Vendredi 28 octobre 2022
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Louis-Ferdinand Céline : "Guerre" (184 pages), texte inédit paru en
2022 aux Editions Gallimard
Le manuscrit original qui date de 1934 avait été perdu. Il constitue l'ébauche d'un roman qui ne
vit jamais le jour. Comme son titre l'indique, toute l'action de ce premier volume des inédits de Céline se déroule lors de la Première guerre mondiale, à l'arrière du front, dans les Flandres,
dans la ville imaginaire de Peurdu-sur-la-Lys, là où cohabitent les blessés en convalescence, les troupes en permission et toute une faune d'aigrefins, de professionnelles du sexe et de
profiteurs de guerre.
Je vous recommande la lecture de cet ouvrage, où on retrouve l'incroyable talent littéraire d'un
Céline pas encore perverti pas l'antisémitsme et le racisme.
Ferdinand, le narrateur, s'est lié d'amitié avec un certain Cascade, tire-au-flanc qui est
aussi le mac d'Angèle, jeune femme de petite vertu. Voici deux extraits où apparaît le personnage d'Angèle:
pages 87-88 : premier portrait
"La voilà donc ici débarquée son Angèle sans avertir un matin dans la salle Saint-Gonzef. Il
(Cascade) m'avait pas menti, elle était bandatoire de naissance. Elle vous portait le feu dans la bite au premier regard, au premier geste. (...)
– Tu vois Ferdinand je t'ai pas menti, quand elle partira tu regarderas ses fesses, en partant
pour chez les troufions elle provoquera des mutineries, je te l'ai bien dit, elle brûle... Va ma gosse. Tu vas chercher les arcardes... le café de l'Hyperbole. Tu demanderas Destinée la boniche,
je l'ai prévenue. Tu vas demeurer chez elle... (...)
Moi j'en revenais pas pour l'Angèle, gâteux et tout comme j'étais. J'y aurais sucé le dedans des
cuisses. j'aurais payé n'importe quoi si j'avais eu des fonds. Il m'observait Cascade. Il se marrait.
– T'échauffe pas Loulou. Si t'es un pote quand tu rebanderas je te la ferai tringler la mignonne
et je veux qu'elle reluise, émue comme pour un officier. Tu vois que je peux pas faire davantage...
C'était la mode des petits corsages bien minces pour l'été. je pensais au sien, ça me faisait
devant les yeux comme un voile de rêve avec les pointes des nichons..."
Page 135 : Angèle et Destinée. Les deux jeunes femmes femmes partagent la même
chambre au-dessus du café où Destinée est serveuse
" Elle continuait à demeurer dans la même chambre au-dessus du café avec Angèle puisque c'était
arrangé comme ça. Et puis d'abord elle était bien fatiguée Destinée parce qu'elle servait de tous les alcools et des apéritifs par citernes, à elle toute seule entre les trente-cinq tables à
l'Hyperbole, jusqu'à dix heures du soir depuis six heures quinze du matin qu'était l'heure réglementaire. Encore Angèle qu'était pas croyable comme pernicieuse, je l'ai su plus tard, elle
trouvait moyen de la sucer quand elle rentrait chez elle et la faisait jouir des deux trois fois. Et plus que Destinée était fatiguée de servir et plus ça l'excitait Angèle de la faire reluire,
et le plus difficilement, plus ça lui semblait bon. Les gens sont enragés. "
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