Rappel de l'épisode précédent : Odile est sous pression. Le président la fait chanter en la menaçant de divulguer des images compromettantes sur le net. Elle eccepte de le revoir...
Trop heureux de passer tout un dimanche « entre hommes » avec ses deux fils, Sébastien ne se fit pas trop prier pour laisser Odile à l’appartement en compagnie de son mal de tête.
C’était un beau dimanche de printemps, ensoleillé à souhait. Dès dix heures du matin, Odile était prête, lavée, habillée, maquillée. Pour l’occasion, elle avait choisi une jupe noire très courte, presque indécente, et un débardeur mauve en harmonie avec les reflets roux de sa chevelure. Malgré la chaleur, elle avait enfilé une paire de bas couleur chair dont la jupe cachait à peine les jarretières. Dessous, elle avait renoncé au soutien-gorge et passé une toute petite culotte de coton blanc brodé d’une fleur de soie rose. Avant d’endosser un blouson pour sortir, elle se regarda dans la glace du vestibule.
- Je suis vraiment une putain ! se dit-elle.
Mais le ton de sa voix ne contenait ni reproche, ni regret.
À cette heure-là, les rues étaient encore presque désertes. Odile gara sa voiture dans une contre-allée ombragée, pas trop proche de l’immeuble du président.
Elle le croisa dans le hall de l’immeuble, très élégant, en costume cravate sombre, comme il se devait pour un dimanche. Avec empressement et chaleur, il la saisit par le bras et l’entraîna au dehors.
- Je vous attendais. Nous allons déjeuner dans une petite auberge au bord de l’eau. Vous aimez le poisson ?
- Oui… j’aime un peu tout, du moment que c’est bien préparé. Mais il ne fallait pas vous sentir obligé.
Sur le trottoir, il la regarda de la tête aux pieds et déclara :
- Là où nous allons, vous allez faire sensation !
Odile rougit sous son fard et baissa les yeux.
- Je suis désolée…
- Au contraire, soyez fière : vous êtes absolument ravissante !
La voiture du président était une grosse berline allemande, silencieuse et puissante comme un félin. Les cuisses d’Odile, découvertes jusqu’aux jarretelles semblaient faites pour la sellerie de cuir fauve. À chaque feu rouge, les rares piétons pouvaient lui reluquer furtivement l’entrejambes. Après les petites rues, ce furent les grands boulevards, puis les voies rapides vers l’horizon. Ils ne se parlaient pas. La voiture filait sur l’autoroute au rythme d’une musique sud-américaine que le président pianotait du bout des doigts sur le volant. Le regard perdu sur le paysage, Odile s’efforçait de ne pas penser à l’étrangeté de la situation. Ils roulèrent ainsi près d’une heure, puis quittèrent l’autoroute. À l’approche du péage, le président demanda à Odile de retrousser un peu plus sa jupe et d’écarter les cuisses, ce qu’elle fit sans rechigner. De sorte que pendant que le président faisait semblant de chercher de la monnaie pour payer, le gars dans sa guérite surélevée avait une vue imprenable sur la culotte blanche d’Odile et son rebondi moelleux.
Puis, la route plongea dans une vallée verdoyante. Quelques minutes plus tard, le président gara sa voiture sur un petit parking gravillonné, à côté d’autres voitures tout aussi rutilantes et cossues. Cela s’appelait « La petite auberge », tout simplement. Il coupa le moteur et se tourna vers Odile.
- C’est un endroit discret. La clientèle y est presque exclusivement composée de couples en quête d’intimité. Il y a aussi quelques chambres à l’étage, au cas où… À ce propos, êtes-vous au courant que votre mari fréquente les putes ?
Odile accusa le coup. Sans lui laisser le temps de réagir, le président enfonça le clou :
- Il a ses habitudes dans un hôtel bon marché en bordure du périphérique. Vous savez, ces établissements qui poussent dans les zones industrielles, sans réception, avec juste un automate en guise d’accueil. Ni vu, ni connu… Il y a toujours des filles qui tapinent dans les parages : des blacks ou des filles de l’est, plutôt jeunes… Il s’y arrête en moyenne deux fois par semaine… Vous ne me croyez pas ?
- Si… mais pourquoi vous me dites ça, et pourquoi justement maintenant ?
- Parce que j’estime que vous avez le droit de savoir… On y va ? Ça ne va pas vous couper l’appétit tout de même !
Dans le restaurant, presque toutes les tables étaient occupées, et ce qui sautait immédiatement aux yeux, c’était l’absence totale d’enfants. Rien que des adultes, le plus souvent d’âge mûr, en couple pour la plupart. Le président que la patronne salua comme une vieille connaissance avait réservé une table dans un coin un peu à l’écart, près d’une baie vitrée qui donnait sur la rivière en contrebas. En attendant de passer commande, Odile observa de loin l’assemblée des convives. Les hommes étaient tirés à quatre épingles, les femmes en jupe ou en robe légère, un peu plus jeunes que leurs compagnons de table.
- Ce sont des couples plus ou moins légitimes, précisa le président.
Il y avait aussi une table avec deux couples d’une cinquantaine d’années et, tout au fond, une table ronde de trois convives : une femme très BCBG accompagnée de deux jeunes hommes d’une vingtaine d’années, en jean et tee-shirt.
- La femme est veuve et très riche, glissa le président à l’oreille d’Odile. Elle peut se permettre de s’offrir des services sur mesure, comme ces deux jeunes gens qu’elle consommera au dessert. Quant à la table des quatre, ce sont deux couples respectables et sans histoire. Ils pratiquent de temps en temps l’échangisme… enfin le mélangisme pour être exact. Pour parler plus simplement, ils baisent tous les quatre ensemble, dans la même pièce…
- Comment savez-vous tout ça ? demanda Odile.
- C’est mon métier de tout savoir. Justement, à ce propos, je vous ai apporté quelque chose qui devrait vous intéresser.
Il plongea la main dans la poche de sa veste pour en ressortir une petite fiche bristol qu’il posa sur la nappe à côté de l’assiette d’Odile. Elle s’en saisit et lut : YG-688-XB et en dessous SNVRDP4L
- Que dois-je comprendre ? C’est une devinette ?
à suivre…
Michel Koppera, juillet 2012
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