"Les ardents de la Rue du Bois-Soleil" # 59
(toutes les illustrations de cet article sont signées Paul Poulton)
Un soir de janvier, à la débauche, j’ai décidé de faire une surprise à Aurélie en passant à son agence pour qu’on
se fasse un petit restau italien avant de rentrer ensemble à l’appartement. Il faisait presque nuit et Paris engourdi avait encore la gueule de bois des lendemains de fête. En me voyant entrer,
Sandra, la collègue de travail d’Aurélie, m’a adressé son plus beau sourire. Si elle m’avait proposé une aventure, je pense que je n’aurais pas dit non, même si Sandra était vraiment trop blonde
et mariée.
- Aurélie est déjà partie ? que je lui ai demandé en désignant la chaise vide derrière le bureau où elle
travaillait habituellement.
- Non, elle est au troisième étage avec le stagiaire. Ils préparent son rapport pour le BTS. C’est Aurélie qui l’a
pris en charge… Ils ne devraient plus tarder, a-t-elle dit en consultant sa montre. Vous voulez que je l’appelle pour la prévenir que vous êtes là ?
- Merci, pas la peine. Je vais la trouver tout seul, je connais le chemin.
Le couloir du troisième étage était plongé dans l’obscurité. Les bureaux étaient déserts, sauf un, tout au fond,
avec une porte vitrée… Ils étaient là, assis tous les deux au bureau, côte à côte, devant un ordi. Ils me tournaient le dos. De la main droite, Aurélie tenait la souris et, sur l’écran,
défilaient des tableaux, des graphiques avec des courbes, des colonnes de couleur… Aurélie se lançait parfois dans des explications en pointant le curseur sur un diagramme ou une
statistique…Comme la porte était fermée je n’entendais pas ce qu’elle lui disait. Le stagiaire, un jeune homme dont je ne voyais que la nuque blonde, le coude sur le bureau, le menton appuyé sur
sa main gauche, écoutait attentivement les explications de sa maîtresse de stage…
Mais, de la main gauche, Aurélie lui tenait fermement la bite sortie de sa braguette et le branlait avec toute
l’autorité de sa fonction ; sa main droite à lui, disparaissait à moitié dans la petite culotte d’Aurélie, entre ses cuisses écartées et lui caressait la chatte.
Je suis resté prudemment caché dans l’obscurité profonde du couloir à les observer, à regarder grandir leur désir.
Mais je n’ai pas eu le courage d’assister au dénouement. Je suis redescendu au rez-de-chaussée, un peu étourdi et sans doute très pâle.
- Ça va, vous les avez trouvés ? m’a demandé Sandra, heureusement sans lever la tête pour me regarder.
- Oui, ils ont presque fini… Je vais attendre ici.
Et je me suis assis sur une banquette, comme un simple candidat à l’embauche. Devant mes yeux, j’avais Sandra qui
classait des dossiers, glissait des feuilles pliées en trois dans des enveloppes à fenêtre. Oui, à cet instant précis, même blonde et mariée, je l’aurais volontiers baisée et j’essayais de me
concentrer sur cette pensée unique.
Effectivement, ils n’en ont pas eu pour longtemps. Aurélie n’a même pas paru surprise de me voir.
- Ça alors, c’est vraiment sympa d’être passé ! Je te présente Kévin… Il prépare un BTS en communication
Tu sais que je suis sa maîtresse de stage ! On avait du travail en retard…
- Enchanté !
Le jeune Kévin m’a tendu la main, sa main droite qui venait de tripoter la vulve d’Aurélie. Il en avait encore la
paume toute moite. Il n’en menait pas large. Aurélie affichait une totale désinvolture. Elle a déposé un rapide baiser mouillé sur mes lèvres ; sa bouche avait goût de sperme.
On s’est quand même fait notre petit restau, mais un truc tout simple dans une brasserie, juste histoire de marquer
le coup. C’est là, alors qu’elle venait de se commander une crème brûlée en dessert, qu’Aurélie m’a posé une drôle de question.
- Tu sais Guillaume, ces temps-ci, j’ai beaucoup réfléchi à nous deux, qu’elle m’a dit en cachant ses mains sous la
table et en se penchant un peu en avant pour approcher son visage du mien. Tu m’écoutes ?
- Oui, oui…
- Alors, on pourrait se marier, qu’est-ce que t’en penses ?
C’est le genre de question qui tue.
Après, plus rien. Quand j’écris plus rien, je veux dire qu’Aurélie ne m’a plus jamais parlé de Tante Geneviève et
de son jeune amant. Comme si leur existence même lui est maintenant indifférente. Notre vie commune a repris son cours normal, presque monotone, comme une rivière qui rentre dans son lit après la
crue. L’idée de notre éventuel mariage fait son chemin, même si rien n’est encore décidé – on n’a mis personne dans la confidence. Cependant, Aurélie a déjà dressé une liste des possibles
invités, s’est renseignée pour la location d’une salle de réception et sur les tarifs de quelques traiteurs. On en est là.
À l’agence d’intérim, Kévin a terminé son stage. Aurélie a remis des jupes un peu plus longues et entrepris une
discrète épilation de sa touffe qui avait tendance à prendre ses aises. Bref, notre quotidien a toutes les apparences du bonheur…
à suivre...
Derniers Commentaires