet au hasard si bien que Fa arrive parfois en retard à son travail.

Donc, chaque matin, Fa se regarde dans le miroir, passe sa main sur son visage comme pour se reconnaître. Elle observe avec minutie son long nez à l’arête saillante et sa bouche finement ourlée, aux lèvres d’un rouge pâle, presque pulpeux. Fa supporte mal la proximité de son nez et de sa bouche. Elle les voudrait semblables, dans la laideur ou la beauté, qu’importe du moment que l’ensemble soit harmonieux. Fa souffre du déséquilibre de son visage. Cependant, Fa ne se maquille pas ; elle n’a rien à cacher.

Chaque jeudi soir, Fa passe par le kiosque à journaux pour acheter le Nouvel Obs. Elle le lit toutes les semaines.

Dans son studio, Fa vit au ras du sol, près du radiateur, dans un amas de coussins ventrus et de pelisses moelleuses. C’est là qu’elle s’allonge, toute nue, qu’elle ouvre le magazine et le lit en se grattant l’aile du nez avec l’ongle de l’auriculaire gauche, si bien qu’une petite rougeur est apparue, puis un bouton, puis encore plus tard, une petite croûte sans cesse renouvelée. Fa entretient une sourde colère contre l’ongle de son auriculaire, mais elle ne s’est pas encore décidée à le tailler court.

Fa lit le Nouvel Obs du premier au dernier article tout en fumant quelques Dunhill et en sirotant un whisky pur malt. Fa aime la douceur de l’ivresse où se mélangent le parfum du tabac, la saveur âpre de l’alcool, la chaleur des coussins et la solitude.

Fa vit seule ; elle ouvre rarement sa porte.

Le jeudi soir, quand la nuit tombe, Fa baisse les volets et allume une petite lampe qui plonge la pièce dans un bain de sang. Alors, elle se verse un second whisky, allume une nouvelle cigarette, se choisit un album de Sade, Lovers Rock, et se laisse aller. Elle regarde les photos des mannequins sur les pubs de parfum pour homme… Fa a appris que jouir est un art. En pleine page, il y a un beau brun au regard ombrageux. Fa glisse sa main entre ses cuisses nues, dans l’épaisseur de sa touffe. Avec le temps, son index s’y est construit un nid. Fa se branle toutes les nuits, dans l’obscurité furtive de son lit, mais le jeudi soir, elle reçoit son index comme un amant. Elle se donne à lui. Il parcourt les sentiers familiers de son plaisir, les pistes étroites et huileuses qui serpentent autour de son clitoris.

Elle a un premier orgasme, du bout des doigts.

Plus tard dans la soirée, elle joue avec ses deux compagnons de latex : un gode vibrant, plus vrai que nature, avec belle paire de couilles et variateur de vitesse, qu’elle appelle Arnold – en hommage à Conan le Barbare – et un autre tout noir, plus gros mais tout aussi doux et performant, à qui elle a donné le surnom de Malcolm X… Elle ne saurait dire quel est son préféré, chacun a son charme. Les soirs de grande solitude, il lui arrive de se donner aux deux en même temps, même si après elle se sent un peu honteuse.

Fa dit qu’elle n’aime pas les hommes, que ce sont tous des salauds. Cependant, elle n’a jamais osé faire le premier pas vers une femme.

Malgré tout, Fa éprouve parfois des envies de chair vivante. Alors, elle prend sa petite voiture à deux places, ouvre plus que de raison la fente de sa jupe et remonte lentement l’Avenue des Facultés, à l’heure où les étudiants font du stop pour regagner la cité universitaire qui se trouve loin du centre ville… Et quand, au hasard d’un feu rouge, l’un d’entre eux glisse ses doigts entre les cuisses entrouvertes de Fa, elle le suit dans sa chambre, se laisse renverser sur le lit à une place, s’ouvre en grand, s’abandonne à toutes ses fantaisies… Elle jouit sans se soucier de l’autre. Elle ne jouit pas de l’inconnu mais de sa grosse bite juvénile qui comble son ventre et explose soudain au plus profond.

Les autres soirs de la semaine, Fa s’occupe encore de son corps : elle pratique le yoga, un peu la natation et s’intéresse à la bio-énergie. D’ailleurs, Fa aime être « quelqu’un d’autre ». Alors, elle rêve. Elle rêve de dormir une nuit dans un lit rond, de se laver dans une grande baignoire carrée creusée dans le sol, à la manière des thermes antiques. Elle y inviterait ses amies qui la couvriraient de caresses interdites, car en rêve, fa a aussi des amies.

Dès qu’elle le peut, Fa prend des vacances. Elle ne va pas à la plage en été ou à la montagne en hiver. Non, elle participe à une marche contre le nucléaire ou les OGM, ne rate jamais le off d’Avignon et passe Noël à Londres. Quand elle revient, elle n’a rien à raconter mais, pendant plusieurs semaines, elle ne se gratte plus l’aile du nez en lisant le Nouvel Obs.

Comme tous les soirs, Fa est nue et s’étire voluptueusement entre les coussins. Elle est allongée sur une épaisse peau de mouton d’une blancheur laiteuse. Comme un gros bébé d’amour.      

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Dimanche 2 novembre 2008 7 02 /11 /Nov /2008 09:09
Sur beaucoup de pubs fashion, les mannequins ont l'air d'une tristesse à mourir ( bien vu en ce jour des morts ! )... On peut se demander pourquoi. Alors, je leur ai posé la question :
- Vous êtes belle et vous faites la gueule ! Pourquoi ? "

Par michel koppera - Publié dans : au jour le jour
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Vendredi 31 octobre 2008 5 31 /10 /Oct /2008 09:57


Le grand dossier en images de ce numéro était consacré au mythe de Léda, avec les innombrables illustrations qui ont traité du sujet. Je n'ai pas choisi de vous montrer d'images de ce thème éculé, dont je pense la plupart des tableaux vous sont déjà connus.
Par contre, je vous propose d'abord deux photographies en noir et blanc de Georges Maurevert. L'artiste ( je ne sais s'il est encore vivant ) est certes moins connu que des contemporains tels que Newton, Jean-Lou Sieff ou Irina Ionesco, mais ses clichés sont très érotiques.

Ensuite, une belle "Conchita" gravure de Louis Icart datée de 1929. La mantille tombe à point !

Toujours en photo, une superbe pose de l'actrice Lina Romay dans le film " Célestine, bonne à tout faire" réalisé en 1974 par Clifford Brown ( aussi connu sous le nom de Jess Franco ). Du bon vieux film cochon à la française ! La femme est belle et la photo reprend tous les classiques du fétichisme ancillaire : le tablier, les bottines, les bas noirs,  la pomme du péché de chair et cette généreuse touffe noire en haut des cuisses...
Toujours sur le thème des amours ancilaires, cette photo plus conventionnelle intitulée "Madame et sa soubrette" ( carte postale 1930 )

Une vignette d'une BD de Milton Caniff , Male Call, avec d'autres éléments du fétichisme de la femme fatale : la blondeur, les gants noirs à la Gilda, la cigarette, les paupières lourdes, le soutif sexy et cette pose alanguie... Tout est en place !

Pour terminer, une petite curiosité avec ce petit dessin de Sacha Guitry, l'homme qui était "contre les femmes, tout contre "



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