Vendredi 4 septembre 2009 5 04 /09 /Sep /2009 13:23

« Le carnet de Rrose » d’Alina REYES est paru en 2006 aux éditions Robert Laffont. On le trouve maintenant en édition Pocket suivi de deux autres textes : « sept nuits » et « l’exclue ». Attention chef d’œuvre ! Achetez le bouquin, ça vaut vraiment le coup. C’est de la très grande littérature, qui impose le respect.

Le texte se compose comme par hasard de 69 courts chapitres écrits à la première personne. Je vous ai sélectionné les chapitres 38, 40 et 41.

 

                                                                         38.

       Je trouve que la nature est bien faite, d’offrir à l’homme que j’aime ma rrose, côté face, ma petite rose, côté pile, et ma bouche, dans mon visage.

      Dans les grands moments on peut se servir des trois entrées alternativement et dans tous les ordres. On n’est que deux mais alors ça fait plus perdre la tête qu’une orgie pleine de monde.

      Perdre le sentiment et le goût de l’orgie en amour c’est presque tout perdre. J’aime par exemple, faire mettre l’homme à quatre pattes, lui mordre, lui malaxer, lui frapper les fesses ; me coucher, le visage sous son trésor qui pend, pour le mordiller et le suçoter et m’enfoncer sa tige jusqu’aux amygdales ; puis me relever et le traire par derrière, en léchant sa petite rose à lui et en y enfonçant mes doigts. J’aime sentir sous sa peau le flot qui vient en battant fort et va tomber lourdement sous lui, sur le drap ou par terre.

                                                                       40.

     Voici ma rrose. Honorez-la des yeux, du nez, de la langue et des doigts, glissez-y votre tige, enfoncez-vous jusqu’en son cœur qui est aussi le mien.

      Le cœur de ma rrose va te mâcher la tige, mais gentiment. Ne t’étonne pas si tu m’entends dire miam-miam pendant que tu me baises. N’aie pas peur : tous les hommes savent bien que les femmes sont des fleurs carnivores, mais seules celles qui s’ignorent les dévorent vraiment.

      Mon bon gros marshmallow, je jute sur toi pour te faire exprimer ta substance mais sois tranquille, je suis la corne d’abondance où tu renaîtras et que tu rempliras encore, toujours plus gros, bonbon phénix !

                                                                       41.

      J’aime toucher ma rrose la nuit avant de m’endormir. Nichées entre mes cuisses, mes mains ressemblent à des ailes pliées le long du temps qui rêve.

     Au matin, quand les pétales du sommeil s’écartent lentement, paupières encore fermées, je les cherche mes ailes-mains. Eparpillées dans le lit tout au bout de mes bras, elles gardent le secret de leurs virées nocturnes. De la langue, je me lave les doigts avant d’ouvrir les yeux.

 

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Jeudi 3 septembre 2009 4 03 /09 /Sep /2009 12:46

Chaud après-mdi d'été. Valérie s'était endormie nue sur le canapé. Il ne me restait plus qu'à prendre l'appareil photo et appuyer sur le déclencheur. Tout était si beau, si serein...et vous qu'en pensez-vous ?


Odalisque 

Odalisque noire et blanche
La lumière du jour glisse
Sur la courbe de tes hanches
Et lèche tes cuisses

Assoupie sur le divan
L'odalisque en noir et blanc
Ferme ses paupières félines
Sur ses pensées libertines

Elle rêve d'une bite d'ivoire
Qui doucement la pénètre
Comme le soleil du soir 
Qui caresse la fenêtre.

Par michel koppera - Publié dans : le musée Koppera - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mardi 1 septembre 2009 2 01 /09 /Sep /2009 07:51

Baiser à l’étranger

 

À l’étranger, on ne baise pas comme dans son pays natal. L’exotisme commence dès la frontière, quand on se sent envahi d’un étrange sentiment où se mêlent appréhension et excitation.

Rien que l’uniforme des douaniers donne le frisson. Rachel prend les premières photos. Au bord de la route, les paysages sont grandioses. Difficile de croire qu’on vient de l’autre versant de la montagne, tout semble si différent, comme les plaques minéralogiques des voitures indigènes, les panneaux indicateurs aux carrefours, les stations de l’autoradio qui passent des chansons inconnues. On fredonne des mélodies d’amour dont on ne comprend pas un traître mot, et les jambes de Rachel m’apparaissent soudain plus fuselées, plus douces au toucher, ses seins qui pointent sous sa robe encore plus fermes.

À l’étranger, la nourriture est forcément aphrodisiaque. Je ne parle pas seulement du bois bandé, du ginseng ou de l’harissa, mais aussi de l’aquavit, des bières locales et de tous ces plats dont le nom est déjà un voyage. À l’étranger, on se permet de manger avec les doigts, on mélange hardiment le salé et le sucré. Chaque épice réveille un sens en sommeil, nous révèle la sensualité oubliée de chaque parcelle de notre corps et particulièrement de notre appareil digestif. Le piment met le feu aux sexes et aux rectums. En pays lointain, les feuilles de rose ont un arrière-goût de tapas pimentés et avouez qu’il n’y a rien de plus appétissant comme mise en bouche.

À l’étranger, il n’y a pas que les saveurs qui sont exotiques, mais aussi les sons et les odeurs. Les langues autochtones sont pleines d’accents qui titillent la libido ; on s’essaie au tilde, à l’Umlaut, aux diphtongues gutturales qui accompagnent la montée vers l’orgasme. Dans l’air, flottent des odeurs venues d’ailleurs. À l’étranger, des fleurs pourtant familières exhalent des parfums qu’on ne le leur connaissait pas, les crépuscules embaument et, par les fenêtres ouvertes, les senteurs de la nuit se posent sur nos peaux nues. 

À l’étranger, la population est forcément typée. Que les peaux soient claires ou sombres, les cheveux blonds ou crépus, c’est toujours dans l’extrême. On fantasme et on imagine tout le reste. Sous leurs amples vêtements, les hommes cachent sans doute de splendides attributs : musculatures huilées, torses velus, couilles grosses comme des prunes, bites chevalines ; quant aux femmes, elles sont en perpétuelle chaleur, avec des seins de bimbo, des clitoris hypertrophiés et de profonds vagins huileux. Mais tout cela, ils ne le montrent pas, alors on croise leur regard et on se dit qu’on aimerait bien les épouser, mais ça ne dure que le temps d’un malentendu.

On traverse des villes en fête où des foules bigarrées et bruyantes se livrent à des danses rituelles d’un autre âge dont les déhanchements lascifs exacerbent l’érotisme sauvage. On y lâche des taureaux furieux, on y transporte en procession de gigantesques statues, on y regarde défiler des fanfares bariolées, on y applaudit des créatures improbables comme des dragons, des sirènes callipyges, des satyres cornus… La foule compacte se presse, s’oppresse, les culs se frottent, les ventres s’encastrent, les cuisses s’entremêlent… Dans le feu de la fête, Rachel se laisse caresser les fesses, je touche et retouche celles d’une belle étrangère. Tout s’achève fort tard dans la nuit par un immense brasier où se consument les idoles de bois et de carton. La foule hurle son ivresse. On se sent d’humeur amoureuse.

À l’étranger, sur les télés des chambres d’hôtel, on regarde des émissions animées par des présentateurs bavards, des téléfilms avec des acteurs parfaitement inconnus, des tunnels de pubs sans fin, des films X sans codage… Alors, avec Rachel, on se branle sur le grand lit défait. Sa peau brune sent bon le savon de là-bas et on se fait des déclarations d’amour : Ich liebe Dich, volim te, I love you, ik kou van jou, ti amo, anoa tiako, seni seviyorum, te iusbec, te quiero…

© Michel Koppera, août 2009


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Dimanche 30 août 2009 7 30 /08 /Août /2009 16:05

Outre l'inédit de Pierre Bourgeade, le numéro 18 de ZOOM contenait aussi :
- 1 portfolio de lithographies et dessins de Alain LE FOLL, artiste né à Gennes ( Mayenne) en 1934. Univers très étrange, voire cérébral... Pas très érotique j'en conviens, mais intéressant...






































- 1 série de clichés réalisés par un artiste new-yorkais nommé Fredrich CANTOR dont je ne peux rien vous dire de plus. Ici, une photo intitulée "Cynthia" et datée de 1970

- 1 ultime galerie de photos de Jean-Paul MERZAGORA qui s'était suicidé le 24 décembre 1972 à l'âge de 33 ans. Je vous avais déjà présenté ce photographe au style très "florentin" dans un précédent numéro de ZOOM (le numéro 6). Voici donc 3 oeuvres sur le thème du "fruit défendu". Salut l'artiste. 































Par michel koppera - Publié dans : zoom
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Samedi 29 août 2009 6 29 /08 /Août /2009 10:09

Pierre BOURGEADE : Undergirls

Je vous reproduis ici l’intégralité du texte (erreurs de frappe incluses) de Pierre Bourgeade (1927-mars 2009 ) paru dans le numéro 18 de ZOOM au printemps 1973. Le texte est extrait d’ « L’aurore Boréale » qui devait paraître quelques semaines plus tard chez Gallimard. Pierre Bourgeade y avait joint des photocopies de photos prises par lui-même ( je vous en livre ici 3 )

 

« Pornopolis.

Pornopolis. Porn. Pop. Néon. Nylon. Nzyum. Hardware. Software. Hardlove. Softlove. Go-go girls. Gouss’Club. Gouines rouges. Dogs à girls. Dog’s love. Massage. Message. Doux massage. Doux Massage Absolu Par Jeune Masseuse Masculine. Bellissima expertissima signorine. Appelez. Vaseline. Pronto. Call. IBM call i. IMBC. Destruction assur. Satisfaction assurée. Miss Boomb. Miss Voom. Miss Judy (id. LSD). League Sfaty Death. Long Silence Demandé. Détendez-vous. Ne vous contractez pas. Là là. La nuque. Laissez-vous faire. Fermez les yeux. Je peux ? Je peux un peu plus ? Je peux encore je ? Accatone. Accalmie. Accalmie purulente. League Boom-boom Sucky. Long Baisage Souhaité. Miss LSB. Oui.

 
Descendez dans la rue interrogez une femme

Au hasard Miss A B C D E F

Le visiteur s’allonge dans la cabine étanche insonorisée tout est rouge laqué détendez-vous la nuque oh l’eunuque surtout allons le corps entier faites le vide vos bras se détendent vous mains se détendent vos doigts se détendent votre doigt se détend pensez un doigt l’index détendez complètement l’index concentrez uniquement votre pensée dans votre doigt pensez j’ai chaud dans le doigt c’est tout j’ai chaud.

Voulez-vous répondre Miss F voulez-vous répondre maintenant par écrit ne vous inquiétez pas de la forme vous n’êtes qu’une femme après tout et quand bien même vous seriez un homme c’est pareil c’est le même corps les mêmes lettres

HOMme

WOM an

Wo MAN

Répondez aux questions que va vous poser l’Ordinateur vous m’avez dit hier Conversation Privée je pourrais baiser avec vous jusqu’à être écoeurée jusqu’à être malade l’Ordinateur ordine que vous développiez cette réponse vous n’avez rien à craindre C’est une simple affaire statistique vous n’avez aucun jugement moral à encourir Morale Morte à la lumière rouge commencez.

Allongée sur le lit allongée sur la plage allongée dans l’espa allongée dans l’espace  dans le vaste azur noir qui commence sur moi où je mets le doigt hors de moi là en moi là à ce point précis là sur le clik rose


Là sur l’asticot sur le berlingot sur le biscuit sec sur le bouton de rose sur le bulbineux sur le chatouilleux sur le dynamic sur le farnienteur sur la fraise des bois sur le gibelin sur le gonfaron sur le haricot sur le harris-bar sur le jockey sur le kikou sur la languette sur la noisette sur la perle sur la perlouze sur le pistil sur la praline sur le putiphar sur le soisonnais sur le vénéneux sur le vénusien sur le vésuvien sur le xénophon sur le yo-yo sur le zip

Pierre je vous écris

Technique technique « 


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Vendredi 28 août 2009 5 28 /08 /Août /2009 09:50

Les pubs SFA sont à chaque fois pleines de sous-entendus érotiques... Il suffit d'observer cette nouvelle page trouvée hier dans un magazine : le regard pensif de la femme, sa position sur la chaise, la serviette éponge qui recouvre son corps qu'on suggère nu dessous, tout est en place. Il m'a suffi d'ajouter un petit gode sur le carrelage. Par contre, je ne suis pas très satisfait de mon texte, si vous avez autre chose à proposer, je suis intéressé et prêt à changer... 

Par michel koppera - Publié dans : au jour le jour
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Jeudi 27 août 2009 4 27 /08 /Août /2009 09:42

« LA PEAU » de  Curzio MALAPARTE (1898-1957)

Le roman est paru en France aux Editions Denoël en 1949. Il a pour cadre la libération de l’Italie par les forces alliées en 1943, et plus particulièrement la ville de Naples. Le narrateur, Malaparte lui-même, est alors agent de liaison aux côtés des Américains. Son récit est une violente critique du comportement des « libérateurs » qui débarquent en Europe sans aucuneréelle connaissance de ses mœurs, coutumes et règles de vie.

L’extrait que j’ai choisi est représentatif de cette méconnaissance. La scène se passe à Naples où une jeune vierge est exhibée, moyennant finance évidemment, aux GI. Ce texte se trouve dans le chapitre intitulé «  La vierge de Naples »

 

« Au bord du lit une jeune fille était assise ; elle fumait.

Elle était assise, les jambes pendantes, et fumait d’un air absorbé les coudes appuyés sur les genoux, le visage dans le creux de la main. Elle paraissait très jeune, mais ses yeux étaient vieux, un peu fanés. (…) Ses lèvres charnues, agrandies par un violent trait de rouge, donnaient quelque chose de sensuel et d’insolent à la délicate tristesse d’icône de son visage. Habillée de soie rouge, sobrement décolletée, elle portait des bas couleur chair et balançait ses petits pieds charnus enfilés dans une paire de savates de feutre noir, déformées et déchirées.(…)

Elle fumait en silence, regardant fixement du côté de la porte, avec une indifférence orgueilleuse. Malgré l’insolence de sa robe de soie rouge, de sa coiffure baroque, de ses grosses lèvres charnues, et de ses savates percées,sa vulgarité n’avait rien de personnel (…) Nous étions une dizaine dans la pièce. J’étais le seul Italien. Personne ne parlait.

- That’s all. The next in five minutes, dit la voix de l’homme qui se tenait sur le seuil, derrière le rideau rouge : puis l’homme passa sa tête dans la pièce à travers la fente du rideau, et ajouta : -Ready ? Prête ?

La jeune fille jeta sa cigarette, prit du bout de ses doigts le bord de sa jupe et la souleva lentement : d’abord apparurent ses genoux doucement gainés par la soie de ses bas, puis la peau nue des cuisses, puis l’ombre du pubis. Elle demeura un instant dans cette attitude, triste Véronique, le visage sévère, la bouche méprisante. Puis, se renversant lentement en arrière, elle s’étendit sur le lit et écarta doucement les jambes. Comme fait l’horrible langouste en amour, quand elle ouvre lentement les tenailles de ses pattes, en regardant fixement le mâle de ses yeux ronds, noirs et luisants, puis reste immobile et menaçante, ainsi fit la jeune fille, ouvrant lentement les tenailles roses et noires de ses chairs, et restant immobile, les yeux fixés sur les spectateurs. Un profond silence régnait dans la pièce.

- She is a virgin. You can touch. Put your finger inside. Only one finger. Try a bit. Don’t be afraid. She doesn’t bite. She is a virgin. A real virgin, dit l’homme en passant la tête dans la pièce à travers la fente du rideau.

Un nègre allongea sa main, et fit l’essai avec le doigt. Quelqu’un rit, et on eût dit qu’il se lamentait. La « vierge » ne bougea pas, mais fixa le nègre avec un regard plein de haine et de peur. Je regardai autour de moi : tous étaient pâles, pâles de peur et de haine.

- Yes, she is like a child, dit le nègre d’une voix rauque, faisant tourner lentement son doigt.

- Get out your finger, dit la tête de l’homme enfilée dans la fente du rideau rouge.

-Really, she is a virgin, dit le nègre en retirant son doigt.

Brusquement, avec une bruit étouffé des genoux, la jeune fille referma ses jambes, se releva d’un coup de reins, baissa sa jupe, et d’une main leste arracha la cigarette de la bouche d’un matelot anglais qui se trouvait près du lit. »

  

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Mardi 25 août 2009 2 25 /08 /Août /2009 15:36

Trois portfolios intéressants dans ce numéro 17
1° : Une série de peintures de Jacques MONORY, né en juin 1934 à Paris. Célèbre pour ses monochromes bleus comme ce détail d'une huile sur toile de 1972 intitulée " Béatrice et Juliette"

2° Une série de photos d'un photographe new-yorkais nommé Jon STEVENS. Je ne sais rien de plus de cet artiste dont on ne trouve plus trace. Les modèles étaient enduits de peinture argentée...C'était très tendance à l'époque.



















3° Une série de planches de Guido CREPAX ( Milan 1993-2003) qu'il est inutile de présenter.


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Dimanche 23 août 2009 7 23 /08 /Août /2009 17:11

Coucou, me revoilà !

Baiser dans l’eau

 

J’ai baisé dans les eaux limpides d’un lagon, près d’une île de l’Océan Indien. C’était la saison des pluies et on suait à grosses gouttes dans l’eau. Quelques mètres au-dessous de nous, on voyait distinctement les tables de corail et leurs milliers de polypes en érection prêts à éjaculer sperme et ovocytes pour le grand orgasme annuel. Un calamar aux tons changeants me palpait les couilles d’un tentacule curieux et un banc de petits poissons aux écailles noires et jaunes nous tournait autour dans l’attente du menu fretin de mon sperme filandreux.

J’ai baisé dans les pédiluves d’une piscine municipale. On se vautrait dans dix centimètres d’eau froide, aspergés par deux douchettes plutôt stimulantes, surtout quand elles touchaient certains replis inaccessibles aux doigts les plus fins ou aux langues les plus souples. Ma partenaire ressemblait à s’y méprendre à un modèle d’Ingres : elle en avait le visage faussement puéril, le cou goitreux, la peau laiteuse et le pubis glabre. En réalité c’était une sacrée vicieuse qui savait à peine nager alors qu’elle était l’épouse légitime du maître-nageur qui surveillait le grand bassin.

J’ai baisé dans une des fontaines du monument aux Girondins, sur la place des Quinconces à Bordeaux. C’était par une nuit électrique de juillet. À genoux dans le bassin, ma compagne avait le buste dans la gueule d’airain d’un monstre marin. Pour un peu, on aurait dit qu’il allait l’avaler toute crue pendant son ultime jouissance. Alors, accroché à ses hanches pâles, je besognais ardemment sa croupe digne d’une nymphe de Courbet.

J’ai baisé dans les flots gris d’un torrent de montagne. Malgré le soleil d’été, l’eau était glaciale. J’en avais la bite bleutée, elle en avait le clitoris aussi dur qu’un grain de riz cru.

J’ai baisé dans un bassin d’eau limpide au pied d’une cascade. C’était sur l’île de la Réunion. Le soleil vertical faisait naître dans les embruns de petits arcs-en-ciel éphémères qui se déposaient en chuintant sur les peaux métisses des baigneurs. Assis sur la grève sablonneuse du bassin, des enfants nous regardaient en mâchouillant des bûchettes de canne à sucre fraîchement coupée.

J’ai baisé dans la piscine privée de Maria et Bernard, un couple mélangiste rencontré sur Internet. J’ai sucé en apnée la belle bite courbe de Bernard pendant que, pendue à la petite échelle d’acier inoxydable, Maria se faisait lécher son cul très poilu par la langue frétillante d’Irène. Nous étions quatre dauphins en rut, se jouant de la pesanteur au milieu des préservatifs usagés qui flottaient entre deux eaux bleues comme des méduses.

J’ai baisé dans les eaux marron d’une crique guyanaise, sous les épaisses frondaisons de la forêt. Un rayon de soleil déchirait la canopée et découpait une tache de lumière à la surface mystérieuse de la rivière immobile. Nos corps se mêlaient dans les ténèbres aquatiques et nous devinions l’invisible présence d’une multitude de poissons étranges et, peut-être même, d’un jeune anaconda qui nous enlaçait les cuisses et dardait sa langue fourchue sur le gros clitoris de Saskia.

J’ai baisé dans une grande baignoire qui débordait de mousse, comme si je baisais avec la Mère Noël, ce qui tombait mal car elle se prénommait Pascale.

J’ai baisé dans le lac d’un cratère de volcan en sommeil. L’eau sentait le soufre tout comme nos sexes enflammés. Des profondeurs du lac montaient de brèves vibrations sismiques qui nous traversaient le corps, des pieds à la tête, et soulevaient au plus secret de son vagin des ondes voluptueuses. Elle jouissait en modulation de fréquence tout en aspirant mon sperme tellurique.

J’ai baisé dans le détroit des Dardanelles, à l’embouchure de la mer de Marmara. Nous nous tournions alternativement vers l’Europe et l’Asie, comme hésitants entre les deux continents, entre chrétienté et islam, entre chatte et cul, entre missionnaire et levrette…

J’ai baisé dans les eaux salées du lac Rose près de Dakar. Sans un mouvement, nous étions comme suspendus dans l’eau. Des cristaux salins scintillaient sur ses tétons nus. Non loin de nous, en plein soleil, des hommes et des femmes raclaient le fond du lac pour lui arracher sa croûte de sel brut.

Nous avons baisé dans l’estuaire de la Loire, nos regards tournés vers le Nouveau Monde.

 

© Michel Koppera, août 2009 

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Vendredi 7 août 2009 5 07 /08 /Août /2009 11:42

Baiser dans une bibliothèque

 

Mon amie Gabrielle est dans tous ses états : à trente-six ans, elle vit son premier grand amour. Pas avec moi, je la connais trop pour me compromettre avec elle, mais avec un jeune lecteur de Diderot.

- Vous vous voyez souvent ?

- Tous les jours, sauf le week-end et le mardi.

- Il est médecin de garde ?

- Non, il est marié et tu sais bien que la médiathèque est fermée le mardi.

- Tu ne vas pas me dire qu’il vient te retrouver là-bas !

Gabrielle baisse les yeux, le rouge lui monte aux joues.

- Si…

- Et où en êtes-vous ?

- À la fin.

- Déjà ?

- Je veux dire aux derniers chapitres de la Religieuse, lorsque Suzanne s’enfuit du couvent.

Gabrielle est tout émoustillée et brûle du désir de me conter son aventure.

« Tout a commencé lundi dernier. J’étais de service à l’accueil, chargée des nouvelles inscriptions. Un homme se présente. Quelques minutes plus tard, je savais tout de lui, son identité, sa date de naissance, son adresse, son numéro de téléphone. Il s’appelle Rodolphe, comme l’amant d’Emma Bovary. Je l’ai accompagné du regard quand il s’est dirigé vers la grande bibliothèque. Trois heures plus tard, il n’était pas ressorti. Tu me connais, curieuse comme je suis, je suis allée à sa recherche. J’ai bien cru qu’il s’était volatilisé, mais j’ai fini par le retrouver, assis à même le sol dans une allée du département philosophie, comme un gamin qui feuillette une BD à la FNAC. Il lisait. «  Sœur Sainte-Augustine, mais tu es folle d’être honteuse, laisse tomber ce linge : je suis femme, et ta supérieure. Oh ! la belle gorge ! Qu’elle est ferme ! » Sa voix était douce, chaude, douloureusement grave. C’était l’heure de la fermeture. En partant, il m’a dit peut-être à mercredi. Je ne te raconte pas mon mardi, une horreur ! Mercredi matin, je me suis réveillée prête à tout. Et ce salaud qui ne venait pas ! Pourtant, j’avais mis une jupe – ça n’a échappé à personne. Au fil de la matinée, je me suis décomposée. Rodolphe n’est arrivé qu’à seize heures, sans un mot d’excuse. Tu n’imagines pas dans quel état j’étais : une vraie loque ! Je l’ai retrouvé dans la même allée des philosophes du dix-huitième siècle, assis au même endroit, en train de lire le même livre. Je me suis assise en face de lui : s’il relevait la tête il ne pouvait rater ni mes jambes nues, ni ma culotte pervenche tout au fond entre mes cuisses entrouvertes. « Le premier soir, j’eus la visite de la supérieure ; elle vint à mon déshabiller. Ce fut elle qui m’ôta mon voile et ma guimpe, et qui me coiffa de nuit ; ce fut elle qui me déshabilla. Elle me fit cent propos doux, et me fit mille caresses qui m’embarrassaient un peu, je ne sais pas pourquoi, car je n’y entendais rien. »Adossée aux œuvres complètes de Voltaire, mes cuisses s’écartaient d’elles-mêmes, comme soumises aux mots. Son regard s’est posé rapidement sur mon ventre et il a refermé brutalement le livre. On reprendrait le lendemain.

Quand je suis arrivée jeudi matin, il était là, devant la porte à attendre l’ouverture. J’avais remis la même jupe que la veille, mais – non, ne te moque pas – sans culotte. De toute façon, elle n’avait plus aucun sens, j’étais déjà dégoulinante de désir. Je l’ai regardé pour la première fois : il n’est pas grand, ni spécialement beau. La cinquantaine, quelques cheveux blancs, des ongles impeccables, une main presque féminine et une voix d’hypnotiseur de foire. Je l’ai suivi au siècle des lumières. Dans un sac, il avait apporté deux petits coussins de velours cramoisi : un pour mes genoux, l’autre pour ses fesses. Il m’a fait mettre en prière et a repris sa lecture. « La main qu’elle avait posée sur mon genou se promenait sur tous mes vêtements, depuis l’extrémité de mes pieds jusqu’à ma ceinture, me pressant tantôt dans un endroit, tantôt en un autre… » Alors que sa main gauche tenait le livre ouvert comme un missel, sa main droite courait sous ma jupe, me caressait les cuisses, m’ébouriffait la touffe, m’agaçait le clitoris et me fouillait la chatte. En jouissant, je lui ai inondé les doigts qu’il s’est essuyés sur le dos d’une édition originale du Système de la Nature du Baron d’Holbach.

- Tu n’avais pas peur qu’on vous surprenne ?

- Non, plus personne ne s’intéresse à la littérature du dix-huitième. Ce sont des vieux livres, avec des reliures en cuir et des f à la place des s… Il n’en faut pas plus pour décourager le lecteur. Mais laisse-moi terminer. Vendredi, on s’est carrément aménagé une sorte de niche dans la Grande Encyclopédie en cinquante volumes, au plus profond de la bibliothèque. Nos murs étaient de cuir, notre ciel de poussière. Il m’a ouvert le livre à la page qu’il avait cornée et j’ai lu : « Jamais vous n’avez pensé à promener vos mains sur cette gorge, sur ces cuisses, sur ce ventre, sur ces chairs si fermes, si douces et si blanches ? » Trois fois j’ai chuchoté cette phrase, trois fois il l’a répétée après moi, de sa voix brûlante. Et pendant que je lisais, il avait la tête sous ma jupe, caressait mes seins et mes fesses nues, me léchait le ventre. Trois fois j’ai joui dans sa bouche.

- Si je comprends bien, vous n’avez pas baisé ?

- Pas encore. Mais dès demain, on s’attaque à la Philosophie dans le Boudoir de Sade. Tu crois qu’il est plus prudent que j’apporte du lubrifiant ?

 

© Michel Koppera, juillet 2009



Le blog va entrer dans une courte période de sommeil de deux semaines, le temps de prendre quelques vacances. En attendant, vous avez près de 340 articles à feuilleter, ainsi que des albums de photos et dessins ... à bientôt. Je vous retouve dans 15 jours avec toujours plus d'érotisme
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