Lundi 10 février 2014
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Michael Avallone, Orgies funéraires
NRF Gallimard, Carré noir, 1969
Titre original : The coffin things
Un embaumeur se venge de la riche communauté de sa ville qui l’exclut et le méprise
Chapitre VII : B.Richard Martinius, richissime vieux célibataire a décidé de s’offrir une soirée
particulière
« B. Richard Martinius avait donné un coup de fil pour passer commande : trois filles dont les
chevelures diffèrent l’une de l’autre, de tel et tel poids, tel et tel tempérament. Il avait également précisé qu’il les voulait saines, et pas d’une intelligence exagérée. Mme Goodman (la
patronne des 3 call-girls) avait exécuté ses ordres. Le vieux Martinius versait la très coquette somme de mille dollars par fille. Pour une nuit ! (…)
Aussitôt les présentations faites, B. Richard Martinius avait fait mettre ses trois invitées en costume d’Eve, tandis que
lui-même se lançait à leur poursuite comme un Faune, les pourchassant à travers la grande pièce en les bombardant de poignées de grains de raisin particulièrement juteux et poisseux. Ces
demoiselles Wilson, Kelly et Apperson en avaient vu bien d’autres dans leur existence déjà si remplie, et chacune, pour sa part, s’était pliée à bien d’autres caprices pour satisfaire un
client ! (…)
Martinius cessa brusquement de lancer des raisins, saisit par le poignet miss Apperson qui se trouvait être la plus proche de
lui, en même temps que du lit de l’époque de la Reine Anne, et la bascula en un tourne-main sur la couche moelleuse. Accueillant ce répit avec soulagement, les compagnes de miss Apperson, Mlles
Wilson et Kelly, s’arrêtèrent pour contempler le couple. Elles allèrent même jusqu’à se verser du champagne du magnum qui se dressait, tel la tourelle d’un vaisseau de guerre, dans un énorme seau
à glace posé dans un coin de la pièce.
Pourtant, elles ne pensèrent bientôt plus au champagne, ni à rire et se moquer de B. Richard Martinius. À vrai dire, leur
pouls s’accélérait, et elles sentaient leurs seins, et le creux de leur estomac, en proie à certains fourmillements et frissons dont elles n’avaient guère l’habitude.
Miss Apperson gémissait et criait, dans un délire extatique, dont elles furent aussitôt jalouses.
Mais B. Richard Martinius était capable – et il le prouva – de les combler toutes. Une performance
incroyable ! L’orgie dura longtemps, soutenue par des flots de champagne, un entrain du diable, une intimité sans retenue, et aucune limite de temps ! Les demoiselles en vinrent
chacune à élaborer, en secret, maints projets, machinations et habiletés dans le but de se réserver – en toute exclusivité et pour elle seule – la jouissance de ce vieux bouc millionnaire. En vue
d’un avenir assuré ! C’était le client rêvé, disponible en tout temps. Et paré pour la bagatelle, avec ça ! Pour ne rien dire de ses millions, qui méritaient pourtant largement d’être
pris en considération !"
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