Vendredi 29 juin 2018 5 29 /06 /Juin /2018 08:00

"Les adieux", nouvelle inédite

Chapitre 3

adieux3- Allô ? C’est Cynthia. Enfin ! Ça fait deux jours que j’essaie de te joindre.

- Désolé, j’aurais dû te prévenir, mais le téléphone de la maison a été coupé.

- Alors, tu as déménagé ! Quand pars-tu ?

- Pourquoi me demandes-tu ça ? Tu sais très bien que je prends l’avion la semaine prochaine !

- C’est que je n’arrive pas à m’y faire. Qu’est-ce que je vais devenir ?

- Cynthia, on ne va pas recommencer à parler de ça ! Bientôt, tu auras ton bébé, et plus rien ne sera comme avant…

- Tu ne veux pas que je t’accompagne ?

- Où ?

- À l’aéroport. Je pourrais t’y emmener.

- Non, je ne crois pas que ce serait une bonne idée.

- Michel ?

- Oui, je t’écoute.

- On pourrait se voir une dernière fois… Tu serais libre un soir ? Je t’invite à dîner.

- Je ne sais pas, je suis très occupé… Il faut que je dise au revoir à tout le monde.

- Je t’en prie, fais un effort ! Je ne te demanderai plus rien, promis !

- Alors, disons… mercredi prochain.

- Merci.  Je t’embrasse.

 

- Nous, on croyait que tu allais vivre avec Cynthia.

- Moi aussi, mais je ne savais pas tout… Ou plus exactement, je préférais ne pas savoir.

Nous marchions sur la plage que les baigneurs nous avaient abandonnée. Un méchant vent d’ouest frisait les vagues sous un soleil blême. Danielle et Gérard se tenaient par le bras, comme aux premiers jours de leur rencontre, plus de vingt ans auparavant. Ils ne s’étaient plus quittés, enfin pas vraiment.

- Combien d’avion ? me demanda Gérard.

- Il faut compter une bonne douzaine d’heures.

- Pour moi, je crois que ce serait l’enfer. Rien que d’y penser, j’en ai les mains moites. Avec ma claustro ! Je me souviens encore de notre voyage aux Baléares, je n’avais qu’une envie, c’était de descendre. Comme quand je me retrouve dans une cage d’ascenseur.

Il y revenait toujours à ses angoisses : peur des ascenseurs, des salles de cinéma, des cabines téléphoniques…

On était arrivés au bout de la plage. Assis sur des enrochements, on regardait la mer et le ciel voilé de hauts nuages. De la pointe de ses bottes en caoutchouc, Danielle creusait un sillon dans le sable humide.

adieux3-1

- Tout de même, dit-elle, tu n’aurais pas dû partir comme ça, sans te battre. Ce n’est pas dans tes habitudes de déclarer forfait. As-tu sérieusement pensé à ce que tu vas laisser derrière toi ? As-tu pensé à ton fils ?

- Il a douze ans maintenant, et ça fait plus de huit années qu’il vit avec sa mère. Je ne vois pas ce que ça va changer pour lui !

- Tu ne seras plus là quand il aura besoin de toi ! lança-t-elle avec irritation.

- Tu sais très bien que je n’ai jamais été là et qu’il ne voudrait rien de moi, même si j’étais tous les jours à ses côtés. Je crois qu’il ne m’aime pas, et parfois, je me demande si ce n’est pas réciproque.

Gérard ne disait rien. À quoi songeait-il ? Danielle continuait de creuser le sable, mécaniquement.

- Oublie ce que je t’ai dit, reprit-elle d’une voix apaisée, je ne voulais pas te blesser. On rentre ?

Leur maison était froide. Gérard mettait de la musique, toujours des chansons de femmes à la voix frêle avec des mélodies à la guitare sèche qui achevaient de me glacer le sang. De la cuisine où elle lavait les légumes, Danielle m’appelait :

- Tu restes manger avec nous !

Comme si c’était une évidence. Je les connaissais trop bien leurs dîners ; il me faudrait encore me justifier, m’expliquer. Pourtant Danielle savait préparer de petits plats avec juste ce qu’il faut de couleurs pour que ça paraisse original. Je fus lâche :

- Non, désolé. Je vous remercie, mais on m’attend. Dommage, ça m’avait l’air délicieux.

Gérard m’a raccompagné jusqu’à la voiture, cela faisait plus complice, plus viril aussi. Je me sentais comme dans un film de Claude Sautet, avec la pluie qui menaçait. Il ne manquait plus que la musique. J’avais baissé la vitre. Il me parlait, essayant de couvrir de sa voix la fureur du diesel.

- Tu comptes revenir quand ?

- Ça, il me l’avait déjà demandé au moins trois fois dans la journée. Mais ce n’était pas vraiment le moment de s’énerver.

- En principe, pas avant deux ans…

- Donne-nous de tes nouvelles, de temps en temps. Tu sais que Danielle s’inquiète pour toi.

- Comment ça ?

- Je ne sais pas. Allez, au revoir !

Il s’est écarté doucement, comme on lâche du bord du quai une barque qu’on abandonne à la houle. Un vague signe de la main, et puis plus rien…

- Et pourquoi elle s’inquiéterait ?

Il ne manquait vraiment que la musique. J’ai mis une cassette dans l’autoradio.

 

à suivre...

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
Ecrire un commentaire - Voir les 1 commentaires
Mercredi 27 juin 2018 3 27 /06 /Juin /2018 08:00

"Les adieux", nouvelle inédite

chapitre 2

Ton déménagement est parti ?

adieux2-0Le bateau descendait lentement le chenal avant de contourner la balise rouge pour virer vers le large.

- Oui, hier matin. Il devrait arriver dans quatre ou cinq semaines.

Comme d’habitude, Paul était venu avec Mireille, sa maîtresse presque légitime. Dix années que ça durait, dix années de ruptures et de réconciliations tout aussi éphémères. Ils avaient encore vieilli ; bientôt, elle ne serait plus obligée de se teindre les cheveux pour se donner l’air blonde platine. Elle le traitait avec mépris, surtout depuis qu’il s’était définitivement séparé de sa femme. Elle avait la nostalgie du temps des folies adultères et du péché, quand elle était l’amante. Il l’appelait son poussin, alors qu’elle n’avait jamais été que poule, et même pas pondeuse.

Le bateau traînait deux longues lignes à bars. À l’arrière, Jean faisait semblant de s’y intéresser. Il les remontait à intervalles réguliers, vérifiait la bonne tenue du leurre, puis laissait filer le crin dans le tolet du pouce et de l’index réunis.

Paul était à la barre, dans la cabine.

- Qu’est-ce qu’on pêche là-bas ? demanda Jean qui venait d’ôter une algue accrochée à un hameçon.

- Du mérou, de la bonite… Il paraît qu’il y a aussi de l’espadon, mais il faut sortir du lagon.

- Tu verras, dit Paul en glissant la main sur la cuisse de Mireille, tu finiras par regretter les maquereaux grillés, le lieu au court-bouillon, et peut-être même les crevettes grises !

Jean avait renoncé à s’occuper des lignes. Il était venu poser son quintal et ses cinquante-deux ans sur le capot du moteur. Le diesel faisait vibrer son triple menton.

- Et les femmes, elles sont comment là-bas ?

- Noires, enfin plus ou moins…

Il plissa les paupières et se frotta les mains ce qui était chez lui signe de grande contrariété.adieux2

- Je n’ai jamais couché avec une négresse, je veux dire une vraie négresse… Je me suis arrêté aux métisses. Je t’ai déjà parlé de Maïté ? Elle avait une chatte qui ne s’oublie pas…

J’en avais pour une heure à l’écouter me raconter sa liaison, comme il disait. Et rien ne me serait épargné, ni les stratagèmes pour déjouer les pièges d’emploi du temps avec des aventures concomitantes, ni les rendez-vous périlleux, ni ses peurs rétrospectives de contracter une maladie compromettante… Je n’avais qu’à hocher la tête de temps en temps pour maintenir le flot verbeux de son histoire. Je regardais la côte toute proche, le vol des cormorans au ras des vagues, les rochers enneigés de fientes de goélands, la danse lente des méduses flottant comme des lunes entre deux eaux… Dans la cabine, Mireille se laissait caresser les hanches et aussi le creux des reins où la main de Paul s’attardait toujours plus bas. Il entretenait une érection qui lui boursouflait le bermuda.

- Elle m’a invité plusieurs fois à aller lui rendre visite à la Réunion, poursuivait Jean. Mais je n’ai jamais trouvé le temps… Ça ressemble à la Réunion ?

- Non, c’est beaucoup plus humide.

- Moi, je ne pourrais pas supporter ! dit Mireille en écartant la main de Paul. Pourquoi est-ce que tu pars ?

 

à suivre...

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Mardi 26 juin 2018 2 26 /06 /Juin /2018 08:00

"Les adieux", nouvelle inédite

Cette nouvelle est intégralement autobiographique et retrace les deux semaines qui ont précédé mon départ pour l'hémisphère sud en 1992. 

Chapitre 1

Le camion de déménagement manoeuvrait dans la cour gravillonnée. Il emportait mon quotidien, enveloppé dans du papier bulle. Un dernier soupir de fumée noire. À l’arrière, sur les portes blanches de la caisse, Intertrans. Déménagements Internationaux, en lettres outremer, cheval au galop bondissant par-dessus les océans… Sur le carrelage et les murs, huit années de sédentarité avaient laissé des traces : ombres de graisse, petites pelotes de poussière grise, cadavres de mouches desséchées dont les pattes s’agrippaient encore au crépi… Au plafond, pendait la nudité des fils électriques et toute la lumière du jour s’engouffrait par les fenêtres déshabillées. Il n’y avait plus que le téléphone, par terre, dérisoire, dans un coin… J’ai décroché : plus de tonalité. C’était vraiment fini. C’était le plein été et j’allais partir. adieux1Devant la porte s’entassaient les excréments de la maison vide : pinces à linge rouillées, journaux froissés, vases à fleurs ébréchés, cartons éventrés… Dans le jardin, c’était la pleine saison des roses et des fruits rouges. Surtout ne pas s’attarder ! Une dernière ronde dans la maison, vérifier que les compteurs d’eau et d’électricité étaient bien coupés, fermer les fenêtres et les portes, comme on ferme les yeux pour s’endormir.

La voisine attendait dans la cour.

- Alors, cette fois, vous voilà parti ! Et vos locataires, ils arrivent bientôt ?

- Dans deux semaines… Tenez, je vous laisse les clefs. Vous pouvez vous servir dans le jardin : les framboises sont mûres, ce serait trop bête de les laisser pourrir !

- Tout de même, ça va nous faire tout drôle…

Elle pleurait presque, les mains jointes sur le ventre.

- Enfin, c’est la vie ! On a vu vos locataires, ils ont l’air bien gentils.

- Vous leur expliquerez pour la vigne vierge, qu’ils n’oublient pas de la tailler deux fois par an pour l’empêcher de monter sur le toit.

J’évitais de la regarder, de peur qu’elle se mette à pleurer pour de bon.

- N’ayez crainte, vous pouvez compter sur nous. Et le grand départ, c’est pour quand ?

- Dans dix jours.

- Alors, on vous reverra peut-être d’ici là ?

- Oui, peut-être… Mais je ne peux rien vous promettre. Vous savez ce que c’est…

Non, elle ne savait pas, mais elle disait qu’elle comprenait. Ses joues étaient glacées malgré le soleil.

 

à suivre...

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Lundi 25 juin 2018 1 25 /06 /Juin /2018 08:00

Aujourd'hui, à 16 heures, coup d'envoi du dernier match de poule pour l'Arabie Saoudite qui affrontera, pour l'honneur, l'Egypte. L'occasion pour moi de mettre en exergue ce malicieux et ironique dessin de Lara paru en page 6 du Canard Enchaîné (n° 5095) du mercredi 20 juin 2018.

coupe du monde2

Par michel koppera - Publié dans : au jour le jour
Ecrire un commentaire - Voir les 2 commentaires
Samedi 23 juin 2018 6 23 /06 /Juin /2018 08:00

Dans un commentaire, Louis avait exprimé le désir de voir les seins de Sun-Hi. Pour notre plus grand plaisir, Stéphane a décidé d'exaucer ses vœux ! 

sun-hi3

sun-hi

sun-hi2

Par michel koppera - Publié dans : au jour le jour - Communauté : Arts érotiques
Ecrire un commentaire - Voir les 2 commentaires
Vendredi 22 juin 2018 5 22 /06 /Juin /2018 08:00

Il ne faut pas confondre Monsanto et ma santé !

monsanto3

monsanto4

... et les Bayer* sont rarement les payeurs.

monsanto2

monsanto

* Rappel : la firme Bayer a fusionné récemment avec le groupe Monsanto dont la marque commerciale à l'image trop négative va disparaître du marché.

Par michel koppera - Publié dans : au jour le jour
Ecrire un commentaire - Voir les 1 commentaires
Mercredi 20 juin 2018 3 20 /06 /Juin /2018 08:00

Demain, 21 juin, solstice d'été, fête de la musique : dans les rues, il y aura des instruments à cordes...

21-06-18-cordes

... des cuivres...

21-06-18-cuivre

.. des percussions...

21-06-18-percussion

... des chanteuses...

21-06-18-chant

... et ce sera la fête !

21-06-18-fete

Par michel koppera - Publié dans : au jour le jour - Communauté : Arts érotiques
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Lundi 18 juin 2018 1 18 /06 /Juin /2018 08:00

Extrait n° 2, page 230

Dopalet, le producteur, tombe par hasard sur le journal intime de Laurie, sa jeune compagne. Voilà ce qu'il lit le concernant :

subutex3-2" Il ne me demande pas mon avis et il me baise même si j'ai pas envie je regarde le plafond sans bouger et ce sale porc ça ne le dérange pas il me passe dessus quand même c'est comme si j'étais morte mais il se branle dans ma chatte il s'en fout que j'aime pas ça. Ça m'apprendra à baiser avec des vieux dégueulasses." Il (Dopalet) n'avait pas tout de suite saisi que le torrent de boue qu'elle déversait lui était exclusivement consacré. Il avait d'abord pensé qu'elle avait recopié un texte écrit par quelqu'un d'autre. Peut-être qu'elle préparait une audition. Un rôle. Quelque chose de glauque. Ça ne pouvait pas venir d'elle. Sa petite bouche délicate, ses doigts fins, ses fesses admirables. La petite Laurie, si féminine, si souriante, dont la caractéristique essentielle était la douceur.

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
Ecrire un commentaire - Voir les 0 commentaires
Vendredi 15 juin 2018 5 15 /06 /Juin /2018 08:00

Le tome 3 (et dernier ?) de la saga "Vernon Subutex" est enfin paru en poche (livre de poche n° 34938)

vernon-subutex3

Il ne m'aura fallu que deux jours pour dévorer les 400 pages de ce troisième volet des aventures de Vernon Subutex. Je ne vous embêterai pas avec un nouvel éloge de cette fable des temps modernes. 

Alors juste deux extraits pour vous mettre l'eau à la bouche 

Extrait n° 1 : page 54.  Véro se souvient de ses débuts professionnels dans l'enseignement.

" Elle avait de l'expérience, elle tenait le choc dans le quartier nord de Bourges où elle enseignait. Elle avait une solide connaissance des populations immigrées. Elle était ce qu'on appelle aujourd'hui une pute à nègres : elle connaissait bibliquement toute l'Afrique, d'est en ouest et du nord au sud. On peut penser ce qu'on veut de l'immigration, en matière d'épanouissement de la femme, ces hommes ont beaucoup fait pour la France."

subutex3-1

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
Ecrire un commentaire - Voir les 2 commentaires
Mercredi 13 juin 2018 3 13 /06 /Juin /2018 08:00

Stéphane nous offre un bonus de douze instantanés de sa vie amoureuse avec Sun-Hi. 

steph25

steph22

steph24

steph31

steph20

steph27

steph26

steph28

steph23

steph29

steph30

steph21


Par michel koppera - Publié dans : au jour le jour - Communauté : Arts érotiques
Ecrire un commentaire - Voir les 2 commentaires

Présentation

Créer un Blog

Recherche

Calendrier

Novembre 2024
L M M J V S D
        1 2 3
4 5 6 7 8 9 10
11 12 13 14 15 16 17
18 19 20 21 22 23 24
25 26 27 28 29 30  
<< < > >>

Archives

Créer un blog sexy sur Erog la plateforme des blogs sexe - Contact - C.G.U. - Signaler un abus - Articles les plus commentés