Vendredi 21 mars 2008 5 21 /03 /Mars /2008 14:09

V-Leduc.jpg Paru en 1966 aux éditions Gallimard, " Thérèse et Isabelle" raconte les amours lesbiennes de deux élèves pensionnaires d'un collège religieux. Thérèse en est la narratrice. Les tableaux saphiques se succèdent dans ce court roman de 120 pages. Je vous ai choisi une des dernières scènes où les deux jeunes filles s'abandonnent l'une à l'autre: 
       " Nuit, ventre du silence.
       Isabelle se soulevait, lente, lente, ses lèvres intimes se refermaient  sur ma hanche. Isabelle bascula.
       Je cherchai sa main, je la mis sur mon dos, je la fis descendre plus bas que mes reins, je la laissai sur le bord de l'anus.
       - Oui, dit Isabelle.
       Je patientais, je me recueillais. 
       - C'est nouveau, dit Isabelle.
       Le timide entra, Isabelle parla :
       - Mon doigt a chaud, mon doigt est heureux.
       Le doigt inquiet n'osait pas.
       Nous l'écoutions, nous avions de la volupté. Le doigt serait toujours importun dans le fourreau avaricieux. Je me contractais pour l'encourager, je me contractais pour l'emprisonner.
       - Plus loin, je veux plus loin, gémit Isabelle, la bouche écrasée sur ma nuque
       Ellle força dans de l'impossible. Encore la phalange, encore la prison dehors. Nous étions à la merci du doigt trop petit.
        Le poids sur mon dos signifiait que le doigt ne renonçait pas. Le doigt furieux frappait et refrappait. J'avais contre mes parois une anguille affolée qui précipitait sa mort. Mes yeux entendaient, mes oreilles voyaient  : Isabelle m'inoculait sa brutalité. Que le doigt traverse la ville, que le doigt perfore les abattoirs. Je souffrais de la brûlure, je souffrais, plus encore, de nos limites. Mais le doigt obstiné réveilla la chair, mais les coups m'affinèrent. J'avais de la griserie en pleine pâte, j'avais un gazouillis d'épices, je m'élargissais jusqu'aux hanches. V-Leduc-Cavell.jpg
        - Le lit remue trop, dit Isabelle.
        La chair dilatée remercia, le plaisir sévère se propagea dans les pétales. Des gouttes de sueur tombèrent du front d'Isabelle sur mon dos.
         - Ne bouge pas. Que je demeure en toi, dit Isabelle.
         Nous hivernions. Je me contractai par préséance.
         - Oh oui ! dit Isabelle.
         Je l'aspirais, je le refoulais, je le changeais en sexe de chien, rouge, nu. Il montait jusqu'à l'oesophage. J'écoutais Isabelle qui se faisait légère, qui suivait la montée, qui profitait du reflet. Le doigt sortit d'un nuage, entra dans un autre. Mon ardeur gagna Isabelle, un soleil fou tournoya dans ma chair. Le corps d'Isabelle gravit seul un calvaire sur mon dos. Je fus tendue de gris. Mes jambes faiblirent dans leur paradis. Mes mollets désaltérés mûrissaient. J'étais amollie jusqu'à l'ineffable pourriture, je ne fiinissais plus de m'effondrer de félicité en félicité dans ma poussière. Le doigt d'Isabelle sortit avec méthode et laissa aux genoux des flaques de plaisir. "

le dernier dessin est de P. Cavell, un des maîtres du genre 


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Mercredi 19 mars 2008 3 19 /03 /Mars /2008 13:35

       Ouvrir un roman "pornographique" d'Esparbec, car c'est ainsi qu'il qualifie et revendique ses écrits, c'est se résoudre à une érection constante tout le temps de la lecture et quelques temps après, sachant que les symtômes persistent bien au-delà de la durée du traitement, comme le dirait une notice d'emploi de médicament. Je crois que c'est le plus bel hommage que je puisse rendre à cet écrivain secret qui nous livre, avec la régularité d'un métronome, depuis plusieurs années, ses centaines de pages de fantasmes pornographiques. Il y a chez Esparbec la même jubilation sexuelle que chez Sade... On sait que ce n'est pas possible et pourtant on aimerait que ce le soit. Je me demande parfois si les femmes éprouvent des émotions semblables à celles des hommes à la lecture d'Esperbec : mouillent-elles, ont-elles envie de se branler en lisant ses tableaux lubriques ?  Parmi ses oeuvres j'ai bien entendu mes préférées : "Les mains baladeuses" dont je vous recommande la lecture, avec des monuments de perversité trop longs pour être relatés ici, et "La Pharmacienne", roman plus court que je vous propose de découvrir. On y retrouve un  quintet des plus classiques : la femme (Laura Desjardins,  la pharmacienne), son mari ( Beau), Bébé la belle-fille ( la fille de la pharmacienne), le beau-fils (Bertrand, frère de Bébé) et Ernest l'oncle-beau-frère ( le frère de la phramacienne). À partir de là, toutes les combinaisons sont permises. Le passage que je vous restrancris est un classique d'Esparbec, à savoir l'exhibition obscène ( infligée mais acceptée, voire désirée) d'une femme, en l'occurrence Laura ( la pharmacienne) qui nous dévoile ses charmes dans la salon familial . ( à noter l'emploi très habile de l'imparfait d'habitude, pour nous signifier que cette scène était un des rituels du couple ) 
       " Laura, selon les désirs qu'il avait manifestés, ne portait jamais de collants, mais des bas et un porte-jarretelles. Beau, une fois qu'il l'avait dépoitraillée et troussée, retournait s'asseoir en face d'elle, à côté de la télé. Et pendant qu'elle feignait d'être absorbée par le film, toute rouge d'émotion, lui, c'est elle qu'il contemplait. Et le spectacle lui plaisait beauoup.
        Cette quadragénaire charnue, au beau visage si sérieux, à peine maquillée, aux cheveux sagement tirés en chignon très strict, elle était là, devant lui, rien que pour lui, à lui exhiber sa chatte et ses gros nichons aux larges médailles roses. Il lui avait fait passer une jambe par-dessus l'accoudoir du fauteuil, de façon à bien faire bâiler la fente poilue au bas de son ventre, et comme elle avait les fesses au bord du siège, il pouvait même voir son anus entre les fesses rebondies. Les joues rouges, les yeux fixés sur l'écran de télé, la belle et plantureuse phamacienne deVilleneuve-sur-Lot n'osait pas regarder son voyou de mari. Elle était si excitée de se montrer que la mouille coulait entre ses poils.
       esparbec.jpg - C'est intéressant,  ce film ? lui demandait-il, au bout d'un certain temps.
       - C'est très bien, je t'assure, Beau, répondait sa femme d'une voix étranglée, tu devrais venir le voir... ( toute honteuse, elle baissait pudiquement la voix) au lieu de regarder ce que tu regardes...
       - Eh bien, tu vois, j'suis pas d'accord avec toi. Moi, je préfère nettement regarder ta chatte et tes nichons que ces conneries de feuilletons amerlos. Je trouve ça plus marrant. En ce moment, par exemple, t'as la fente qui bâille comme si elle avait faim... et ton clito est tout raide, le salaud !
         - Ne parle pas si fort, voyons, chuchotait la pharmacienne, si les enfants t'entendaient !  Et puis, Beau, tu sais bien qu'jaime pas que tu dises des choses pareilles, ça me fait rougir.
           C'est vrai qu'elle rougissait, c'est bien ce qui rendait la chose si excitante pour Beau. Elle rougissait, mais elle mouillait ! Il ne se gênait pas pour le lui faire remarquer.
          - T'es trempée ! Tu devrais mettre une serviette sous toi, tu vas faire des taches sur le fauteuil !
          - Beau !
          - Fais voir, ouvre un peu plus les cuisses, que je voie bien le trou de ton vagin. Tu sais que j'aime bien voir tous tes trous, surtout quand ça bâille comme maintenant."
                  

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Lundi 17 mars 2008 1 17 /03 /Mars /2008 08:00

Cet ouvrage est paru au Seuil en 1982. Comme son titre l'indique, il aborde le désir d'un point de vue féminin, ce qui était relativement novateur pour l'époque. La narratrice nous guide dans les méandres de sa quête du plaisir... Cela passe par des rencontres avec des hommes ou des femmes, mais aussi par des détours plus surprenants comme ces quelques chapitres "savoureux" consacrés aux fruits : la pomme, l'orange, la figue, la grenade. Je vous laisse le plaisir de les découvrir par vous-même. Ici, je m'en tiendrai à quatre courts extraits plus conventionnels d'un érotisme assez pervers.
         Jeux devant le miroir: " Tu défaisais mon corsage ou soulevais ma jupe, ou je m'agenouillais devant toi et je tournais parfois la tête pour découvrir cette autre femme que tu fabriquais avec moi, changeant les plis et l'ordonnance de mes vêtements ou l'incitant à de nouvelles poses. Est-ce ta main que j'observais et qui me modelait ? Ou plutôt la surprise de me voir ainsi, uniquement de dos ? Nous devenions les personnages d'un tableau et nous l'étudiions tant il semblait prêt, entouré de son cadre doré, à recueillir, pour l'éternité, chacun de nos gestes. 
         Quand je n'eus gardé de mes apprences successives que mes chaussures à très hauts talons, tu me tournas enfin vers notre double. Seulement alors, et par surprise, nos regards s'unirent, dans le miroir, tandis que, vêtements entrebâillés, tu me maintenais contre ta poitrine."
          Au hammam, en Tunisie : " La masseuse se levait, s'agenouillait, se redressait à nouveau. Quand elle se penchait, je ne voyais d'elle que les noeuds du foulard sur sa nuque. Brusquement, par surprise, sans qu'elle parût l'avoir prémédité, sans qu'elle cessât de me frotter le dos de sa main droite, elle glissa deux doigts de son autre main au plus profond de mon sexe. Ce qui m'étonna le plus, ce fut la promptitude, cette certitude entière avec laquelle, sans hésiter, elle me pénétra, trouvant son chemin en moi. Je restai immobile, me demandant si elle l'avait fait exprès. Mais comme elle continuait de m'étriller de la même façon, au même rythme, j'en conclus qu'il s'agissait d'une coutune de son pays, un souci de propreté que seule la sottise des pudeurs conventionnelles pouvait rendre suspect. Deux fois encore, elle inscrivit en moi cette douceur violeuse tandis que, dissociant ses gestes, elle me malmenait aussi. Son visage était incliné et ses paupières restaient toujours baissées."
          Crème de beauté ? " Quand, plus tard, je connus les hommes, le plaisir le plus voluptueux et le moins charnel, le plus superstitieux aussi - et si j'aimais un homme, ce fut le premier que je pris avec lui - consistait à me barbouiller le cou, les seins, de son sperme, comme d'une onction plus religieuse qu'aucune autre. Dans la rue, je marchais ensuite fièrement, très droite : la poitrine, sous mon pull-over, recouverte d'une imperceptible cuirasse qui collait à ma peau, la tirait, la plissait quand je ruais des épaules pour mieux sentir son étreinte." 
          F-Huser.jpg À Ceylan : " Sur la rive quelque chose bougea. Je m'approchai. C'était un jeune homme très mince dont la silhouette brune se confondait de loin avec le tronc des arbres. Il avait laissé tomber son pagne et me faisait signe de m'approcher - ce que je ne fis pas. Je nageais au contraire parallèlement au rivage, mais le visage tourné vers lui : afin qu'il ne doute pas de mon attention. Il s'agenouilla et commença à se caresser
           Mais moi, j'étais tout habillée de mer, hâtant le battement de mes talons pour que l'eau fuie plus vite, sous mes seins ou, immobile au contraire, jusqu'à cet instant où je ne sentais plus que ses frôlements. Je creusais les reins. M'aurait-il touchée, ses caresses auraient été celles de l'eau. Alors, j'ai arrêté de nager et je suis restée face à lui, ainsi qu'on regarde qualqu'un dans les yeux. Et quand il se raidit, je n'ai pu me retenir de plonger dans l'écume des vagues, de m'y rouler, lèvres entrouvertes, et de tendre le visage vers le soleil, la nuque versée dans la fraîcheur apaisante." 

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Samedi 15 mars 2008 6 15 /03 /Mars /2008 14:55

       Avant de reprendre je voudrais manifester mon indignation devant deux séquences de télé vues cette semaine sur canal+ au cours du Grand Journal.
       1* Zapping du jeudi 13 mars, si mes souvenirs sont justes. Une brève séquence tournée au cours d'une réception à l'Elysée. Le couple Sarkozy et le couple Perez reçoivent leurs invités à l'occasion de la visite du président israélien en France. Arrive Simone Veil qui serre chaleureusement la main du petit Nicolas, accolade encore plus chaleureuse à l'attention de Shimon Perez, puis c'est le tour de Carla Bruni. Elle n'a droit qu'à un regard froid, même pas une poignée de main. Simone Veil passe... Mais de quel droit ? Je n'ai pas de sympathie particulière pour madame Sarkozy ( enfin si, je l'apprécie comme chanteuse...) mais il me semble que celui qui dit et fait le maximum de conneries en ce moment, c'est plutôt Nicolas 1er que sa femme...  Pourquoi doit-elle payer les erreurs de son époux ? J'aimais bien Simone Veil, j'avoue qu'elle me déçoit énormément. Mais ce n'est pas la première fois... Elle a déjà laissé le Président tenir des propos insupportables en d'autres temps sans réagir... Ecce homo !
      2* Vu après la météo de Louise Bourgoin, un bref reportage sur le "airfuck" au Japon. Sur le même modèle que le "airguitar", il s'agit de mimer une activité sexuelle ( accouplement, masturbation...) Le vainqueur fut un homme simulant un cunnilingus... Si même l'acte sexuel devient virtuel, pourquoi pas tout le reste... On pourrait imaginer "airdemocraty" où on ferait semblant d'aller voter, ou ""airreading" où on ferait semblant de lire, ou même "airbeing" où on ferait semblant d'exister... Tout cela est bien inquiétant. 

Ceci étant dit, je reprends l'anthologie poétique des rencontres de Michel koppera
Quatrains 11 et 12 
" Bernadette à la peau blanche              Anncik, les yeux bridés,
Allongée dans les dunes                          Aux seins menus
Le regard à la lune                                  Me défendait son cul
Soulevait les hanches.                             Au coeur de l'été."
Quatrain 13
Catherine. Poitrine de taille moyenne, seins fermes mais peu sensibles. peau mate et ferme. Sexe aux poils châtain foncé, peu fournis, très fins. Clitoris minuscule et inaccessible ( refusait de se le laisser caresser. Anus glabre et interdit. Secrétions vaginales peu abondantes, orgasme unique et silencieux. ( serrait les cuisses et les dents). Préférait baiser dans le noir.
" Catherine  l'orpheline
Le ventre serré
Et la bouche fermée
Jouissait en sourdine".
Quatrain 14
. Michèle R. mariée. Poitrine assez petite mais sensible. Peau grenue. Sexe aux poils châtain, presque roux, assez courts et clairsemés mais très étendus. Sexe large et très gluant. Accepte tout. Secrétions très abondantes aussi bien prise par devant que par derrière. Orgasmes multiples avec soupirs et tremblements.
" Michèle profonde
Au jus dégoulinant
Le sexe en avant
Réinventait le monde."
Quatrain 15.
Dominique G. 1m75 Grosse poitrine, très érogène. Mamelons durs, presque en érection. Peau souple. Poils châtains, très fournis, même entre les fesses. Très gros clitoris, extrêmement sensible. Lèvres vaginales très développées, pendantes. Secrétions vaginales abondantes. Perdait le contrôle d'elle-même dès qu'on lui glissait la main entre les cuisses. Ne pratiquait pas la fellation mais aimait se faire lécher. Elle jouissait bruyamment en remuant beaucoup les fesses.
" Dominique la première anthologie-2.jpg
Toutes lèvres charnues
Levait ses fesses nues
Pour ouvrir son derrière."

Ce dessin dont j'ignore l'auteur évoque pour moi les amours adolescentes...

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mercredi 12 mars 2008 3 12 /03 /Mars /2008 16:59

Avant de devenir Michel Koppera, l'enfant, l'adolescent puis l'homme que j'étais rencontra de nombreuses femmes. Il en connut certaines plus intimement et partagea parfois leur vie pendant quelques semaines, quelques mois et pour certaines quelques années... Michel Koppera a conservé intacte la mémoire de ces rencontres. Pour chacune, il a composé un quatrain en hommage à leur corps ( et pour certaines d'entre elles, il s'est même permis de noter sur son journal des détails de leur anatomie et de leurs partiques sexuelles). C'est cette anthologie composée de 30 quatrains que je vous propose.
Quatrain 1. (Marie avait 5 ans, j'en avais 6. Ce fut ma première vision du sexe féminin)
" Marie, à genoux
Renouant ses lacets
La culottte écartée
Découvrait tout." 
Quatrains 2 3et 4
. ( Martine, compagne de jeux de 12 à 15 ans. Poitrine ronde, aux seins assez volumineux. Sexe aux poils noirs, très serrés. Goût inconnu, non léchée. Pénétrée avec les doigts et masturbée avec le bout du gland. Grandes lèvres boursoufflées par le désir. Sa grande soeur Maryse se mêlait parfois à nos jeux érotiques, ainsi qu'une voisine blonde prénommée Yolande)
" Martine au moulin                    Maryse, sa soeur                   Yolande en robe à carreaux
Sur les sacs de farine                  Sous les pupitres                      Et jarretelles noires
Me branlait la pine                      Me montrait sa fleur                En hiver un soir
Qu'elle tenait d'une main.          Au premier chapitre                Me suça le pipeau."
Quatrain 5 et 6
. ( Brigitte, une petite voisine de 12 ans , qui faisait payer 5 centimes pour montrer aux garçons les poils de son cul dans la cabane à outils du jardin familial. Quant à ma cousine Marie-France, à 15 ans elle faisait ça gratuitement et nous branlait en plus )
" Brigitte gardait la pose                       Marie-France ma cousine
Et montrait trois poils                            Au fond du jardin
Sous le mince voile                                 Jouait les putains
De sa jupe rose                                       En tenant ma pine"
Quatrains 7, 8 9.
(Amours adolescentes de quelques semaines estivales) 
"Sylviane à peine pubère                Isabelle dans la paille              Ma voisine dans les bois
Fouillait mon short                           Ecartait les cuisses                   Me prenait la main
Et fermait la porte                           Jusqu'à ce que glisse                 Pour toucher ses seins
Pour toucher la chair                       Ma main sur sa taille                 Aux mamelons froids."
Quatrain 10
. (Annick L. Fréquentée régulièrment de 15 à 18 ans, plus épisodiquement après. Poitrine un peu molle, peu sensible. Peau laiteuse. Sexe aux poils châtains, assez longs et abondants. Clitoris très sensible. Ferme les yeux et jouit en soupirant. Beaucoup de poils entre les fesses, mais anus inaccessible. Sexe à l'odeur de crème de beauté un peu grasse, genre Nivéa. Secrétions vaginales très abondantes et vulve s'élargissant sous les doigts)
" Annick à la boutique
Deux doigts dans le con
S'astiquait le bouton
Pendant la musique."
les-petites-filles-mod-les.jpg

Pour illustrer ces 10 premiers quatrains voici une oeuvre de J.M Poumeyrol  intitulée " les petites filles modèles" qui reprend une oeuvre de Balthus (oeuvre datée de 1942 que voici ci-dessous)
balthus_salon_1942.jpg

Par michel koppera - Publié dans : inédits
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Vendredi 7 mars 2008 5 07 /03 /Mars /2008 14:52

   Il est inutile ici de présenter l'oeuvre ( le chef d'oeuvre ? ) de Jonathan Littell. Au-delà de la litanie des horreurs qui sont déversées à longueur de chapitres dans ce monumental roman historique, se nichent quelques scènes homosexuelles d'un érotisme à la fois glacial et débridé. Comme ce court passage où le narrateur, étudiant à Berlin, s'offre une escapade dans Tiergarten, le parc gay de la capitale allemande. Nous sommes en 1937.
        gay-2.jpg " J'observai les ombres des arbres jusqu'à ce que mon regard croise celui d'un jeune homme ; je pris une cigarette, lui demandai du feu, et lorsqu'il leva son briquet, plutôt que de me pencher vers sa main, je l'écartai et jetai la cigarette, je le pris par la nuque, et je lui embrassai les lèvres, goûtant doucement son haleine. Je le suivis sous les arbres, nous nous éloignions des chemins, mon coeur, comme chaque fois, battait follement dans ma gorge et, dans mes tempes, un voile sec était descendu sur ma respiration, je dégrafai son pantalon, enfouis mon visage dans son odeur âcre faite de sueur, de peau mâle, d'urine et d'eau de Cologne, je frottai mon visage contre sa peau, son sexe et là où les poils s'épaississent, je le léchai, le pris dans ma bouche, puis lorsque je n'y tins plus je le poussai contre un arbe, me retournai sans le lâcher et l'enfonçai en moi, jusqu'à ce que le temps et la peine aient disparu. quand ce fut fini, il s'éloigna rapidement sans un mot." '( p 105, édition de poche)
      gay-3.jpg Ce qui est remarquable dans le passage que je viens de citer, c'est que tout cela est relaté en deux phrases, comme pour insister sur la rapidité, la fugacité de ce rapport à la sauvette... Les gestes s'enchaînent inexorablement, à toute vitesse. Il s'agit avant tout de faire vite !
      Intéressant également, la tentative du narrateur d'expliquer le plaisir du dominé, du pénétré. Par deux fois, il en proposera une analyse, d'abord psychologique, puis plus anatomique. Voici la première (pages 40-41 de l'édition de poche) :
       " Tout comme mes amours masculines : la réalité, je ne rougis pas de le dire, c'est que j'aurais sans doute préféré être une femme. Pas nécessairement une femme vivante et agissante dans ce monde, une épouse, une mère ; non, une femme nue, écrasée sous le poids d'un homme, agrippée à lui et percée par lui, noyée en lui en devenant la mer sans limites dans laquelle lui-même se noie, plaisir sans fin, et sans début aussi." 

Plus loin dans le roman, aux pages 291-292, on trouve ce passage avec une analyse du plaisir du pénétré :
       " Le corps solide de Partenau recelait peu de surprises ; il jouissait la bouche ouverte en rond, un trou noir ; et sa peau avait une odeur douceâtre, vaguement écoeurante, qui m'excitait à la folie. Comment décrire ces sensations à qui ne les a pas connues ? Au début, lorsque ça entre, c'est parfois difficile, surtout si c'est un peu sec. Mais une fois dedans, ah, c'est bon, vous ne pouvez pas imaginer. Le dos se creuse et c'est comme une coulée bleue et lumineuse de plomb qui vous emplit le bassin et remonte lentement la moelle pour vous saisir la tête et l'effacer. Cet effet remarquable serait dû, paraît-il, au contact de l'organe pénétrant avec la prostate, ce clitoris du pauvre, qui, chez le pénétré, se trouve tout contre le rectum, alors que chez la femme, si mes notions d'anatomie sont exactes, elle s'en trouve séparée par une partie de l'appareil reproducteur, ce qui expliquerait pourquoi les femmes , en général, semblent si peu goûter la sodomie, ou alors seulement comme un plaisir de tête. Pour les hommes, c'est autre chose ; et je me suis souvent dit que la prostate et la guerre sont les deux dons de Dieu à l'homme pour le dédommager de ne pas être femme."  J-Litell-2.jpg

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Dimanche 2 mars 2008 7 02 /03 /Mars /2008 14:31

Avertissement . Des contraintes professionnelles et éditoriales font qu'à compter de ce jour et pour quelques semaines, je ne serai plus en mesure d'assurer le quotidien de ce blog qui deviendra provisoirement hebdomadaire. Merci de votre compréhension.

Pornographie. Le sexe à portée de toutes les bourses.

portraits.jpg Femme. Belle créole : on a envie de mettre les mains partout, et il y a tant de rotondités à caresser qu'on se prend parfois à regretter de n'être pas poulpe géant..

Ophtalmologie. J'ai la vue qui baisse. Quand on dit ça, on croirait presque à une contrepéterie, mais il n'y a rien... On s'attend à quelque chose comme "J'ai la fesse qui pue" ou "j'ai vessie qui a bu"...

Entretien. Soyez bref, la mort m'attend.

Amour-propre. Il tombe, il dit qu'il a glissé.

Sport. Coupe du monde : il y a en a qui s'en foutent.

Météo. Chaleur, moiteur, torpeur, stupeur... Equateur.

Samedi soir. Alons dire bonsoir à ces dames, les putains du Surinam, en petite robe noire sous les acacias du boulevard, si sombres et si menues qu'elles se fondent dans l'ombre des feuillages.

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Samedi 1 mars 2008 6 01 /03 /Mars /2008 09:55

Bagne. La Guyane comme une immense prison : prison des maisons grillagées, comme Saint-Laurent du Maroni prisonnier de son cul-de-sac routier, prisonnier de la forêt qui nous cerne et nous étouffe, comme le territoire tout entier simplement relié au reste du monde par le fil ténu des lignes aériennes et téléphoniques, si fragiles...

Solitude. Je compte les jours comme Robinson sur son île mais je n'ai même pas l'espoir d'un Vendredi.

Utopie. Penser le réel, c'est d'abord rêver l'impossible.

Savoir-vivre. Ne pas dire " J'aime baiser en partouze", mais " J'aime les soirées conviviales". Ne pas dire " J'aime le cul des femmes", mais " Je suis très sensible à la plastique féminine". Ne pas dire "Je déteste baiser avec une capote", mais "Les matières synthétiques altèrent les relations humaines". Ne pas dire "Je te rappelle pour qu'on baise ensemble", mais "Je te contacterai dès que je serai disponible". Ne pas dire "J'en suis à mon troisième  mariage", mais "" Je cherche encore l'âme soeur". Ne pas dire "J'ai trois enfants à charge" mais " J'ai des responsabilités". Ne pas dire "Tu me fais bander", mais "J'ai un projet". Ne rien dire. 

Fait divers. Suicide d'un enseignant sur le haut-Maroni. Que croyez-vous qu'il fit ? Il se noya. 

Météo. Iracoubo. 23 décembre 1997, 4h30 du matin. 26 degrés Celsius.

Citation de Michel Tournier extraite de "Gaspard, Melchior et Balthazar". ( Gaspard, roi de Méroé)
         portraits-1.jpg " Dans ce sombre palais de basalte et d'ébène, les femmes africaines de mon harem se confondaient avec les murs et les meubles. Mieux, leurs corps aux formes dures et parfaites s'apparentaient à la matière de leur environnement. On pouvait les croire taillées dans l'acajou, sculptées dans l'obsidienne. Avec Biltine ( esclave blanche et blonde) il me semblait que je découvrais la chair pour la première fois. Sa blancheur, sa roseur, lui donnaient une capacité de nudité incomparable. "Indécente" : tel était le jugment sans appel tombé des lèvres de Kalhaha ( la favorite noire). J'étais bien de son avis, mais c'était précisément ce qui m'attirait le plus chez mon esclave. Même dépouillé de tout vêtement, le Noir est toujours habillé. Biltine était toujours nue, même couverte jusqu'aux yeux. Cela va si loin, que rien ne sied mieux  à un corps africain que des vêtements de couleur vives, des bijoux d'or massif, des pierres précieuses, tandis que ces mêmes choses, disposées sur le corps de Biltine, paraissaient lourdes et empruntées, et comme contrariant sa vocation à la pure nudité (...) Mais pourquoi fallait-il que je ne pusse rien voir de son corps sans découvrir quelque chose du mien ? Ma main sur son épaule, ma tête entre ses seins, mes jambes entre ses jambes, nos flancs serrés, c'était ivoire et bitume ! Dès que mes travaux amoureux se relâchaient, je m'abîmais dans la considération morose de ce contraste."
Pas mal, pas mal du tout...   

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Mercredi 27 février 2008 3 27 /02 /Fév /2008 10:28

C'est un fait divers lu au détour d'une page d'un quotidien régional qui, comme souvent, m'a donné l'idée d'écrire cette histoire. ( Vous trouverez trace de ce fait divers à la fin de la nouvelle). Ce texte n'a jamais été publié et n'a pas encore trouvé place dans mes recueils à venir. J'en ai commencé l'écriture en 1991. Le premier jet a été abandonné pendant plus de 10 ans puis repris, remanié jusqu'à atteindre sa forme définitive en 2002. 

Les portraits sans visage
à Nadine D.
Première partie.
    "- Il faut reconnaître qu'elle était discrète, on peut même dire secrète. Et assez jolie.
    C'était la vieille qui parlait, d'une voix délabrée mais tendre.
    On m'avait placé en bout de table, un peu à l'écart. J'avais beaucoup hésité avant d'accepter cette invitation tardive. En arrivant au château, je m'attendais à retrouver quelques visages familiers, mais à l'exception du baron, désormais impotent et presque sourd, ils m'étaient tous quasiment inconnus.
      - Elle est restée ici une année entière, tout le temps de la maladie de Thérèse... C'est elle qui s'est occupée des enfants : le garçon avait quatre ans et la petite savait à peine marcher. C'est Maurice qui l'a trouvée en passant une petite annonce dans le journal... À l'époque, elle devait avoir dix-sept ans, pas plus...
       Tout en parlant, la baronne faisait rouler sous ses doigts la double rangée de perles de son collier posé sur la peau presque translucide de son cou flétri. Au rappel de ce passé douloureux, Thérèse avait baissé les yeux vers son assiette, fuyant les regards brusquement posés sur sa silhouette malingre et ses lèvres trop rouges. Elle n'avait jamais dû être belle, ni désirable. La maladie l'avait définitivement enlaidie. À ses côtés, Maurice, son mari, continuait de manger, indifférent et jovial, arborant avec arrogance l'embonpoint satisfait des héritiers.
       Du fond de son fauteuil, le baron ne me quittait pas des yeux.
       Assise à la droite de la baronne, comme blottie dans l'ombre de ses rondeurs maternelles, il y avait Jeanne, vieille fille aux pommettes luisantes et rondes, à la robe d'un violet presque noir, aux petits yeux cruels de rapace à l'affût. Jeanne qui de sa vie n'avait jamais chanté que des cantiques, qui ne connaissait de corps d'homme que celui du Christ en croix, chair tourmentée dans l'extase qui ne pouvait être que souffrance. On venait de nous présenter le plateau de fromages, et les enfants avaient quitté la table. Ils étaient grands maintenant, et aussi taciturnes que leur mère. Tout enveloppée de graisse, la baronne poursuivait une conversation feutrée avec son régisseur.  
       En face de moi, un vieux monsieur en veste de velours côtelé et portant lunettes à monture dorée, avait jusque là mangé avec silence et parcimonie. Après avoir vidé lentement son verre de bourgogne, posé sa serviette pliée à côté de son assiette de porcelaine, il m'adressa soudain la parole, comme s'il avait deviné mon impatience.
        - Je l'ai connue bien avant, par hasard, quand elle était encore enfant, une enfant plutôt malheureuse... À cette époque, ses parents vivotaient sur une ferme, pas très loin d'ici... Juste des métayers... Du genre à n'appeler le vétérinaire qu'en dernière extréminé, quand il est déjà trop tard. Je me souviens très bien  de cette fillette maigre, agenouillée sur l'arête d'une bûche de bois, en pénitence, les jambes meurtries... On venait de la fouetter avec des orties ! Pourquoi ? Vous allez rire : figurez-vous qu'elle avait été surprise à se laisser embrasser par un gamin de la ferme voisine ! Des enfantillages ! Elle avait à peine dix ans, comme son petit amoureux. J'étais venu pour un vêlage difficile, presque désespéré... Et les parents étaient plus préoccupés de la santé de leur vache que de la douleur de leur fille, à genoux, oubliée en plein vent, tout juste vêtue d'une courte robe de coton rouge... Mais elle ne pleurait pas. D'ailleurs, je ne l'ai jamais vue pleurer, ni entendue se plaindre...
        Mais après un regard furtif vers le fauteuil du baron, il retomba dans un mutisme obstiné dont aucune de mes questions ne put le départir. Les autres convives m'ignoraient avec ostentation : ni le notaire accompagné de son exubérante épouse, ni de lointains cousins qui avaient fait fortune dans la quincaillerie, ne m'avaient adressé la parole ou gratifié d'un regard depuis leur poignée de main distraite lorsque que je leur avais été présenté par le baron sur la terrasse dominant le parc. Ils devaient se demander les raisons de ma pésence à cette table... Et puis la plupart d'entre eux ne l'avaient pas connue, ils ignoraient jusqu'à son existence. Son nom même leur était étranger. 
       Après le déjeuner, ils se dispersèrent dans le parc, les uns vers les étangs,  les autres sous les frondaisons des marronniers... En cette après-midi de Pentecôte, il soufflait un léger vent du sud qui, joint au soleil, faisait peser sur la campagne une moiteur presque estivale. On avait poussé le fauteuil de baron devant les grandes baies ouvertes. Nous étions seuls tous les deux, abandonnés en quelque sorte. D'un geste lourd, il m'invita à prendre place à ses côtés. malgré son infirmité, il avait gardé une voix paisible. Il contemplait le ciel sans nuages."
à suivre... 
Pour illustrer cette première partie, j'ai choisi ce dessin d'Alex Varenne ( reconnaissable à sa technique très particulière dans l'emploi  des ombres et du noir et blanc). Certes la fille paraît plus âgée que la fillette de la nouvelle, mais j'imagine bien la scène comme ça...
Varenne.jpg  Deuxième partie
       " -C'est moi qui ai personnellement tenu à ce que vous soyez ici aujourd'hui. Je ne sais pas ce qu'ils ont pu vous dire, mais de grâce, oubliez le. Il ne faut pas accorder une importance excessive aux souvenirs ; la mémoire est trop sélective, elle passe presque toujours à côté de l'essentiel... 
      Je reconnaissais bien là le scepticisme qui m'avait séduit lors de notre première rencontre quinze années auparavant. À cette époque, il était encore valide, même si son oreille donnait déjà des signes de faiblesse. Il agita une clochette et, quelques instants plus tard, un vieux domestique se présenta.
      - Monsieur le Baron m'a appelé ?
     - Vous allez accompagner Monsieur là-haut... Et pas un mot de tout ceci à Madame la Baronne. Tenez, c'est pour vous ! Peut-être que vous comprendrez mieux.
       Il me tendit une grosse clef, chaude encore, comme si elle ne quittait jamais les poches de sa veste de laine.
       Nous avons emprunté des escaliers, de plus en plus étroits à mesure que nous montions vers les combles, traversé des salons aux meubles habillés de housses blanches, longé des couloirs froids et sombres. Le domestique parlait comme un guide :
       - Treize chambres à chaque étage. Chacune dispose d'un cabinet de toilette particulier... Et d'un boudoir. Les salons ne sont ouverts que l'été, lorsque Monsieur Maurice reçoit des amis...
        - Et le personnel ? Je veux dire les employés du château ?
        - Ils sont logés dans les mansardes, à l'exception du régisseur qui occupe une maison à l'entrée du parc.
         - Et vous, cela fait longtemps que vous êtes ici ?
         - Dix ans, Monsieur... Mais avant, j'étais déjà au service de Monsieur le Baron, du temps où son nom faisait encore autorité.
          Il s'était arrêté devant une porte basse, au bout d'un couloir aux murs écaillés.
          - C'est ici.
          La serrure était un peu récalcitrante. En poussant la porte, une épaisse bouffée de chaleur sèche s'engouffra dans la pénombre du couloir. Nous étions sous les toits. Une dizaine de lucarnes éclairaient le plancher. C'était une longue pièce, parfaitement rangée, sans aucune trace de l'abandon poussiéreux qui règne habituellement dans ce genre d'endroit. Tout au fond, des armoires, des lits démontés, étaient adossés au mur du pignon. Sous un pan d'ardoises, quelques chaises cannées semblaient attendre le public d'un spectacle. Et, sur les poutres de la charpente de chêne, comme aux cimaises d'un musée, était accrochée une collection de tableaux anciens. La dorure des cadres en était ternie. Mais  toutes les toiles avaient été mutilées : portraits d'ancêtres aux yeux crevés, paysages et natures mortes lacérées au rasoir ou éclaboussés de peinture blanche... Toute l'histoire défigurée au château défilait devant mes yeux, les heures de gloire avec les aïeux en tenue d'apparat et perruque poudrée, avec les vainqueurs de batailles dérisoires en grand uniforme au coeur du combat...
          - Que signifie tout ceci ? demandai-je au domestique resté prudemment près de la porte.
          - Pendant la dernière guerre, le château a servi de résidence à l'état-major allemand. À la libération, ils ont saccagé tout ce qu'ils ne pouvaient pas emporter. Une sorte de frénésie de la destruction... Mais je ne crois pas que c'est cela que Monsieur le Baron voulait vous montrer. regardez, là-bas, tout au fond, il y a deux tableaux qui devraient vous intéresser...
           Les deux toiles, de dimension modeste, n'étaient pas encadrées et leur facture rappelait maladroitement Modigliani. La première était un simple portrait de jeune fille aux cheveux noirs. Un jaillissement de lumière éclairait son visage, mais les yeux et la bouche avaient été grossièrement découpés si bien que ce portrait n'était plus qu'un masque sans vie. La seconde toile, un peu plus grande, représentait aussi une jeune fille, mais allongée nue sur un canapé de velours rouge. le peintre l'avait faite poser dans une attitude légèrement obscène qui découvrait son ventre d'adolescente. Sur sa poitrine encore menue, sa main esquissait une caresse. Cependant, tout le visage était griffé de profonds sillons, comme s'ils avaient été tracés dans la peinture encore humide, comme si le peintre avait été pris d'un brusque remords. J'avais détourné les yeux, saisi par l'indicible angoisse de la révélation. Elle était là, comme je ne l'avais jamais vue, fragile et sans défense. Malgré l'absence de regard, malgré la confusion des traits, je l'avais reconnue. C'était à la fois une douleur et un soulagement.
          Le domestique s'était approché d'une lucane et, de son observatoire, il surveillait les allées et venues dans le parc ensoleillé.
          - Voilà Madame la Baronne qui revient vers le château avec ses invités : il faut partir d'ici !
         - Qui est l'auteur de ces deux toiles ?
         - Je ne sais pas, Monsieur... Je ne l'ai jamais su.
         Et il m'entraîna de nouveau dans le dédale des couloirs et des escaliers.
( à suivre...)
Pour illustrer cette seconde partie de la nouvelle, j'ai choisi "l'Origine du Monde" de Courbet qu'on ne présente plus.
origine_du_monde.jpg
      Dernière partie.

       Lors de notre ultime rencontre, elle était arrivée avec la même ponctualité scrupuleuse. Les saphirs de son collier luisaient comme le regard d'un chat siamois posé sur le hâle de sa peau gorgée de soleil. Elle était vêtue d'une robe pourpre et, malgré la chaleur de juillet, elle avait mis des bas, pour me faire plaisir... Cet été-là, son visage commençait à être connu : elle avait déjà posé pour quelques campagnes publicitaires de lingerie et allait bientôt faire la une d'un magazine féminin.
      Tard dans l'après-midi, au coeur de la chaude pénombre des rideaux tirés devant les fenêtres ouvertes, les plages de sa peau de miel ensoleillaient le lit. Couchée sur le ventre, les reins abandonnés, elle finissait un yaourt nature. Une fois encore, elle s'était offerte, sans aucune retenue. J'avais goûté l'eau de ses lèvres, l'ambre de son ventre nu. Dans les replis du drap flottait encore le souvenir de nos désirs assouvis...
       Mais, à aucun moment, je n'étais parvenu à croiser son regard. Elle s'était cloîtrée dan un silence inquiétant, à peine troublé par les gémissements du plaisir. D'un geste brusque, elle laissa retomber sa cuillère dans le pot vide.
        - Voilà, c'est fini ! soupira-t-elle, enfouissant sa tête entre les oreillers.
        - Tu en veux un autre ?
        - Non, ni yaourt, ni autre chose... On ne se reverra plus.
        Je redoutais ces mots. Pourtant, j'avais naïvement espéré qu'elle ne les prononcerait jamais, même si, depuis le premier jour, je savais que notre relation ne pouvait être qu'éphémère, rencontre fortuite de deux solitudes. Dans un mouvement plein de grâce, elle s'était tournée vers moi, livrant à mon regard les secrets de ses cuisses entrouvertes, mais l'éclat de ses prunelles de jais arrêta mes doigts vagabonds.
          - Attends un peu ! souffla-t-elle en refermant sur ma main l'étau de ses jambes. Parle-moi encore du château.
          De nouveau, je lui ai raconté les marronniers du parc, le déjeuner au grand salon, l'impotence du baron, l'étrange monologue du vieux vétérinaire... Elle m'écoutait, les yeux au plafond, déjà absente, perdue dans les volutes de la cigarette qu'elle laissait se consumer entre ses doigts.
           - As-tu parlé au régisseur ?
          - Très peu. Il se souvenait vaguement d'une jeune fille qui faisait chaque soir une promenade près des étangs... Par contre, il se rappelait très bien le labrador que tu tenais en laisse. En fait, il m'a surtout parlé du chien.
           Elle marqua un très long silence avant d'écraser sa cigarette dans le pot à yaourt vide.
          - Et Maurice ?
          - Il a soigneusement évité de se trouver seul avec moi, sa soeur Jeanne aussi d'ailleurs.
          Elle avait aussitôt allumé une nouvelle cigarette dont la fumée flottait comme un rideau  au-dessus du lit.
          - Je suis sûre que tu ne m'as pas tout dit !
          - Le baron a tenu à ce que je voie les peintures du grenier.
          Elle avait libéré ma main prisonnière de ses cuisses et s'était assise au bord du lit. Elle me tournait le dos.
          - Au début, j'ai refusé de poser pour Maurice. J'étais là pour m'occuper des enfants, pas pour servir de modèle au rabais... Sa femme était dans une clinique, très loin, en Suisse je crois. Maurice venait passer tous les week-ends au château... C'est Jeanne qui m'a convaincue d'accepter. Il a commencé par des portraits très sages, et puis, au fil des dimanches, il est devenu plus exigeant, jusqu'à ce que je pose nue dans un des salons du premier étage... Je me souviens encore de ce jour de Pâques : ils étaient tous partis à la messe, avec les enfants. Tous, sauf Maurice et moi. Et je me suis retrouvée devant lui. Je venais d'avoir dix-sept ans, il pleuvait... Maurice a posé une dizaine de billets sur un guéridon à côté du canapé. Je n'oublierai jamais son regard qui me parcourait tout entière, dans les moindres détails... Ses doigts étaient brûlants, ou peut-être que l'angoisse m'avait glacée. C'était la première fois qu'on posait la main sur mon ventre, la première fois que je voyais vraiment un homme. Je sais que j'ai pleuré, mais c'était plus l'humiliation que la douleur.. Pourquoi as-tu fait ça ? Je t'avais pourtant demandé de ne pas y aller ! Tu me l'avais promis !
          Maintenant, elle se rhabillait en toute hâte, le visage défait, indifférente au désordre de ses boucles brunes, à la pâleur de ses lèvres, au désespoir de ses yeux.
         - Tu sais que tu es un beau salaud ! lança-t-elle en écartant les rideaux.
         Un flot de lumière blanche inonda la chambre et, comme une vague, toute la torpeur de l'après-midi déferla sur le lit solitaire. Elle était partie.
                                                             .../...
          Quelque mois plus tard, à la rubrique "Faits divers : incidents et accidents" du journal local, parut l'article suivant :
          " Incendie au château de F***
            Dans la nuit du vendredi 18, vers 3 heures du matin, un incendie s'est déclaré au dernier étage du château de F***, monument classé et propriété depuis trois siècles de la famille L**. Grâce à l'intervention rapide des sapeurs-pompiers, le sinistre a pu être rapidement circonscrit, évitant ainsi qu'il ne se propage aux étages inférieurs, et plus particulièrement au rez-de-chaussée qui abrite une collection inestimable de verres gravés et de meubles du XVIIIème siècle. Le feu n'a détruit qu'une partie des combles et de la toiture. Même si l'hypothèse d'un court-circuit semble la plus probable, une enquête a été ouverte pour déterminer les causes exactes du sinistre."
                                                        FIN.
barbe.jpg

       Pour terminer en beauté, voici un dessin de Barbe, plus connu pour ses dessins humoristiques mais qui peut aussi faire ça !
  
         

Par michel koppera - Publié dans : inédits
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Mardi 26 février 2008 2 26 /02 /Fév /2008 17:22
Les mots définitifs de Notre Président au salon de l'agriculture m'ont inspiré ce détournement d'une récente couverture du Nouvel Obs : semaine du 7 au 13 février 2008. 26-f-vrier-2008.jpg
Par michel koppera - Publié dans : au jour le jour
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