Mercredi 12 mars 2008 3 12 /03 /Mars /2008 16:59

Avant de devenir Michel Koppera, l'enfant, l'adolescent puis l'homme que j'étais rencontra de nombreuses femmes. Il en connut certaines plus intimement et partagea parfois leur vie pendant quelques semaines, quelques mois et pour certaines quelques années... Michel Koppera a conservé intacte la mémoire de ces rencontres. Pour chacune, il a composé un quatrain en hommage à leur corps ( et pour certaines d'entre elles, il s'est même permis de noter sur son journal des détails de leur anatomie et de leurs partiques sexuelles). C'est cette anthologie composée de 30 quatrains que je vous propose.
Quatrain 1. (Marie avait 5 ans, j'en avais 6. Ce fut ma première vision du sexe féminin)
" Marie, à genoux
Renouant ses lacets
La culottte écartée
Découvrait tout." 
Quatrains 2 3et 4
. ( Martine, compagne de jeux de 12 à 15 ans. Poitrine ronde, aux seins assez volumineux. Sexe aux poils noirs, très serrés. Goût inconnu, non léchée. Pénétrée avec les doigts et masturbée avec le bout du gland. Grandes lèvres boursoufflées par le désir. Sa grande soeur Maryse se mêlait parfois à nos jeux érotiques, ainsi qu'une voisine blonde prénommée Yolande)
" Martine au moulin                    Maryse, sa soeur                   Yolande en robe à carreaux
Sur les sacs de farine                  Sous les pupitres                      Et jarretelles noires
Me branlait la pine                      Me montrait sa fleur                En hiver un soir
Qu'elle tenait d'une main.          Au premier chapitre                Me suça le pipeau."
Quatrain 5 et 6
. ( Brigitte, une petite voisine de 12 ans , qui faisait payer 5 centimes pour montrer aux garçons les poils de son cul dans la cabane à outils du jardin familial. Quant à ma cousine Marie-France, à 15 ans elle faisait ça gratuitement et nous branlait en plus )
" Brigitte gardait la pose                       Marie-France ma cousine
Et montrait trois poils                            Au fond du jardin
Sous le mince voile                                 Jouait les putains
De sa jupe rose                                       En tenant ma pine"
Quatrains 7, 8 9.
(Amours adolescentes de quelques semaines estivales) 
"Sylviane à peine pubère                Isabelle dans la paille              Ma voisine dans les bois
Fouillait mon short                           Ecartait les cuisses                   Me prenait la main
Et fermait la porte                           Jusqu'à ce que glisse                 Pour toucher ses seins
Pour toucher la chair                       Ma main sur sa taille                 Aux mamelons froids."
Quatrain 10
. (Annick L. Fréquentée régulièrment de 15 à 18 ans, plus épisodiquement après. Poitrine un peu molle, peu sensible. Peau laiteuse. Sexe aux poils châtains, assez longs et abondants. Clitoris très sensible. Ferme les yeux et jouit en soupirant. Beaucoup de poils entre les fesses, mais anus inaccessible. Sexe à l'odeur de crème de beauté un peu grasse, genre Nivéa. Secrétions vaginales très abondantes et vulve s'élargissant sous les doigts)
" Annick à la boutique
Deux doigts dans le con
S'astiquait le bouton
Pendant la musique."
les-petites-filles-mod-les.jpg

Pour illustrer ces 10 premiers quatrains voici une oeuvre de J.M Poumeyrol  intitulée " les petites filles modèles" qui reprend une oeuvre de Balthus (oeuvre datée de 1942 que voici ci-dessous)
balthus_salon_1942.jpg

Par michel koppera - Publié dans : inédits
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Vendredi 7 mars 2008 5 07 /03 /Mars /2008 14:52

   Il est inutile ici de présenter l'oeuvre ( le chef d'oeuvre ? ) de Jonathan Littell. Au-delà de la litanie des horreurs qui sont déversées à longueur de chapitres dans ce monumental roman historique, se nichent quelques scènes homosexuelles d'un érotisme à la fois glacial et débridé. Comme ce court passage où le narrateur, étudiant à Berlin, s'offre une escapade dans Tiergarten, le parc gay de la capitale allemande. Nous sommes en 1937.
        gay-2.jpg " J'observai les ombres des arbres jusqu'à ce que mon regard croise celui d'un jeune homme ; je pris une cigarette, lui demandai du feu, et lorsqu'il leva son briquet, plutôt que de me pencher vers sa main, je l'écartai et jetai la cigarette, je le pris par la nuque, et je lui embrassai les lèvres, goûtant doucement son haleine. Je le suivis sous les arbres, nous nous éloignions des chemins, mon coeur, comme chaque fois, battait follement dans ma gorge et, dans mes tempes, un voile sec était descendu sur ma respiration, je dégrafai son pantalon, enfouis mon visage dans son odeur âcre faite de sueur, de peau mâle, d'urine et d'eau de Cologne, je frottai mon visage contre sa peau, son sexe et là où les poils s'épaississent, je le léchai, le pris dans ma bouche, puis lorsque je n'y tins plus je le poussai contre un arbe, me retournai sans le lâcher et l'enfonçai en moi, jusqu'à ce que le temps et la peine aient disparu. quand ce fut fini, il s'éloigna rapidement sans un mot." '( p 105, édition de poche)
      gay-3.jpg Ce qui est remarquable dans le passage que je viens de citer, c'est que tout cela est relaté en deux phrases, comme pour insister sur la rapidité, la fugacité de ce rapport à la sauvette... Les gestes s'enchaînent inexorablement, à toute vitesse. Il s'agit avant tout de faire vite !
      Intéressant également, la tentative du narrateur d'expliquer le plaisir du dominé, du pénétré. Par deux fois, il en proposera une analyse, d'abord psychologique, puis plus anatomique. Voici la première (pages 40-41 de l'édition de poche) :
       " Tout comme mes amours masculines : la réalité, je ne rougis pas de le dire, c'est que j'aurais sans doute préféré être une femme. Pas nécessairement une femme vivante et agissante dans ce monde, une épouse, une mère ; non, une femme nue, écrasée sous le poids d'un homme, agrippée à lui et percée par lui, noyée en lui en devenant la mer sans limites dans laquelle lui-même se noie, plaisir sans fin, et sans début aussi." 

Plus loin dans le roman, aux pages 291-292, on trouve ce passage avec une analyse du plaisir du pénétré :
       " Le corps solide de Partenau recelait peu de surprises ; il jouissait la bouche ouverte en rond, un trou noir ; et sa peau avait une odeur douceâtre, vaguement écoeurante, qui m'excitait à la folie. Comment décrire ces sensations à qui ne les a pas connues ? Au début, lorsque ça entre, c'est parfois difficile, surtout si c'est un peu sec. Mais une fois dedans, ah, c'est bon, vous ne pouvez pas imaginer. Le dos se creuse et c'est comme une coulée bleue et lumineuse de plomb qui vous emplit le bassin et remonte lentement la moelle pour vous saisir la tête et l'effacer. Cet effet remarquable serait dû, paraît-il, au contact de l'organe pénétrant avec la prostate, ce clitoris du pauvre, qui, chez le pénétré, se trouve tout contre le rectum, alors que chez la femme, si mes notions d'anatomie sont exactes, elle s'en trouve séparée par une partie de l'appareil reproducteur, ce qui expliquerait pourquoi les femmes , en général, semblent si peu goûter la sodomie, ou alors seulement comme un plaisir de tête. Pour les hommes, c'est autre chose ; et je me suis souvent dit que la prostate et la guerre sont les deux dons de Dieu à l'homme pour le dédommager de ne pas être femme."  J-Litell-2.jpg

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Dimanche 2 mars 2008 7 02 /03 /Mars /2008 14:31

Avertissement . Des contraintes professionnelles et éditoriales font qu'à compter de ce jour et pour quelques semaines, je ne serai plus en mesure d'assurer le quotidien de ce blog qui deviendra provisoirement hebdomadaire. Merci de votre compréhension.

Pornographie. Le sexe à portée de toutes les bourses.

portraits.jpg Femme. Belle créole : on a envie de mettre les mains partout, et il y a tant de rotondités à caresser qu'on se prend parfois à regretter de n'être pas poulpe géant..

Ophtalmologie. J'ai la vue qui baisse. Quand on dit ça, on croirait presque à une contrepéterie, mais il n'y a rien... On s'attend à quelque chose comme "J'ai la fesse qui pue" ou "j'ai vessie qui a bu"...

Entretien. Soyez bref, la mort m'attend.

Amour-propre. Il tombe, il dit qu'il a glissé.

Sport. Coupe du monde : il y a en a qui s'en foutent.

Météo. Chaleur, moiteur, torpeur, stupeur... Equateur.

Samedi soir. Alons dire bonsoir à ces dames, les putains du Surinam, en petite robe noire sous les acacias du boulevard, si sombres et si menues qu'elles se fondent dans l'ombre des feuillages.

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Samedi 1 mars 2008 6 01 /03 /Mars /2008 09:55

Bagne. La Guyane comme une immense prison : prison des maisons grillagées, comme Saint-Laurent du Maroni prisonnier de son cul-de-sac routier, prisonnier de la forêt qui nous cerne et nous étouffe, comme le territoire tout entier simplement relié au reste du monde par le fil ténu des lignes aériennes et téléphoniques, si fragiles...

Solitude. Je compte les jours comme Robinson sur son île mais je n'ai même pas l'espoir d'un Vendredi.

Utopie. Penser le réel, c'est d'abord rêver l'impossible.

Savoir-vivre. Ne pas dire " J'aime baiser en partouze", mais " J'aime les soirées conviviales". Ne pas dire " J'aime le cul des femmes", mais " Je suis très sensible à la plastique féminine". Ne pas dire "Je déteste baiser avec une capote", mais "Les matières synthétiques altèrent les relations humaines". Ne pas dire "Je te rappelle pour qu'on baise ensemble", mais "Je te contacterai dès que je serai disponible". Ne pas dire "J'en suis à mon troisième  mariage", mais "" Je cherche encore l'âme soeur". Ne pas dire "J'ai trois enfants à charge" mais " J'ai des responsabilités". Ne pas dire "Tu me fais bander", mais "J'ai un projet". Ne rien dire. 

Fait divers. Suicide d'un enseignant sur le haut-Maroni. Que croyez-vous qu'il fit ? Il se noya. 

Météo. Iracoubo. 23 décembre 1997, 4h30 du matin. 26 degrés Celsius.

Citation de Michel Tournier extraite de "Gaspard, Melchior et Balthazar". ( Gaspard, roi de Méroé)
         portraits-1.jpg " Dans ce sombre palais de basalte et d'ébène, les femmes africaines de mon harem se confondaient avec les murs et les meubles. Mieux, leurs corps aux formes dures et parfaites s'apparentaient à la matière de leur environnement. On pouvait les croire taillées dans l'acajou, sculptées dans l'obsidienne. Avec Biltine ( esclave blanche et blonde) il me semblait que je découvrais la chair pour la première fois. Sa blancheur, sa roseur, lui donnaient une capacité de nudité incomparable. "Indécente" : tel était le jugment sans appel tombé des lèvres de Kalhaha ( la favorite noire). J'étais bien de son avis, mais c'était précisément ce qui m'attirait le plus chez mon esclave. Même dépouillé de tout vêtement, le Noir est toujours habillé. Biltine était toujours nue, même couverte jusqu'aux yeux. Cela va si loin, que rien ne sied mieux  à un corps africain que des vêtements de couleur vives, des bijoux d'or massif, des pierres précieuses, tandis que ces mêmes choses, disposées sur le corps de Biltine, paraissaient lourdes et empruntées, et comme contrariant sa vocation à la pure nudité (...) Mais pourquoi fallait-il que je ne pusse rien voir de son corps sans découvrir quelque chose du mien ? Ma main sur son épaule, ma tête entre ses seins, mes jambes entre ses jambes, nos flancs serrés, c'était ivoire et bitume ! Dès que mes travaux amoureux se relâchaient, je m'abîmais dans la considération morose de ce contraste."
Pas mal, pas mal du tout...   

Par michel koppera - Publié dans : au jour le jour
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Mercredi 27 février 2008 3 27 /02 /Fév /2008 10:28

C'est un fait divers lu au détour d'une page d'un quotidien régional qui, comme souvent, m'a donné l'idée d'écrire cette histoire. ( Vous trouverez trace de ce fait divers à la fin de la nouvelle). Ce texte n'a jamais été publié et n'a pas encore trouvé place dans mes recueils à venir. J'en ai commencé l'écriture en 1991. Le premier jet a été abandonné pendant plus de 10 ans puis repris, remanié jusqu'à atteindre sa forme définitive en 2002. 

Les portraits sans visage
à Nadine D.
Première partie.
    "- Il faut reconnaître qu'elle était discrète, on peut même dire secrète. Et assez jolie.
    C'était la vieille qui parlait, d'une voix délabrée mais tendre.
    On m'avait placé en bout de table, un peu à l'écart. J'avais beaucoup hésité avant d'accepter cette invitation tardive. En arrivant au château, je m'attendais à retrouver quelques visages familiers, mais à l'exception du baron, désormais impotent et presque sourd, ils m'étaient tous quasiment inconnus.
      - Elle est restée ici une année entière, tout le temps de la maladie de Thérèse... C'est elle qui s'est occupée des enfants : le garçon avait quatre ans et la petite savait à peine marcher. C'est Maurice qui l'a trouvée en passant une petite annonce dans le journal... À l'époque, elle devait avoir dix-sept ans, pas plus...
       Tout en parlant, la baronne faisait rouler sous ses doigts la double rangée de perles de son collier posé sur la peau presque translucide de son cou flétri. Au rappel de ce passé douloureux, Thérèse avait baissé les yeux vers son assiette, fuyant les regards brusquement posés sur sa silhouette malingre et ses lèvres trop rouges. Elle n'avait jamais dû être belle, ni désirable. La maladie l'avait définitivement enlaidie. À ses côtés, Maurice, son mari, continuait de manger, indifférent et jovial, arborant avec arrogance l'embonpoint satisfait des héritiers.
       Du fond de son fauteuil, le baron ne me quittait pas des yeux.
       Assise à la droite de la baronne, comme blottie dans l'ombre de ses rondeurs maternelles, il y avait Jeanne, vieille fille aux pommettes luisantes et rondes, à la robe d'un violet presque noir, aux petits yeux cruels de rapace à l'affût. Jeanne qui de sa vie n'avait jamais chanté que des cantiques, qui ne connaissait de corps d'homme que celui du Christ en croix, chair tourmentée dans l'extase qui ne pouvait être que souffrance. On venait de nous présenter le plateau de fromages, et les enfants avaient quitté la table. Ils étaient grands maintenant, et aussi taciturnes que leur mère. Tout enveloppée de graisse, la baronne poursuivait une conversation feutrée avec son régisseur.  
       En face de moi, un vieux monsieur en veste de velours côtelé et portant lunettes à monture dorée, avait jusque là mangé avec silence et parcimonie. Après avoir vidé lentement son verre de bourgogne, posé sa serviette pliée à côté de son assiette de porcelaine, il m'adressa soudain la parole, comme s'il avait deviné mon impatience.
        - Je l'ai connue bien avant, par hasard, quand elle était encore enfant, une enfant plutôt malheureuse... À cette époque, ses parents vivotaient sur une ferme, pas très loin d'ici... Juste des métayers... Du genre à n'appeler le vétérinaire qu'en dernière extréminé, quand il est déjà trop tard. Je me souviens très bien  de cette fillette maigre, agenouillée sur l'arête d'une bûche de bois, en pénitence, les jambes meurtries... On venait de la fouetter avec des orties ! Pourquoi ? Vous allez rire : figurez-vous qu'elle avait été surprise à se laisser embrasser par un gamin de la ferme voisine ! Des enfantillages ! Elle avait à peine dix ans, comme son petit amoureux. J'étais venu pour un vêlage difficile, presque désespéré... Et les parents étaient plus préoccupés de la santé de leur vache que de la douleur de leur fille, à genoux, oubliée en plein vent, tout juste vêtue d'une courte robe de coton rouge... Mais elle ne pleurait pas. D'ailleurs, je ne l'ai jamais vue pleurer, ni entendue se plaindre...
        Mais après un regard furtif vers le fauteuil du baron, il retomba dans un mutisme obstiné dont aucune de mes questions ne put le départir. Les autres convives m'ignoraient avec ostentation : ni le notaire accompagné de son exubérante épouse, ni de lointains cousins qui avaient fait fortune dans la quincaillerie, ne m'avaient adressé la parole ou gratifié d'un regard depuis leur poignée de main distraite lorsque que je leur avais été présenté par le baron sur la terrasse dominant le parc. Ils devaient se demander les raisons de ma pésence à cette table... Et puis la plupart d'entre eux ne l'avaient pas connue, ils ignoraient jusqu'à son existence. Son nom même leur était étranger. 
       Après le déjeuner, ils se dispersèrent dans le parc, les uns vers les étangs,  les autres sous les frondaisons des marronniers... En cette après-midi de Pentecôte, il soufflait un léger vent du sud qui, joint au soleil, faisait peser sur la campagne une moiteur presque estivale. On avait poussé le fauteuil de baron devant les grandes baies ouvertes. Nous étions seuls tous les deux, abandonnés en quelque sorte. D'un geste lourd, il m'invita à prendre place à ses côtés. malgré son infirmité, il avait gardé une voix paisible. Il contemplait le ciel sans nuages."
à suivre... 
Pour illustrer cette première partie, j'ai choisi ce dessin d'Alex Varenne ( reconnaissable à sa technique très particulière dans l'emploi  des ombres et du noir et blanc). Certes la fille paraît plus âgée que la fillette de la nouvelle, mais j'imagine bien la scène comme ça...
Varenne.jpg  Deuxième partie
       " -C'est moi qui ai personnellement tenu à ce que vous soyez ici aujourd'hui. Je ne sais pas ce qu'ils ont pu vous dire, mais de grâce, oubliez le. Il ne faut pas accorder une importance excessive aux souvenirs ; la mémoire est trop sélective, elle passe presque toujours à côté de l'essentiel... 
      Je reconnaissais bien là le scepticisme qui m'avait séduit lors de notre première rencontre quinze années auparavant. À cette époque, il était encore valide, même si son oreille donnait déjà des signes de faiblesse. Il agita une clochette et, quelques instants plus tard, un vieux domestique se présenta.
      - Monsieur le Baron m'a appelé ?
     - Vous allez accompagner Monsieur là-haut... Et pas un mot de tout ceci à Madame la Baronne. Tenez, c'est pour vous ! Peut-être que vous comprendrez mieux.
       Il me tendit une grosse clef, chaude encore, comme si elle ne quittait jamais les poches de sa veste de laine.
       Nous avons emprunté des escaliers, de plus en plus étroits à mesure que nous montions vers les combles, traversé des salons aux meubles habillés de housses blanches, longé des couloirs froids et sombres. Le domestique parlait comme un guide :
       - Treize chambres à chaque étage. Chacune dispose d'un cabinet de toilette particulier... Et d'un boudoir. Les salons ne sont ouverts que l'été, lorsque Monsieur Maurice reçoit des amis...
        - Et le personnel ? Je veux dire les employés du château ?
        - Ils sont logés dans les mansardes, à l'exception du régisseur qui occupe une maison à l'entrée du parc.
         - Et vous, cela fait longtemps que vous êtes ici ?
         - Dix ans, Monsieur... Mais avant, j'étais déjà au service de Monsieur le Baron, du temps où son nom faisait encore autorité.
          Il s'était arrêté devant une porte basse, au bout d'un couloir aux murs écaillés.
          - C'est ici.
          La serrure était un peu récalcitrante. En poussant la porte, une épaisse bouffée de chaleur sèche s'engouffra dans la pénombre du couloir. Nous étions sous les toits. Une dizaine de lucarnes éclairaient le plancher. C'était une longue pièce, parfaitement rangée, sans aucune trace de l'abandon poussiéreux qui règne habituellement dans ce genre d'endroit. Tout au fond, des armoires, des lits démontés, étaient adossés au mur du pignon. Sous un pan d'ardoises, quelques chaises cannées semblaient attendre le public d'un spectacle. Et, sur les poutres de la charpente de chêne, comme aux cimaises d'un musée, était accrochée une collection de tableaux anciens. La dorure des cadres en était ternie. Mais  toutes les toiles avaient été mutilées : portraits d'ancêtres aux yeux crevés, paysages et natures mortes lacérées au rasoir ou éclaboussés de peinture blanche... Toute l'histoire défigurée au château défilait devant mes yeux, les heures de gloire avec les aïeux en tenue d'apparat et perruque poudrée, avec les vainqueurs de batailles dérisoires en grand uniforme au coeur du combat...
          - Que signifie tout ceci ? demandai-je au domestique resté prudemment près de la porte.
          - Pendant la dernière guerre, le château a servi de résidence à l'état-major allemand. À la libération, ils ont saccagé tout ce qu'ils ne pouvaient pas emporter. Une sorte de frénésie de la destruction... Mais je ne crois pas que c'est cela que Monsieur le Baron voulait vous montrer. regardez, là-bas, tout au fond, il y a deux tableaux qui devraient vous intéresser...
           Les deux toiles, de dimension modeste, n'étaient pas encadrées et leur facture rappelait maladroitement Modigliani. La première était un simple portrait de jeune fille aux cheveux noirs. Un jaillissement de lumière éclairait son visage, mais les yeux et la bouche avaient été grossièrement découpés si bien que ce portrait n'était plus qu'un masque sans vie. La seconde toile, un peu plus grande, représentait aussi une jeune fille, mais allongée nue sur un canapé de velours rouge. le peintre l'avait faite poser dans une attitude légèrement obscène qui découvrait son ventre d'adolescente. Sur sa poitrine encore menue, sa main esquissait une caresse. Cependant, tout le visage était griffé de profonds sillons, comme s'ils avaient été tracés dans la peinture encore humide, comme si le peintre avait été pris d'un brusque remords. J'avais détourné les yeux, saisi par l'indicible angoisse de la révélation. Elle était là, comme je ne l'avais jamais vue, fragile et sans défense. Malgré l'absence de regard, malgré la confusion des traits, je l'avais reconnue. C'était à la fois une douleur et un soulagement.
          Le domestique s'était approché d'une lucane et, de son observatoire, il surveillait les allées et venues dans le parc ensoleillé.
          - Voilà Madame la Baronne qui revient vers le château avec ses invités : il faut partir d'ici !
         - Qui est l'auteur de ces deux toiles ?
         - Je ne sais pas, Monsieur... Je ne l'ai jamais su.
         Et il m'entraîna de nouveau dans le dédale des couloirs et des escaliers.
( à suivre...)
Pour illustrer cette seconde partie de la nouvelle, j'ai choisi "l'Origine du Monde" de Courbet qu'on ne présente plus.
origine_du_monde.jpg
      Dernière partie.

       Lors de notre ultime rencontre, elle était arrivée avec la même ponctualité scrupuleuse. Les saphirs de son collier luisaient comme le regard d'un chat siamois posé sur le hâle de sa peau gorgée de soleil. Elle était vêtue d'une robe pourpre et, malgré la chaleur de juillet, elle avait mis des bas, pour me faire plaisir... Cet été-là, son visage commençait à être connu : elle avait déjà posé pour quelques campagnes publicitaires de lingerie et allait bientôt faire la une d'un magazine féminin.
      Tard dans l'après-midi, au coeur de la chaude pénombre des rideaux tirés devant les fenêtres ouvertes, les plages de sa peau de miel ensoleillaient le lit. Couchée sur le ventre, les reins abandonnés, elle finissait un yaourt nature. Une fois encore, elle s'était offerte, sans aucune retenue. J'avais goûté l'eau de ses lèvres, l'ambre de son ventre nu. Dans les replis du drap flottait encore le souvenir de nos désirs assouvis...
       Mais, à aucun moment, je n'étais parvenu à croiser son regard. Elle s'était cloîtrée dan un silence inquiétant, à peine troublé par les gémissements du plaisir. D'un geste brusque, elle laissa retomber sa cuillère dans le pot vide.
        - Voilà, c'est fini ! soupira-t-elle, enfouissant sa tête entre les oreillers.
        - Tu en veux un autre ?
        - Non, ni yaourt, ni autre chose... On ne se reverra plus.
        Je redoutais ces mots. Pourtant, j'avais naïvement espéré qu'elle ne les prononcerait jamais, même si, depuis le premier jour, je savais que notre relation ne pouvait être qu'éphémère, rencontre fortuite de deux solitudes. Dans un mouvement plein de grâce, elle s'était tournée vers moi, livrant à mon regard les secrets de ses cuisses entrouvertes, mais l'éclat de ses prunelles de jais arrêta mes doigts vagabonds.
          - Attends un peu ! souffla-t-elle en refermant sur ma main l'étau de ses jambes. Parle-moi encore du château.
          De nouveau, je lui ai raconté les marronniers du parc, le déjeuner au grand salon, l'impotence du baron, l'étrange monologue du vieux vétérinaire... Elle m'écoutait, les yeux au plafond, déjà absente, perdue dans les volutes de la cigarette qu'elle laissait se consumer entre ses doigts.
           - As-tu parlé au régisseur ?
          - Très peu. Il se souvenait vaguement d'une jeune fille qui faisait chaque soir une promenade près des étangs... Par contre, il se rappelait très bien le labrador que tu tenais en laisse. En fait, il m'a surtout parlé du chien.
           Elle marqua un très long silence avant d'écraser sa cigarette dans le pot à yaourt vide.
          - Et Maurice ?
          - Il a soigneusement évité de se trouver seul avec moi, sa soeur Jeanne aussi d'ailleurs.
          Elle avait aussitôt allumé une nouvelle cigarette dont la fumée flottait comme un rideau  au-dessus du lit.
          - Je suis sûre que tu ne m'as pas tout dit !
          - Le baron a tenu à ce que je voie les peintures du grenier.
          Elle avait libéré ma main prisonnière de ses cuisses et s'était assise au bord du lit. Elle me tournait le dos.
          - Au début, j'ai refusé de poser pour Maurice. J'étais là pour m'occuper des enfants, pas pour servir de modèle au rabais... Sa femme était dans une clinique, très loin, en Suisse je crois. Maurice venait passer tous les week-ends au château... C'est Jeanne qui m'a convaincue d'accepter. Il a commencé par des portraits très sages, et puis, au fil des dimanches, il est devenu plus exigeant, jusqu'à ce que je pose nue dans un des salons du premier étage... Je me souviens encore de ce jour de Pâques : ils étaient tous partis à la messe, avec les enfants. Tous, sauf Maurice et moi. Et je me suis retrouvée devant lui. Je venais d'avoir dix-sept ans, il pleuvait... Maurice a posé une dizaine de billets sur un guéridon à côté du canapé. Je n'oublierai jamais son regard qui me parcourait tout entière, dans les moindres détails... Ses doigts étaient brûlants, ou peut-être que l'angoisse m'avait glacée. C'était la première fois qu'on posait la main sur mon ventre, la première fois que je voyais vraiment un homme. Je sais que j'ai pleuré, mais c'était plus l'humiliation que la douleur.. Pourquoi as-tu fait ça ? Je t'avais pourtant demandé de ne pas y aller ! Tu me l'avais promis !
          Maintenant, elle se rhabillait en toute hâte, le visage défait, indifférente au désordre de ses boucles brunes, à la pâleur de ses lèvres, au désespoir de ses yeux.
         - Tu sais que tu es un beau salaud ! lança-t-elle en écartant les rideaux.
         Un flot de lumière blanche inonda la chambre et, comme une vague, toute la torpeur de l'après-midi déferla sur le lit solitaire. Elle était partie.
                                                             .../...
          Quelque mois plus tard, à la rubrique "Faits divers : incidents et accidents" du journal local, parut l'article suivant :
          " Incendie au château de F***
            Dans la nuit du vendredi 18, vers 3 heures du matin, un incendie s'est déclaré au dernier étage du château de F***, monument classé et propriété depuis trois siècles de la famille L**. Grâce à l'intervention rapide des sapeurs-pompiers, le sinistre a pu être rapidement circonscrit, évitant ainsi qu'il ne se propage aux étages inférieurs, et plus particulièrement au rez-de-chaussée qui abrite une collection inestimable de verres gravés et de meubles du XVIIIème siècle. Le feu n'a détruit qu'une partie des combles et de la toiture. Même si l'hypothèse d'un court-circuit semble la plus probable, une enquête a été ouverte pour déterminer les causes exactes du sinistre."
                                                        FIN.
barbe.jpg

       Pour terminer en beauté, voici un dessin de Barbe, plus connu pour ses dessins humoristiques mais qui peut aussi faire ça !
  
         

Par michel koppera - Publié dans : inédits
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Mardi 26 février 2008 2 26 /02 /Fév /2008 17:22
Les mots définitifs de Notre Président au salon de l'agriculture m'ont inspiré ce détournement d'une récente couverture du Nouvel Obs : semaine du 7 au 13 février 2008. 26-f-vrier-2008.jpg
Par michel koppera - Publié dans : au jour le jour
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Mardi 26 février 2008 2 26 /02 /Fév /2008 09:19

Elections. Dans moins de deux semaines, on vote. Déposer son bulletin dans l'urne, comme son sperme dans le vagin d'une poupée gonflable... En vain. Ils ne tiendront pas leurs promesses, et on fera semblant d'avoir oublié. Tout cela n'est pas très sain.

Elections toujours. En 1997, Le Président de la République avait dissous l'assemblée, ou plutôt "dissolu" et  la droite s'était fait "Chirakiri".

Bonheur. Les bons sentiments, c'est comme les mangues : c'est savoureux, mais ça ne dure que le temps d'une saison et ça voyage plutôt mal.

Amour-propre. Moi, ce qu'il me plaît de faire, c'est précisément ce qui ne se fait pas.

fonteriz.jpg Voisinage. Au Brésil, nos voisins de palier, c'était un couple : elle métisse plutôt blanche, lui franchement noir. Et pas du tout causants. Ils passaient leurs journées entières enfermés dans leur chambre, ils ne sortaient que pour manger, et encore... Du balcon, on les voyait ( ou plutôt on les devinait) entièrement nus sur le lit. Ils devaient passer leur temps à se caresser, se branler et baiser. Ils ne faisaient pas de bruit, ils étaient jeunes. Quand ils sortaient prendre l'air, elle avait le feu aux joues, lui restait impassible et muet.

Impressions de Guyane. Maisons grillagées et surprotégées, abondance de légumes et de fruits au marché, omniprésence de la police et de l'armée, femmes somptueuses, cocaïne et crack à tous les coins de rue, poissons du fleuve majestueux, agressions et braquages, musiques métissées, soleil lourd et pluie de plomb... 

Pluie. Averse tropicale de l'après-midi. La pluie tombe avec une telle violence qu'il semble que tout doive être écrasé, humilié par les gouttes d'eau lourdes comme des perles de mercure transparent.

Arbre. Le grand lustre aux cristaux d'émeraude du manguier

Par michel koppera - Publié dans : au jour le jour
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Lundi 25 février 2008 1 25 /02 /Fév /2008 10:00

Edité pour la première fois entre 1880 et 1885 à Bruxelles, cet assez  long roman  (250 pages) met en scène les grands classiques de l'érotisme de la 3ème République, à savoir la femme, le mari, les amants, les maîtresses, sans oublier quelques touches de lesbianisme. Rien que du déjà vu, s'il n'y avait, en fin de récit, une hallucinante scène où Julia, le personnage central de cette histoire, délaissée par son époux se laisse tenter par une "aventure" avec un de ses serviteurs... Mais pas n'importe lequel, puisque ce dernier est noir. L'auteur va pouvoir se lâcher et nous asséner tous les poncifs du racisme bas de gamme, tel qu'il pouvait avoir cours à la fin du XIXème siècle ( n'oublions pas qu'à cette époque, la France se construisait son empire colonial en Afrique, et que tout était bon pour justifier cette conquête ). L'extrait que je vous propose est un bon exemple d'une conception raciale (et raciste) des rapports humains. ( Pardonnez-moi si je rapporte la scène in-extenso, mais je crois que ça en vaut la peine. Les passages en italiques, c'est moi qui les souligne) Accrochez-vous, c'est parti :
" Le jour avait baissé, le temps était orageux, la jeune femme allongée sur sa chaise longue, à demi vêtue d'un peignoir de mousseline, regardait dans le vague, quand tout à coup la porte s'ouvrit et Patrick, le cocher muet qui conduisait la voiture du sphinx, entra portant un flambeau. 
Patrick avait vingt-cinq ans ; c'était un superbe Noir n'ayant ni le nez épaté, ni les énormes lèvres de ses congénères.
Il ne parlait pas, mais il n'était pas sourd. (...) 
- Le fait est, dit Julia, qu'il y a de beaux nègres. Question de coloris à part, celui-ci est superbe.
Patrick, grand, élancé, l'air intelligent, ne représentait nullement le type bestial de la plupart de ses congénères.
Une pensée bizarre , abracadabrante, germait dans le cerveau fatigué de souffrir de Mme de Corriero et affolait ses sens las de ne plus vibrer.
- Au bout du compte, avec un être de cette catégorie, cela ne tire pas à conséquence, se dit-elle.
Patrick avait été élevé chez le général qui l'avait rapporté d'on ne sait où et lui avait fait donner une certaine instruction.
- Patrick, dit-elle tout à coup.
Le nègre qui se retirait se retourna.
- Mets-toi là, fit-elle en lui désignant du doigt la peau d'ours sur laquelle reposaient ses pieds.
Le nègre fixa sur sa maîtresse un regard étonné et obéit ; alors Julia s'amusa à passer sa main dans sa chevelure crépue, ce qui émut beaucoup Patrick ; il pâlissait sous son noir et ses yeux s'injectaient de sang. Julia après avoir promené ses doigts effilés dans cette toison, en respira les senteurs et fut étonnée de ne pas les trouver désagréables.
Alors, elle se pencha sur la tête du jeune homme et déposa un baiser sur son front.
Patrick, absolument interloqué, se mit à trembler.
- Va fermer la porte, commanda Julia.
Patrick obéit et, de plus en plus interdit, resta debout dans un coin.
- Viens ici et mets-toi près de moi.
Le Noir s'approcha. Alors Julia tendant le pied lui fit signe de la déchausser. Quand les souliers furent ôtés, elle lui montra les bas, que cette femme de chambre d'un nouveau genre enleva également en prenant mille précautions pour ne pas effleurer de sa peau noire les jambes nues de sa jeune maîtresse. Après les bas, ce fut le tour de la robe, des jupons ; il n'y eut bientôt plus que la chemise. 
Alors Julia fit signe à Patrick d'ôter son habit, puis son gilet, puis... son pantalon, ce qui ne s'effectua pas sans une certaine résistance.
- Je veux, dit Julia.
Le Noir, accoutumé à une soumission passive, obéit
presque en pleurant et se disant que le chagrin avait sans doute dérangéle cerveau de Madame.
J-kazandjian.jpg Les chaussures du nègre durent rejoindre sa culotte. Quand il ne lui resta plus sur le corps que la chemise, Julia, d'un geste nerveux, se déshabilla, lui fit enlever son dernier vêtement, et se trouva en face d'une belle statue d'ébène, qui la contempla avec des yeux dans l'expression desquels le respect commençait à battre en retraite devant les désirs sexuels.
Ses mains restaient inactives, mais son instrument d'amour se dressait, long, fort, bien fait, rempli de promesses.
Julia, après l'avoir pendant un moment considéré, posa ses lèvres sur celles de Patrick qui sentit décidément le respect battre absolument en retraite et comprit quel était le doux service qu'on attendait de lui.
Aime-moi, comme si  j'étais une de tes compatriotes, dit Julia.
Patrick baissa la tête et se précipita à genoux en signe de soumission, puis il embrassa les pieds, les jambes de la jeune femme, tout en agitant son torse, pour marquer son contentement. Après quoi, il la prit dans ses bras, comme une enfant, la berça, couvrit ses seins de baisers, et... Julia sentit se réveiller en elle un désir de jouissance étrange, bizarre ; ses lèvres se posèrent sur la peau noire de Patrick sans éprouver aucun sentiment de dégoût, puis avec une sorte de plaisir.
Patrick était muet, sans cela il eût murmuré une onomatopée originale au possible. Bientôt un feu brûlant succéda aux frissons qui passaient sur la peau de Mme de Corriero. Patrick eût fait rougir un couvent de carmes, par sa belle prestance. D'un geste indescriptible, Julia s'empara du membre en érection, et entraîna son propriétaire vers le lit.
Patrick comprit que le moment d'agir était venu. D'un bras nerveux, il allongea sa maîtresse sur les matelas, donna un baiser, bien long sur le clitoris du con charmant qui s'offrait à sa vue, et savoura le bonheur de posséder une belle petite Blanche, ce qui ne lui était jamais arrivé.
Julia éprouva une jouissance d'une nature toute particulière et très intense à laquelle succéda une vive surprise, en voyant son négro, aussitôt après qu'il eût repris ses sens, se précipiter sur le théâtre de ses exploits et, d'une langue agile et soigneuse, faire disparaître les moindres traces de son passage. Une chatte ne nettoie pas ieux ses petits quand ils viennent de naître.
Cet exercice de propreté eut des effets faciles à prévoir. Les sens de Julia qui jeûnaient depuis longtemps se réveillèrent avec un appétit féroce, et Patrick dut s'escrimer à nouveau pour leur donner apaisement, et cela à plusieurs reprises, attendu que, fidèle à sa méthode de n'occasionner aucun désagrément à sa complice d'amour, il la débarrassait scrupuleusement de tout ce qu'il lui avait donné de superflu et provoquait de ce chef le spasme nerveux... (...) 
Malgré la fatigue, Patrick ne ferma pas les yeux avant une heure avancée de la nuit. Quant à Julia, elle se dit que le voyageur n'avait point trop surfait le mérite des nègres. Cependant, malgré les espérances caressées par Patrick, ce fut pour lui une soirée sans lendemain." 
Voilà, désolé pour la longueur, mais je crois que cela appelle des commentaires... Le dessin qui illustre le texte est de Jean Kazandjian et a pour titre "l'appétit" 

  

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Dimanche 24 février 2008 7 24 /02 /Fév /2008 10:36

Pour changer un peu, je me suis laissé aller à quelques jeux sans autre ambition que de divertir, et qui sait de faire sourire, en ces temps de précarité, de misère intellectuelle et de chasse aux immigrés...
Un détournement de pu
b pour commencer. Cette photo qu'on peut voir actuellement dans les magazines illustre une publicité pour la marque de salons  Natuzzi ( canapés, fauteuils en cuir). Du mobilier plutôt classieux. Alors j'ai imaginé d'y ajouter ce petit dialogue coquin : pub-detour.jpg
Et puis, j'ai composé ce court poème que j'ai intitulé, allez savoir pourquoi, "Elysée"

Le président fornique au Labrador
Car la brune y chante encore
Et sait s'il y a les amis dehors.

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Samedi 23 février 2008 6 23 /02 /Fév /2008 10:15

sade1.jpg       Paru anonymement vers 1682,  et sous-titré "la religeuse en chemise", Vénus dans le cloître est en quelque sorte l'ancêtre de "la philosophie dans le boudoir", puisqu'il se présente sous la forme de 6 entretiens entre des religieuses. Les 5 premiers entretiens mettent en présence soeur Agnès ( la plus jeune, elle n'a que 16 ans) et soeur Angélique (plus âgée et donc initiatrice de la première). Les dialogues alternent les propos philosophiques, les considérations sur la condition des nonnes dans un couvent, les ragots et évidemment les scènes saphiques. Mais le langage reste très  métaphorique et l'érotisme se dissimule sous tout un attirail de périphrases et d'allégories. Comme dans cette description de ce qu'Angélique appelle "le baiser à la florentine" :
    "Voilà de la façon que les personnes qui s'aiment véritablement se baisent, enlaçant amoureusement la langue entre les lèvres de l'objet qu'on chérit : pour moi je trouve qu'il n'y a rien de plus doux et de plus délicieux, quand on s'en acquitte comme il faut, et jamais je ne le mets en usage que je ne ressente par tout mon corps un chatouillement extraordinaire et un certain je ne sais quoi, que je ne te puis exprimer qu'en te disant que c'est un baiser qui se répand universellement dans toutes les plus secrètes parties de moi-même, qui pénètre le plus profond de mon coeur, et que j'ai droit de le nommer un abrégé de la souveraine volupté."
 Ou encore ce portrait de femme idéalisée à la fin du 17ème siècle ( est-il utile de rappeler ici que nous sommes encore sous le règne de louis XIV ? ) Voici donc le portrait de soeur Cornélie :
   6827.jpg " Tu sauras qu'elle est assez grande de taille, et marche extrêmement bien ; elle a un très beau corps, la chair ferme et blanche comme de l'ivoire, et douillette à manier ; elle n'est ni maigre ni grasse ; ses tétons sont bien divisés, ronds, et non éloignés de l'estomac ; elle est étroite de ceinture et large de côté ; ell n'a aucune ride sur le visage ; au contraire, il est fort uni ; les bras ronds, les mains d'une longueur médiocre et minces, la cuisse grasse, les genoux petits, la jambe très belle et droite, bien assortie jusqu'au talon, auquel est conjoint un pied fort petit et bien formé. Enfin, outre toutes ces beautés que la nature lui a données, elle a beaucoup de belles qualités qui sont les plus grands charmes d'une fille. "  
 Pour conclure, cette scène où un jésuite use de stratagèmes pour, au parloir,  abuser de soeurVirginie dont il est le confesseur  ( voyez comme les noms sont judicieusement choisis !) :
     'Il la fit pour lors approcher plus près de la grille, et, l'ayant fait monter sur un siège un peu élevé, il la conjura de lui permettre au moins de satisfaire sa vue, puisque toute autre liberté lui était défendue. Elle lui obéit après quelque résistance et lui donna le temps de voir et de manier les endroits consacrés à la chastété et à la continence. Elle, de son côté, voulut aussi contenter ses yeux par une pareille curiosité ; le jésuite, qui n'était pas insensible, en trouva aisément les moyens, et elle obtint de lui ce qu'elle désrait, avec plus de facilité qu'elle ne lui avait accordé. "  

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