lectures x

Jeudi 23 janvier 2014 4 23 /01 /Jan /2014 12:34

Philippe LECAPLAIN, Ces dames de l’annonce

Éditions Tabou, collection Vertiges, 2013

lecaplain

Le principe : Le narrateur a passé une petite annonce pour rencontrer des femmes libertines… Le livre est le récit de 18 de ces rencontres originales. Si le scénario peut paraître à certains très artificiel et improbable, je peux témoigner que lorsque j’ai écrit mon roman « La seconde vie de Maximilien Bémol », j’ai moi aussi passé une petite annonce dans une revue littéraire afin de recueillir les témoignages intimes de femmes mûres à forte pilosité pubienne et que j’ai ainsi entretenu une longue et fructueuse correspondance avec trois femmes qui m’ont beaucoup aidé dans mon travail d’écriture

                             

14ème rencontre : Ludivine, la bavarde ( pages 138-139)

lecaplain5- J’ai la cramouille qui crame. Mon clito est devenu un mégot brûlant qui veut son coup de tisonnier. Arrête le cunni et bouge-toi. Tu m’as mis le feu au cul et il va falloir que tu sois un pompier à la hauteur. Vite, le brasier réclame ta lance à incendie.

Elle déverse cette vulgarité avec une gouaille poissonnière qui me vrille les tympans.

- Je t’en prie, remplis-moi bien au fond. J’offre la rôtisserie ; sois mon charcutier ! Enfourne ta viande. Du bon gros gigot bien sanguin, voilà ce que j’aime. Et en guise de garniture, envoie donc la purée.

Poétiquement grossier. On aurait cru du San Antonio

- Putain, quel calibre ! lança-t-elle en dégainant la chose. La bite idéale est celle que j’empaume sans que le pouce puisse toucher mes autres doigts. Je suis sûre que c’est du 20 sur 7. Tu vas pouvoir me remplir.

lecaplain2

Elle avait beau  être flatteuse, elle me laissait interdit.

- Ce qu’il me faut, c’est une bonne rasade de pine. Depuis toujours, j’ai la chatte qui réclame. De toutes les façons, entre un homme et une femme, cela se termine toujours à coups de queue. À le savoir, autant ne pas perdre de temps et s’économiser les préambules. Alors, vas-y, fous-la moi. Je veux en prendre.

Encore sous le choc mais avant tout serviable, je l’enconnais.

- Han, han, oui, comme ça. Han, han, encore. Han, han, plus fort.

Ma parole, elle se croyait dans un de ces bons vieux pornos qui m’ont déniaisé avant le saut dans le grand bain. À l’époque, c’était en crypté à la téloche le premier samedi du mois ou en vidéocassette achetée derrière la gare.

 

- Ouiiiiiii, t’arrête pas. 

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Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Lundi 16 décembre 2013 1 16 /12 /Déc /2013 09:20

Linda BASTIDE : « L’insolence du lundi », Roman

Editions Guy Authier, 1973

Le récit d’un amour interdit entre une femme de 40 ans et un jeune homme de 17.

insolence

Pages 89-90 : Julien, le jeune amoureux, se rend chez Alain, un ami où il va retrouver son ex, une certaine Martine

«  Sitôt la porte ouverte, il eut envie de tourner les talons. De fuir à toutes jambes. Il avait rencontré le regard d’Alain-aux-yeux-bleus. Il était entré résolument. Une nausée au bord des lèvres.

insolence3Alain-aux-yeux-bleus caressait nonchalamment une  fille étendue dans une posture absurde sur le divan. Le haut de son corps disparaissait dans les coussins. On ne voyait d’elle que ses jambes écartées et son sexe ouvert.

Martine, en se frottant contre le manteau de Julien, titubait et le regardait avec des yeux morts.

- Mon vieux, disait Alain, tu arrives bien. Elles ont picolé mais on commençait à s’emmerder.

La fille gloussait, serrait et desserrait ses jambes au rythme des mains d’Alain comme dansant sur une inaudible et lente musique. Alain-aux-yeux-bleus ricanait :

- Elle est cinglée. Elle s’envoie en l’air toute seule.

- Tu sais bien que j’aime pas ces trucs-là. Pourquoi tu m’as fait venir ?

Martine lui enlevait son manteau à grands gestes désordonnés.

Julien lui avait pris le poignet et le serrait très fort.

Alain le regardait d’un air narquois.

- Maintenant, avait ajouté Julien, si tu veux venir avec moi dans un coin tranquille, je dirai pas non. Et il se retenait de gifler Martine à la volée. Il l’aurait tuée.insolence2

Poussé par Martine dans un fauteuil proche, il l’avait regardée danser au milieu du tapis devant la cheminée. Le whisky lui donnait une migraine qui battait derrière ses yeux comme un pouls. Il fallait rester là et boire l’alcool et la honte. Ne pas perdre la face. Il perdait l’honneur mais il était le seul à le savoir. Passant près d’Alain, Martine laissa tomber sa robe. L’autre fille gémissait interminablement, enfouie dans ses cheveux et ses coussins, réduite à sa plus simple expression, son sexe. Les mains plaquées sur les fesses nues de Martine, Alain avait poussé un hennissement de joie en la projetant vers Julien. Elle était arrivée en vol plané, les bras comme deux ailes, ses deux seins lourds sur le visage de Julien. Il l’avait mordue cruellement et ses deux grandes mains avaient attrapé les cuisses dures au creux de l’aine. Elle ne disait pas un mot et restait là, clouée, écartelée, les prunelles fixes. Alain riait. Alors, une excitation comme une haine remontant le long de son corps, Julien avait assis la fille sur lui et la pénétra brutalement. Il ne bougeait pas. Elle enroulait son ventre autour du sexe immobile, et, la tête renversée en arrière, joignait son gémissement à celui de l’autre fille. Deux chants de pure joie animale qu’ils étaient seuls à entendre, car elles étaient loin d’eux, dans le monde sans dimensions du plaisir de leur chair. »

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Mercredi 6 novembre 2013 3 06 /11 /Nov /2013 09:01

Marie DARRIEUSSECQ : Truismes

Roman paru en 1996 aux éditions POL

 truisme

À travers le récit à la première personne de sa lente mais inexorable métamorphose, la narratrice nous livre une terrible fable sociale et politique sur l’exclusion et notre conduite face à la différence (pour ne pas dire l’étranger). Le ton est jubilatoire, souvent d’un humour féroce, mais parfois notre rire vire au jaune !

Le texte est parcouru  du début à la fin d’un érotisme sans fard, comme dans cette scène du tout début du roman où la narratrice à la recherche d’un emploi décroche un contrat dans une parfumerie.

 truisme1

truisme2« Je cherchais donc du travail. Je passais des entretiens. Et ça ne donnait rien. Jusqu’à ce que j’envoie une candidature spontanée, les mots me reviennent, à une grande chaîne de parfumerie. Le directeur de la chaîne m’avait prise sur ses genoux et me tripotait le sein droit, et le trouvait visiblement d’une élasticité merveilleuse. À cette époque-là de ma vie les hommes s’étaient tous mis à me trouver d’une élasticité merveilleuse. J’avais pris un peu de poids, peut-être deux kilos, car je m’étais mise à avoir constamment faim ; et ces deux kilos s’étaient harmonieusement répartis sur toute ma personne, je le voyais dans le miroir. Sans aucun sport, sans activité particulière, ma chair était plus ferme, plus lisse, plus rebondie qu’avant. Je vois bien aujourd’hui que cette prise de poids et cette formidable qualité de ma chair ont sans doute été les tout premiers symptômes. Le directeur de la chaîne tenait mon sein droit dans une main, le contrat dans l’autre main. Je sentais mon sein qui palpitait, c’était l’émotion de voir ce contrat si près d’être signé, mais c’était aussi cet aspect, comment dire, pneumatique de ma chair. Le directeur de la chaîne me disait que dans la parfumerie, l’essentiel est d’être toujours belle et soignée, et que j’apprécierais sans doute la coupe très étroite des blouses de travail, que cela m’irait très bien. Ses doigts étaient descendus un peu plus bas et déboutonnaient ce qu’il y avait à déboutonner, et pour cela le directeur de la chaîne avait été bien obligé de poser le contrat sur le bureau. Je lisais et relisais le contrat par-dessus son épaule, un mi-temps payé presque la moitié du SMIC, cela allait me permettre de participer au loyer, de m’acheter une robe ou deux ; et dans le contrat il était précisé qu’au moment du déstockage annuel, j’aurais droit à des produits de beauté, les plus grandes marques deviendraient à ma portée, les parfums les plus chers ! Le directeur de la parfumerie m’avait fait mettre à genoux devant lui et pendant que je m’acquittais de ma besogne je songeais à ces produits de beauté, à comme j’allais sentir bon, à comme j’aurais le teint reposé. »

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Jeudi 24 octobre 2013 4 24 /10 /Oct /2013 07:21

Richard FORD : «  Canada »

Editions de l’Olivier, 2013

478 pages, traduit de l’américain par Josée Kamoun

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Pages 215-216

 À 15 ans, Dell ( le narrateur) et sa sœur jumelle Berner se retrouvent seuls dans la maison familiale à la suite de l’arrestation de leurs parents. La nuit venue, Berner vient se coucher dans le lit de son frère

 

canada1« Elle avait pleuré ; elle sentait les larmes et la cigarette. Elle n’avait rien sur elle, ça m’a fait un choc. Sa peau était froide, et elle s’est collée contre moi, dans mon pyjama. Pleurer l’avait refroidie. Elle a pris ma main et l’a posée sur son ventre. «  Réchauffe-moi, elle a dit, j’arrive pas à dormir. » Elle a reniflé  et poussé un soupir. «  C’est d’avoir bu ce whisky, ça empêche de dormir. » Elle s’est serrée encore plus contre moi. Je sentais le savon sur sa peau, les pastilles Vicks, la fumée dans ses cheveux. Elle a logé son visage acnéique contre mon cou ; ses joues étaient humides et fraîches ; elle avait le nez bouché.

« Je dormais, ai-je menti.

- Rendors-toi, je te dérangerai pas », elle a dit. Un train a sifflé dans la nuit. J’avais les bras croisés. Elle a saisi ma main.

«  Je vais fuguer toute seule », elle a chuchoté à mon oreille. Elle s’est éclairci la gorge, elle a dégluti, ravalé ce qu’elle avait dans le nez. «  Je suis folle, je fais n’importe quoi. »

Pendant un temps, elle n’a plus rien dit. J’étais allongé auprès d’elle, je respirais. Et puis, soudain, elle m’a embrassé brutalement, dans le cou, sous l’oreille, et elle s’est rapprochée de moi d’un mouvement brusque. Je n’étais pas fâché qu’elle m’embrasse ; ça me rassurait. Elle a lâché ma main et a baladé la sienne qui était rêche et osseuse. « Je voulais le faire ce soir avec Rudy ( le petit ami de Berner), elle a dit, mais je vais le faire avec toi.

- D’accord »,  j’ai dit. Je voulais bien. Ça m’était égal.canada2

«  Ce ne sera pas long. On l’a déjà fait dans sa voiture. Il faut que tu saches ce que c’est, de toute façon.

- J’en ai aucune idée.

- Encore mieux. Ça ne comptera pas. Tu oublieras.

- D’accord

- Je te promets, elle a dit, ça n’a pas la moindre importance. »

Et il n’y a rien à ajouter. Ça ne se répète pas. Ça ne voulait pas dire grand-chose, ce qu’on a fait, sauf pour nous, sauf sur le moment. Plus tard, dans la nuit, Berner s’est réveillée, elle s’est assise dans le lit et elle m’a dit, parce que j’étais réveillé :

«  T’es pas Rudy.

- Non, je suis Dell.

- Eh ben, je voulais juste te dire au revoir.

- Au revoir. Où tu vas ? » Elle m’a souri, ma sœur, et puis elle s’est rendormie mes bras autour d’elle, au cas où elle aurait peur, ou froid. »

 

Ce que j'en pense : un roman magistral où le sexe n'occupe qu'une infime partie. Récit initiatique du passage du monde de l'enfance à l'âge adulte. Difiicile de parler simplement d'un ouvrage aussi dense. 

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Samedi 12 octobre 2013 6 12 /10 /Oct /2013 12:38

La vicieuse ( Louis Perceau, 1883 - 1942)

Viens t'asseoir sur mon dard enduit de vaseline
Car je connais tes goûts, ma vicieuse Line,
Et qu'il te faut sentir
Un gros membre enfoncé dans tes chairs élastiques,
Cependant que d'un doigt prompt à te divertir
Par-devant tu t'astiques.
perceau
Sur ce clou palpitant assise sans bouger,
Tu n'attends le plaisir que de ton doigt léger,
Mais sitôt qu'il s'amène,
Lancinant et rapide, infernal et profond,
Ton corps comme en fureur sur mon dard se démène
Pour l'entrer jusqu'au fond !

perceau2

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Lundi 7 octobre 2013 1 07 /10 /Oct /2013 06:50

Charlotte ROCHE, Petites morts (2011)

Flammarion 2013, pour l’édition française (335 pages). Texte traduit de l’allemand par Sophie Andrée Herr.

c-roche

Pages 287-288 : Elizabeth, la narratrice, se prépare pour une passe à trois dans un bordel en compagnie de Georg, son mari…

c-roche1« J’ai souvent le sentiment que les prostituées pinaillent beaucoup sur l’hygiène, le rasage et tout le reste. Elles enlèvent tout sauf une petite moustache à la Hitler au-dessus du clitoris. Ce que je suis en train de faire moi aussi. Terminé ! Je me passe encore de la crème sur tout le corps, surtout à l’endroit où mes fesses sont marquées par la position assise et sur la peau autour des grandes lèvres. Je fais comme les prostituées. Tout est souvent une question de peau chez les prostituées. Une peau chaude et douce. Ce qu’il y a de mieux dans cette histoire, c’est de pouvoir toucher le corps d’une femme. Et de regarder dans le vagin des autres femmes.

J’ai fini de préparer mon corps. Je choisis dans ma garde-robe un porte-jarretelles, un slip tanga et un soutif noir que je tire de mon grand tiroir à sous-vêtements. Parfois, j’ai moi aussi envie d’avoir l’air d’une pute, et parfois je joue à la bonne épouse et mère au foyer en triste petite culotte blanche. C’est selon mon envie. J’oscille toujours entre les deux extrêmes.

Je colle un protège-slip au fond de mon tanga noir pour ne pas le tacher de mucosité en chemin. Rien que de m’habiller et de me préparer, ça m’excite. Une femme qui mouille c-roche4autant que moi doit s’en prémunir comme d’une maladie pour éviter les situations gênantes. Je mets d’abord mon porte-jarretelles avec les bas assortis, puis mon slip par-dessus pour que je puisse ensuite, pendant le sexe, enlever le slip tout en gardant mon porte-jarretelles. Au-dessus, j’enfile ma robe qui se retire très facilement le moment venu. De toute façon, là-bas, on sera nus la plupart du temps. »

c-roche2

Ce que j’en pense : Comme extrait, je ne vous ai pas choisi les passages les plus chauds afin de vous laisser le plaisir de la découverte. Mais ce roman n’est pas seulement une histoire de cul, c’est aussi un magnifique texte sur l’indicible souffrance du deuil, la quête de l’amour absolu et l’éternel combat pour la vie. Un livre à ne pas manquer

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Mercredi 18 septembre 2013 3 18 /09 /Sep /2013 12:33

Ysabelle LACAMP, « La Fille du Ciel »

Roman paru aux Editions Albin Michel en 1998. ( Collection J’ai Lu n° 2863 )

Chapitre 16, page 231-232

lacamp

Après avoir perdu son mari et son enfant mort-né, avoir miraculeusement échappé à des pirates et à un naufrage, la belle Shu-Meï se retrouve captive sur une île perdue dans la mer de Chine.  Œil de Baleine, le chef du village, en a fait sa nouvelle épouse.

lacamp3« Entouré de ses épouses au grand complet qui chantaient en s’épouillant, Œil de Baleine fit basculer Shu-Meï sur l’immense natte. Elle n’eut même pas le temps de se demander s’il cachait sous son pagne un bremas aussi effilé que les défenses de narval qui décoraient sa couche. Sans le moindre préambule, l’homme se coucha sur elle et défonça la pulpe nacrée de son petit coquillage.

Sa façon de gigoter lui faisait penser à ces Hakka qui s’escrimaient à produire du feu en frottant un bâton de figuier dans le trou d’un disque d’acacia.

Ici on « pilait le jade sans en dérober le parfum ». Point de positions subtiles du style « le Phénix voltige au-dessus de la Caverne du Cinabre » ou «  la Chenille du bombyx trépigne à cloche-pied ». L’Art de la chambre à coucher était des plus rudimentaires.

Le Poisson Glissant de son  nouveau maître ne frétilla pas longtemps en elle. Dans un grognement sourd, la vilaine Tortue d’œil de Baleine cracha entre ses cuisses, puis le pêcheur s’effondra sur sa nouvelle épouse comme sur une litière de fougères et ne tarda pas à ronfler pesamment sous les gloussements satisfaits de ses concubines.

Songeuse, Shu-Meï chercha à effacer les arabesques indélébiles qui dansaient sur son ventre curieusement plat. » 

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Ce que j’en ai pensé : Une intrigue intéressante mais un peu trop cousue de fil (de soie ?) blanc. Une langue surchargée de comparaisons et de métaphores, avec un lexique presque exhaustif des adjectifs de couleur, des objets, des mets et autres curiosités d’extrême orient. On a  parfois l’impression de feuilleter un catalogue Ikéa  « made in China ». Le tout agrémenté de quelques scènes de cul et d’orgie plutôt bien troussées.   

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Vendredi 12 juillet 2013 5 12 /07 /Juil /2013 14:42

Boris VIAN, « Et on tuera tous les affreux »

Roman Policier paru en 1948 aux Editions du Scorpion sous le pseudonyme de Vernon Sullivan.

Collection le Livre de poche n°14616, 220 pages

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Un polar automobile dans les rues de Los Angeles qui nous parle de jazz, de manipulation génétique ( déjà !) et bien sûr de sexe.

Le narrateur Rock Bailey, 90 kg, 19 ans, a fait vœu de chasteté jusqu’à ses 20 ans. Malgré tous ses efforts, il finira par craquer…

Pages 161 et suivantes.

vian1« Mona claque la porte, se retourne, dégrafe sa robe et ses seins jaillissent à l’air… Evidemment, ça n’a aucun rapport avec ceux de Sundy Love (la précédente conquête de Rocky)… Je sens comme qui dirait des picotements au creux des lombes… Zut, alors, ça va faire la douzième fois depuis ce matin… Il y a un peu d’abus…

- Pas si vite, Mona, proteste Beryl… Laisse-moi le temps de me mettre en tenue…

Mona s’affaire autour de moi… Elle a gardé ses bas et un petit machin en dentelle blonde avec lequel elle les attache… Juste de la même couleur que… enfin, juste de la même couleur, quoi. Elle a chaud et elle sent bon la femme… et le vieux Rocky n’est peut-être pas si crevé qu’il en a l’air… Elle m’enlève ma chemise, me retire mon pantalon…Je me laisse faire… Elle a un peu plus de mal avec mon linge qui accroche…

- Pas de blague, Mona, je vous dis… On va le tirer au sort, glapit Meryl.

Elle non plus n’a plus rien sur le dos… Elle a roulé ses bas aux chevilles… Je fais des comparaisons.

- Enfin, dis-je, je ne suis pas  un coquetier de foire…

- Silence, vous, ordonne Mona. Elle a raison. On va vous tirer au sort…

- Ce n’est pas juste, dis-je. Et s’il y en a une que je préfère…

J’ai du mal à parler. Ces deux filles m’ont mis dans un tel état que je n’ai plus envie que d’une chose… N’importe laquelle des deux, mais tout de suite.

- D’accord, acquiesce Mona. On va vous bander les yeux et puis on vous fera quelque chose et vous direz qui vous préférez.

- Il faut lui attacher les mains aussi, crie Beryl, de plus en plus excitée …

Elle se précipite vers la fenêtre et arrache un des cordons du tirage des rideaux… Je me laisse attacher, sûr de casser la ficelle quand je voudrai… et sitôt que c’est fini, Mona m’empoigne et me fait tomber sur le tapis…

- Votre foulard, Beryl…vian3

Je suis allongé sur le dos… heureusement, sinon, je souffrirais… et je n’y vois plus rien… Deux mains se posent sur ma poitrine, deux longues jambes se collent aux miennes… Je suis prêt à hurler tellement c’est douloureux d’attendre comme ça… Et d’un coup, la première des deux s’allonge sur moi. Je la pénètre de toutes mes forces… presque immédiatement, elle s’écarte et c’est la seconde qui prend la place… Je tire désespérément sur le cordon qui m’attache les mains… Il casse… Elle ne s’est aperçue de rien… Au moment où elle va s’éloigner à son tour, mes bras se referment sur elle… Je la tiens d’une main et de l’autre, je réussis à attraper les jambes de la seconde… je la fais tomber à côté de moi et mes lèvres remontent le long de ses cuisses… jusqu’où je peux aller… J’aime ça… J’aime beaucoup ça… Elles gémissent un peu… tout doucement.

… Le temps passe…

Il passe beaucoup, aujourd’hui… » 

vian2

   

 

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Mercredi 3 juillet 2013 3 03 /07 /Juil /2013 08:51

Tom SHARPE, WILT 1 (1976)

Editions du Sorbier, 1982

Collection 10/18, domaine étranger  n°1912 (texte traduit de l’anglais par François Dupuigrenet- Desrousilles)

wilt-1

Une histoire déjantée et jubilatoire avec comme héros un petit prof sans envergure,  Eva son épouse « Tupperware » hyperactive, une amie américaine « libérée » et nymphomane, une poupée gonflable et autres curiosités…

Page 72 : Wilt vient de participer à une soirée branchée chez des amis américains…Il en parle avec un de ses collègues, Peter Braintee

« - Qu’est-ce qui s’est passé alors ?

- Rien si on appelle fermer la porte à clef, s’allonger sur le lit les jambes ouvertes, me demander de la baiser et me menacer d’une pipe, dit Wilt.

Peter Braintee le regarda d’un air sceptique.

- Mais qu’est-ce que tu as fait au juste ?

- J’ai éludé, dit Wilt.

- Drôle de façon de parler, dit Braintee. Tu montes avec Mrs Pringsheim. Toi tu éludes pendant qu’elle est sur le lit, les cuisses ouvertes et tu veux savoir pourquoi Eva n’est pas revenue ? Mais elle doit être chez un avocat et elle remplit une demande de divorce contre toi !

- Mais je me tue à te dire que je ne l’ai pas baisée, cette ordure, dit Wilt. Je lui ai dit d’aller se faire asperger le persil ailleurs.

- Asperger le persil ? Où as-tu été pêcher cette expression ?"

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page 79. Eva, l’épouse de Wilt est partie en croisière dans les marais avec le couple Pringsheim, Sally et Gaskell..

«  Sally était étendue toute nue sur le pont du cabin-cruiser, ses petits seins nus braqués vers le ciel, les jambes largement écartées. À côté d’elle Eva, allongée sur le ventre, regardait le paysage.

- Mon Dieu, mais c’est divin, murmura Sally. Ah, la campagne profonde…

- Toi, ce serait plutôt gorge profonde, ah ! ah ! dit Gaskell qui dirigeait à l’aveuglette le canot vers une écluse. »

wilt-3

page 123. Sur le bateau, Sally se confie à Eva

«  Sally s’allongea sur la couchette et alluma un cigare.

- Tu es merveilleuse. Tu ne sais rien. Ton innocence est reposante, délectable. Moi, j’ai perdu la mienne à quatorze ans.

Eva secoua la tête.

- Les hommes… dit-elle avec désapprobation.

- Il était assez vieux pour être mon grand-père, dit Sally. En fait, c’était mon grand-père.

- Oh non ! Mais c’est affreux !

- Non, pas tant que ça, dit Sally en riant de bon cœur. C’était un artiste. Avec une barbe. Sa salopette sentait la peinture. Il avait un grand studio. Il voulait me peindre toute nue. À l’époque, j’étais tellement pure. Il m’a fait allonger sur le divan et il m’a arrangé les jambes. Il passait son temps à m’arranger les jambes, il se reculait, il me regardait et il les peignait. Et puis un jour, il s’est penché sur moi, il m’a embrassée, il s’est allongé, il a baissé sa salopette et….

Eva s’assit, fascinée. Elle pouvait tout imaginer, très clairement, même l’odeur de peinture du studio et les pinceaux. Sally avait eu une vie exaltante, pleine d’aventures, romantique en somme. Eva essaya de se rappeler comment elle était à quatorze ans. Elle ne sortait même pas avec des garçons et, pendant ce temps-là, Sally était sur un divan avec un artiste. »

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Mercredi 26 juin 2013 3 26 /06 /Juin /2013 12:28

Tomàs Segovia . Récemment, Jean-François Launay, un lecteur du blog, m'a recommandé le recueil de Sonnets votifs ( ex-voto érotiques) de Tomas Segovia. Ce poète est né en 1927 en Espagne et décédé en 2011 au Mexique, la guerre civile espagnole ayant contraint sa famille à l'exil. Avec l'accord de l'auteur, ses sonnets furent traduits et adaptés en deux versions françaises : une en octosyllabes et une autre en alexandrins. Pour les deux dernières illustrations, je vous propose deux dessins de Sandokan, une référence de choix dans l'image érotique 

 

Sonnet XXVIII

Sonnet votif ( ex-voto érotique)

 

 Texte original en espagnol

 

Nunca estoy más fundido con tu vida,segovia3

más en la honda ruta en que perdido

sigo tu más recóndito latido,

que si cedes la grupa estremecida,

 

y en esa estrechez trémula y ceñida,

paciente, cuidadoso, conmovido, 

me abro paso a tu túnel guarecido 

mientras toda tú anhelas suspendida.

 

Y estoy entero en ese extremo mío

bajo tierra en tu fiebre sepultado,

semilla henchida de tu paroxismo;

 

y aguardo la avenida de tu río,

en tu mina más tórrida clavado,

vivo en el epicentro de tu sismo.

 

1 ) Traduction -adaptation en décasyllabes

 

Je ne suis point dans ta vie plus ancré,segovia2

Plus sur la profonde route où, perdu,

Je suis ton battement le plus reclus,

Que si tu cèdes, la croupe ébranlée ;

 

Dans la tremblante étroitesse serrée,

Patient, attentionné aussi, ému,

Alors que tout ton souffle est suspendu

J’avance dans ton tunnel protégé.

 

Et je suis entier en mon logement

Sous la terre, inhumé dans ton frisson,

Semence gavée de ton paroxysme ;

 

Et je guette la crue de ton torrent,

Cloué dans ton plus torride filon,

Je vis à l’épicentre ton séisme.

               

 

2 : Traduction-adaptation en alexandrins

 

Jamais je ne me sens plus fondu à ta vie,segovia1

Plus perdu sur la profonde route où chercher

Ton battement le plus secret, le plus caché,

Que lorsque tu me cèdes ta croupe qui frémit,

 

Et que ceint d’étroitesse et de ton tremblement,

Patient, précautionneux, saisi par l’émotion,

Je m’ouvre ton tunnel bravant sa protection

Pendant que tout ton être pris de désir attend.

 

C’est mon refuge extrême où je vis tout entier,

Tout entier sous la terre en ta fièvre inhumé,

Semence que tu gonfles au feu du paroxysme ;

 

Et j’attends la venue de ton fleuve gorgé,

Là où, cloué dans ta mine la plus torride,

Je vis à l’épicentre au plus fort séisme.

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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