lectures x

Jeudi 20 mars 2014 4 20 /03 /Mars /2014 14:25

Eric MOUZAT, Carnet sexuel d’une femme de chambre

Editions de La Musardine, 2013, collection Lectures amoureuses

mouzat

Pages 48-49. La narratrice reçoit les confidences d’une des ses employeuses qui lui raconte comment, avec son mari, elle avait dragué une fille de 18-19 ans pour participer à une soirée un peu spéciale dans un club échangiste.

mouzat1« On est allé avec la fille dans une chambre. Comme on n’a pas fermé la porte à clé, plusieurs mecs sont venus. On a expliqué qu’ils pouvaient regarder, mais pas participer. Jean-Jacques (le mari de l’employeuse) est hétéro +++, il ne supporterait pas qu’un homme le touche même sans faire exprès. Alors, tu imagines quand on baise… Il y avait de la place pour trois ou quatre voyeurs autour du matelas. Les hommes se masturbaient en nous regardant faire l’amour. Assez cocasse. Jean-Jacques prenait son pied : deux bouches pour une fellation, c’est très agréable, d’autant que la fille avait une gorge d’une profondeur inouïe. Moi, je ne suis jamais arrivée à avaler plus de la moitié de sa verge. Ça butte toujours au fond et j’ai des nausées. Elle, elle allait quasiment jusqu’au bout, alors je me contentais de sucer les testicules de Jean-Jacques et de le doigter comme il aime. Ça, la fille elle ne pouvait pas le savoir. Plusieurs mecs se sont relayés autour de nous. Vers la fin, après que la fille ait eu fait jouir Jean-Jacques dans sa bouche et pendant qu’elle me suçait le clitoris en enfonçant ses doigts dans ma chatte, un noir est arrivé. Quand j’ai vu son engin, j’ai cru à une farce. Je ne te mens pas. Une demi-baguette de pain ! Et pas une petite baguette famélique de supermarché ! Une bonne baguette de boulanger.mouzat4

La fille essayait de faire rentrer sa main dans mon vagin. Je n’avais plus les idées très claires. J’ai fait signe au noir d’approcher. Jean-Jacques a changé de côté. Il est allé se mettre derrière la fille et lui a léché la chatte. Je n’ai pas pu résister à prendre cette queue dans mes mains. Tu n’imagines pas ce que j’ai ressenti. Je me suis demandé ce qui me ferait le plus d’effet : la main de la jeune fille ou cette verge gigantesque. J’ai sucé son gland quelques minutes. La fille avait réussi à rentrer sa main complète et elle la faisait tourner doucement. J’ai joui. Puis j’ai retiré sa main de ma chatte et je me suis mis à quatre pattes, les fesses à hauteur de la verge du noir. Il m’a prise par les épaules et s’est enfoncé d’un coup, sans préparation, jusqu’au fond. Ça doit être sacrément élastique là-dedans ! J’ai senti ses testicules battre contre mon pubis. Il était au fond. Bien au fond. J’avais l’impression qu’il était presque au milieu de mon ventre. Tu ne peux pas savoir ce que ça fait. J’ai réessayé après avec des grosses courgettes, et je n’ai jamais retrouvé cette sensation d’être remplie, envahie, écartelée, mais aussi d’absorber, d’englober, de posséder cette chair. »

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Ce que j'en pense : rien de bien nouveau sous le soleil noir de la littérature érotique. Une série de récits croisés sur le thème de la jeune fille délurée au service de patrons et patronnes plus ou moins déjantés ou pervers. C'est plaisant, mais on a l'impression d'avoir déjà lu tout ça... 

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Samedi 22 février 2014 6 22 /02 /Fév /2014 11:22

Nicole-Lise Bernheim, Mireille Cardot

Mersonne ne m’aime (romance policière)

Editions des autres, 1978

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Nous sommes en pleine effervescence féministe. Irène et Daniel sont en couple.

Page 89 : Irène vient de rejoindre une communauté de femmes

« Il ( Daniel) songeait que ces femmes entre elles, c’était rigolo et sans danger pour sa virilité. Il y gagnerait sur le plan culinaire, car les bonnes femmes n’échangent que des recettes.

Mais révélation, révolution.

Le plaisir n’était pas ce qu’Irène croyait.

Elle fit connaissance de son petit camarade clito tout à fait par hasard, un beau soir de pleine lune de mai, fais ce qu’il te plaît. Elles avaient bu du thé à la menthe fraîche et fumé le meilleur guatémaltèque.

Sylvie, à l’odeur de santal et verveine mêlés, s’était approchée d’elle, l’avait enlacée, et ma foi elle s’était laissée faire et même elle avait fait.

Tout alla vite. Vénus fit cascader la vertu d’Irène. »

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Page 94 : Daniel désormais abandonné par Irène va se consoler dans les quartiers chauds.

« Lassé, il décida au mois d’août, contrairement à ses principes les moins chers, d’aller dériver du côté de la rue Sainte-Denise. Il faisait belle et les femmes semblaient douces. Comme au Salon de l’agriculture, des rangs serrés d’Allemands soupesaient du regard les Madones du Slip.

Daniel Flipo-Risq monta avec la première venue, se refusant au choix. Ce fut une pulpeuse Sénégalaise qui sentait le benjoin. Daniel tout à l’étonnement de tromper sa femme ne fut pas brillant. Elle eut beau caresser, lécher, pincer, agiter, mordiller, rien ne dressait.

Elle interpella la pine fliporisquienne : « Cocotte, tu veux pas jouer avec maman ? T’aimes plus la bête à dodo ? Te laisse pas impressionner (…) J’ai toujours du goût pour les obélisques, les menhirs et tout ce qui monte au ciel. Alors, tu dardes, chérie ? » Elle le regamahucha un tantinet : Fiasco. »

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Lundi 10 février 2014 1 10 /02 /Fév /2014 09:37

Michael Avallone, Orgies funéraires

NRF Gallimard, Carré noir, 1969

Titre original : The coffin things

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Un embaumeur se venge de la riche communauté de sa ville qui l’exclut et le méprise

Chapitre VII : B.Richard Martinius, richissime vieux célibataire a décidé de s’offrir une soirée particulière

avallone3«  B. Richard Martinius avait donné un coup de fil pour passer commande : trois filles dont les chevelures diffèrent l’une de l’autre, de tel et tel poids, tel et tel tempérament. Il avait également précisé qu’il les voulait saines, et pas d’une intelligence exagérée. Mme Goodman (la patronne des 3 call-girls) avait exécuté ses ordres. Le vieux Martinius versait la très coquette somme de mille dollars par fille. Pour une nuit ! (…)

Aussitôt les présentations faites, B. Richard Martinius avait fait mettre ses trois invitées en costume d’Eve, tandis que lui-même se lançait à leur poursuite comme un Faune, les pourchassant à travers la grande pièce en les bombardant de poignées de grains de raisin particulièrement juteux et poisseux. Ces demoiselles Wilson, Kelly et Apperson en  avaient vu bien d’autres dans leur existence déjà si remplie, et chacune, pour sa part, s’était pliée à bien d’autres caprices pour satisfaire un client ! (…)

Martinius cessa brusquement de lancer des raisins, saisit par le poignet miss Apperson qui se trouvait être la plus proche de lui, en même temps que du lit de l’époque de la Reine Anne, et la bascula en un tourne-main sur la couche moelleuse. Accueillant ce répit avec soulagement, les compagnes de miss Apperson, Mlles Wilson et Kelly, s’arrêtèrent pour contempler le couple. Elles allèrent même jusqu’à se verser du champagne du magnum qui se dressait, tel la tourelle d’un vaisseau de guerre, dans un énorme seau à glace posé dans un coin de la pièce.avallone2

Pourtant, elles ne pensèrent bientôt plus au champagne, ni à rire et se moquer de B. Richard Martinius. À vrai dire, leur pouls s’accélérait, et elles sentaient leurs seins, et le creux de leur estomac, en proie à certains fourmillements et frissons dont elles n’avaient guère l’habitude.

Miss Apperson gémissait et criait, dans un délire extatique, dont elles furent aussitôt jalouses.

Mais B. Richard Martinius était capable – et il le prouva – de les combler toutes. Une performance incroyable ! L’orgie dura longtemps, soutenue par des flots de champagne, un entrain du diable, une intimité sans retenue, et aucune limite de temps !  Les demoiselles en vinrent chacune à élaborer, en secret, maints projets, machinations et habiletés dans le but de se réserver – en toute exclusivité et pour elle seule – la jouissance de ce vieux bouc millionnaire. En vue d’un avenir assuré ! C’était le client rêvé, disponible en tout temps. Et paré pour la bagatelle, avec ça ! Pour ne rien dire de ses millions, qui méritaient pourtant largement d’être pris en considération !"

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Jeudi 23 janvier 2014 4 23 /01 /Jan /2014 12:34

Philippe LECAPLAIN, Ces dames de l’annonce

Éditions Tabou, collection Vertiges, 2013

lecaplain

Le principe : Le narrateur a passé une petite annonce pour rencontrer des femmes libertines… Le livre est le récit de 18 de ces rencontres originales. Si le scénario peut paraître à certains très artificiel et improbable, je peux témoigner que lorsque j’ai écrit mon roman « La seconde vie de Maximilien Bémol », j’ai moi aussi passé une petite annonce dans une revue littéraire afin de recueillir les témoignages intimes de femmes mûres à forte pilosité pubienne et que j’ai ainsi entretenu une longue et fructueuse correspondance avec trois femmes qui m’ont beaucoup aidé dans mon travail d’écriture

                             

14ème rencontre : Ludivine, la bavarde ( pages 138-139)

lecaplain5- J’ai la cramouille qui crame. Mon clito est devenu un mégot brûlant qui veut son coup de tisonnier. Arrête le cunni et bouge-toi. Tu m’as mis le feu au cul et il va falloir que tu sois un pompier à la hauteur. Vite, le brasier réclame ta lance à incendie.

Elle déverse cette vulgarité avec une gouaille poissonnière qui me vrille les tympans.

- Je t’en prie, remplis-moi bien au fond. J’offre la rôtisserie ; sois mon charcutier ! Enfourne ta viande. Du bon gros gigot bien sanguin, voilà ce que j’aime. Et en guise de garniture, envoie donc la purée.

Poétiquement grossier. On aurait cru du San Antonio

- Putain, quel calibre ! lança-t-elle en dégainant la chose. La bite idéale est celle que j’empaume sans que le pouce puisse toucher mes autres doigts. Je suis sûre que c’est du 20 sur 7. Tu vas pouvoir me remplir.

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Elle avait beau  être flatteuse, elle me laissait interdit.

- Ce qu’il me faut, c’est une bonne rasade de pine. Depuis toujours, j’ai la chatte qui réclame. De toutes les façons, entre un homme et une femme, cela se termine toujours à coups de queue. À le savoir, autant ne pas perdre de temps et s’économiser les préambules. Alors, vas-y, fous-la moi. Je veux en prendre.

Encore sous le choc mais avant tout serviable, je l’enconnais.

- Han, han, oui, comme ça. Han, han, encore. Han, han, plus fort.

Ma parole, elle se croyait dans un de ces bons vieux pornos qui m’ont déniaisé avant le saut dans le grand bain. À l’époque, c’était en crypté à la téloche le premier samedi du mois ou en vidéocassette achetée derrière la gare.

 

- Ouiiiiiii, t’arrête pas. 

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lecaplain4 

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Lundi 16 décembre 2013 1 16 /12 /Déc /2013 09:20

Linda BASTIDE : « L’insolence du lundi », Roman

Editions Guy Authier, 1973

Le récit d’un amour interdit entre une femme de 40 ans et un jeune homme de 17.

insolence

Pages 89-90 : Julien, le jeune amoureux, se rend chez Alain, un ami où il va retrouver son ex, une certaine Martine

«  Sitôt la porte ouverte, il eut envie de tourner les talons. De fuir à toutes jambes. Il avait rencontré le regard d’Alain-aux-yeux-bleus. Il était entré résolument. Une nausée au bord des lèvres.

insolence3Alain-aux-yeux-bleus caressait nonchalamment une  fille étendue dans une posture absurde sur le divan. Le haut de son corps disparaissait dans les coussins. On ne voyait d’elle que ses jambes écartées et son sexe ouvert.

Martine, en se frottant contre le manteau de Julien, titubait et le regardait avec des yeux morts.

- Mon vieux, disait Alain, tu arrives bien. Elles ont picolé mais on commençait à s’emmerder.

La fille gloussait, serrait et desserrait ses jambes au rythme des mains d’Alain comme dansant sur une inaudible et lente musique. Alain-aux-yeux-bleus ricanait :

- Elle est cinglée. Elle s’envoie en l’air toute seule.

- Tu sais bien que j’aime pas ces trucs-là. Pourquoi tu m’as fait venir ?

Martine lui enlevait son manteau à grands gestes désordonnés.

Julien lui avait pris le poignet et le serrait très fort.

Alain le regardait d’un air narquois.

- Maintenant, avait ajouté Julien, si tu veux venir avec moi dans un coin tranquille, je dirai pas non. Et il se retenait de gifler Martine à la volée. Il l’aurait tuée.insolence2

Poussé par Martine dans un fauteuil proche, il l’avait regardée danser au milieu du tapis devant la cheminée. Le whisky lui donnait une migraine qui battait derrière ses yeux comme un pouls. Il fallait rester là et boire l’alcool et la honte. Ne pas perdre la face. Il perdait l’honneur mais il était le seul à le savoir. Passant près d’Alain, Martine laissa tomber sa robe. L’autre fille gémissait interminablement, enfouie dans ses cheveux et ses coussins, réduite à sa plus simple expression, son sexe. Les mains plaquées sur les fesses nues de Martine, Alain avait poussé un hennissement de joie en la projetant vers Julien. Elle était arrivée en vol plané, les bras comme deux ailes, ses deux seins lourds sur le visage de Julien. Il l’avait mordue cruellement et ses deux grandes mains avaient attrapé les cuisses dures au creux de l’aine. Elle ne disait pas un mot et restait là, clouée, écartelée, les prunelles fixes. Alain riait. Alors, une excitation comme une haine remontant le long de son corps, Julien avait assis la fille sur lui et la pénétra brutalement. Il ne bougeait pas. Elle enroulait son ventre autour du sexe immobile, et, la tête renversée en arrière, joignait son gémissement à celui de l’autre fille. Deux chants de pure joie animale qu’ils étaient seuls à entendre, car elles étaient loin d’eux, dans le monde sans dimensions du plaisir de leur chair. »

insolence1

 

 

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Mercredi 6 novembre 2013 3 06 /11 /Nov /2013 09:01

Marie DARRIEUSSECQ : Truismes

Roman paru en 1996 aux éditions POL

 truisme

À travers le récit à la première personne de sa lente mais inexorable métamorphose, la narratrice nous livre une terrible fable sociale et politique sur l’exclusion et notre conduite face à la différence (pour ne pas dire l’étranger). Le ton est jubilatoire, souvent d’un humour féroce, mais parfois notre rire vire au jaune !

Le texte est parcouru  du début à la fin d’un érotisme sans fard, comme dans cette scène du tout début du roman où la narratrice à la recherche d’un emploi décroche un contrat dans une parfumerie.

 truisme1

truisme2« Je cherchais donc du travail. Je passais des entretiens. Et ça ne donnait rien. Jusqu’à ce que j’envoie une candidature spontanée, les mots me reviennent, à une grande chaîne de parfumerie. Le directeur de la chaîne m’avait prise sur ses genoux et me tripotait le sein droit, et le trouvait visiblement d’une élasticité merveilleuse. À cette époque-là de ma vie les hommes s’étaient tous mis à me trouver d’une élasticité merveilleuse. J’avais pris un peu de poids, peut-être deux kilos, car je m’étais mise à avoir constamment faim ; et ces deux kilos s’étaient harmonieusement répartis sur toute ma personne, je le voyais dans le miroir. Sans aucun sport, sans activité particulière, ma chair était plus ferme, plus lisse, plus rebondie qu’avant. Je vois bien aujourd’hui que cette prise de poids et cette formidable qualité de ma chair ont sans doute été les tout premiers symptômes. Le directeur de la chaîne tenait mon sein droit dans une main, le contrat dans l’autre main. Je sentais mon sein qui palpitait, c’était l’émotion de voir ce contrat si près d’être signé, mais c’était aussi cet aspect, comment dire, pneumatique de ma chair. Le directeur de la chaîne me disait que dans la parfumerie, l’essentiel est d’être toujours belle et soignée, et que j’apprécierais sans doute la coupe très étroite des blouses de travail, que cela m’irait très bien. Ses doigts étaient descendus un peu plus bas et déboutonnaient ce qu’il y avait à déboutonner, et pour cela le directeur de la chaîne avait été bien obligé de poser le contrat sur le bureau. Je lisais et relisais le contrat par-dessus son épaule, un mi-temps payé presque la moitié du SMIC, cela allait me permettre de participer au loyer, de m’acheter une robe ou deux ; et dans le contrat il était précisé qu’au moment du déstockage annuel, j’aurais droit à des produits de beauté, les plus grandes marques deviendraient à ma portée, les parfums les plus chers ! Le directeur de la parfumerie m’avait fait mettre à genoux devant lui et pendant que je m’acquittais de ma besogne je songeais à ces produits de beauté, à comme j’allais sentir bon, à comme j’aurais le teint reposé. »

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Jeudi 24 octobre 2013 4 24 /10 /Oct /2013 07:21

Richard FORD : «  Canada »

Editions de l’Olivier, 2013

478 pages, traduit de l’américain par Josée Kamoun

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Pages 215-216

 À 15 ans, Dell ( le narrateur) et sa sœur jumelle Berner se retrouvent seuls dans la maison familiale à la suite de l’arrestation de leurs parents. La nuit venue, Berner vient se coucher dans le lit de son frère

 

canada1« Elle avait pleuré ; elle sentait les larmes et la cigarette. Elle n’avait rien sur elle, ça m’a fait un choc. Sa peau était froide, et elle s’est collée contre moi, dans mon pyjama. Pleurer l’avait refroidie. Elle a pris ma main et l’a posée sur son ventre. «  Réchauffe-moi, elle a dit, j’arrive pas à dormir. » Elle a reniflé  et poussé un soupir. «  C’est d’avoir bu ce whisky, ça empêche de dormir. » Elle s’est serrée encore plus contre moi. Je sentais le savon sur sa peau, les pastilles Vicks, la fumée dans ses cheveux. Elle a logé son visage acnéique contre mon cou ; ses joues étaient humides et fraîches ; elle avait le nez bouché.

« Je dormais, ai-je menti.

- Rendors-toi, je te dérangerai pas », elle a dit. Un train a sifflé dans la nuit. J’avais les bras croisés. Elle a saisi ma main.

«  Je vais fuguer toute seule », elle a chuchoté à mon oreille. Elle s’est éclairci la gorge, elle a dégluti, ravalé ce qu’elle avait dans le nez. «  Je suis folle, je fais n’importe quoi. »

Pendant un temps, elle n’a plus rien dit. J’étais allongé auprès d’elle, je respirais. Et puis, soudain, elle m’a embrassé brutalement, dans le cou, sous l’oreille, et elle s’est rapprochée de moi d’un mouvement brusque. Je n’étais pas fâché qu’elle m’embrasse ; ça me rassurait. Elle a lâché ma main et a baladé la sienne qui était rêche et osseuse. « Je voulais le faire ce soir avec Rudy ( le petit ami de Berner), elle a dit, mais je vais le faire avec toi.

- D’accord »,  j’ai dit. Je voulais bien. Ça m’était égal.canada2

«  Ce ne sera pas long. On l’a déjà fait dans sa voiture. Il faut que tu saches ce que c’est, de toute façon.

- J’en ai aucune idée.

- Encore mieux. Ça ne comptera pas. Tu oublieras.

- D’accord

- Je te promets, elle a dit, ça n’a pas la moindre importance. »

Et il n’y a rien à ajouter. Ça ne se répète pas. Ça ne voulait pas dire grand-chose, ce qu’on a fait, sauf pour nous, sauf sur le moment. Plus tard, dans la nuit, Berner s’est réveillée, elle s’est assise dans le lit et elle m’a dit, parce que j’étais réveillé :

«  T’es pas Rudy.

- Non, je suis Dell.

- Eh ben, je voulais juste te dire au revoir.

- Au revoir. Où tu vas ? » Elle m’a souri, ma sœur, et puis elle s’est rendormie mes bras autour d’elle, au cas où elle aurait peur, ou froid. »

 

Ce que j'en pense : un roman magistral où le sexe n'occupe qu'une infime partie. Récit initiatique du passage du monde de l'enfance à l'âge adulte. Difiicile de parler simplement d'un ouvrage aussi dense. 

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Samedi 12 octobre 2013 6 12 /10 /Oct /2013 12:38

La vicieuse ( Louis Perceau, 1883 - 1942)

Viens t'asseoir sur mon dard enduit de vaseline
Car je connais tes goûts, ma vicieuse Line,
Et qu'il te faut sentir
Un gros membre enfoncé dans tes chairs élastiques,
Cependant que d'un doigt prompt à te divertir
Par-devant tu t'astiques.
perceau
Sur ce clou palpitant assise sans bouger,
Tu n'attends le plaisir que de ton doigt léger,
Mais sitôt qu'il s'amène,
Lancinant et rapide, infernal et profond,
Ton corps comme en fureur sur mon dard se démène
Pour l'entrer jusqu'au fond !

perceau2

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Lundi 7 octobre 2013 1 07 /10 /Oct /2013 06:50

Charlotte ROCHE, Petites morts (2011)

Flammarion 2013, pour l’édition française (335 pages). Texte traduit de l’allemand par Sophie Andrée Herr.

c-roche

Pages 287-288 : Elizabeth, la narratrice, se prépare pour une passe à trois dans un bordel en compagnie de Georg, son mari…

c-roche1« J’ai souvent le sentiment que les prostituées pinaillent beaucoup sur l’hygiène, le rasage et tout le reste. Elles enlèvent tout sauf une petite moustache à la Hitler au-dessus du clitoris. Ce que je suis en train de faire moi aussi. Terminé ! Je me passe encore de la crème sur tout le corps, surtout à l’endroit où mes fesses sont marquées par la position assise et sur la peau autour des grandes lèvres. Je fais comme les prostituées. Tout est souvent une question de peau chez les prostituées. Une peau chaude et douce. Ce qu’il y a de mieux dans cette histoire, c’est de pouvoir toucher le corps d’une femme. Et de regarder dans le vagin des autres femmes.

J’ai fini de préparer mon corps. Je choisis dans ma garde-robe un porte-jarretelles, un slip tanga et un soutif noir que je tire de mon grand tiroir à sous-vêtements. Parfois, j’ai moi aussi envie d’avoir l’air d’une pute, et parfois je joue à la bonne épouse et mère au foyer en triste petite culotte blanche. C’est selon mon envie. J’oscille toujours entre les deux extrêmes.

Je colle un protège-slip au fond de mon tanga noir pour ne pas le tacher de mucosité en chemin. Rien que de m’habiller et de me préparer, ça m’excite. Une femme qui mouille c-roche4autant que moi doit s’en prémunir comme d’une maladie pour éviter les situations gênantes. Je mets d’abord mon porte-jarretelles avec les bas assortis, puis mon slip par-dessus pour que je puisse ensuite, pendant le sexe, enlever le slip tout en gardant mon porte-jarretelles. Au-dessus, j’enfile ma robe qui se retire très facilement le moment venu. De toute façon, là-bas, on sera nus la plupart du temps. »

c-roche2

Ce que j’en pense : Comme extrait, je ne vous ai pas choisi les passages les plus chauds afin de vous laisser le plaisir de la découverte. Mais ce roman n’est pas seulement une histoire de cul, c’est aussi un magnifique texte sur l’indicible souffrance du deuil, la quête de l’amour absolu et l’éternel combat pour la vie. Un livre à ne pas manquer

 c-roche3

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Mercredi 18 septembre 2013 3 18 /09 /Sep /2013 12:33

Ysabelle LACAMP, « La Fille du Ciel »

Roman paru aux Editions Albin Michel en 1998. ( Collection J’ai Lu n° 2863 )

Chapitre 16, page 231-232

lacamp

Après avoir perdu son mari et son enfant mort-né, avoir miraculeusement échappé à des pirates et à un naufrage, la belle Shu-Meï se retrouve captive sur une île perdue dans la mer de Chine.  Œil de Baleine, le chef du village, en a fait sa nouvelle épouse.

lacamp3« Entouré de ses épouses au grand complet qui chantaient en s’épouillant, Œil de Baleine fit basculer Shu-Meï sur l’immense natte. Elle n’eut même pas le temps de se demander s’il cachait sous son pagne un bremas aussi effilé que les défenses de narval qui décoraient sa couche. Sans le moindre préambule, l’homme se coucha sur elle et défonça la pulpe nacrée de son petit coquillage.

Sa façon de gigoter lui faisait penser à ces Hakka qui s’escrimaient à produire du feu en frottant un bâton de figuier dans le trou d’un disque d’acacia.

Ici on « pilait le jade sans en dérober le parfum ». Point de positions subtiles du style « le Phénix voltige au-dessus de la Caverne du Cinabre » ou «  la Chenille du bombyx trépigne à cloche-pied ». L’Art de la chambre à coucher était des plus rudimentaires.

Le Poisson Glissant de son  nouveau maître ne frétilla pas longtemps en elle. Dans un grognement sourd, la vilaine Tortue d’œil de Baleine cracha entre ses cuisses, puis le pêcheur s’effondra sur sa nouvelle épouse comme sur une litière de fougères et ne tarda pas à ronfler pesamment sous les gloussements satisfaits de ses concubines.

Songeuse, Shu-Meï chercha à effacer les arabesques indélébiles qui dansaient sur son ventre curieusement plat. » 

lacamp2

Ce que j’en ai pensé : Une intrigue intéressante mais un peu trop cousue de fil (de soie ?) blanc. Une langue surchargée de comparaisons et de métaphores, avec un lexique presque exhaustif des adjectifs de couleur, des objets, des mets et autres curiosités d’extrême orient. On a  parfois l’impression de feuilleter un catalogue Ikéa  « made in China ». Le tout agrémenté de quelques scènes de cul et d’orgie plutôt bien troussées.   

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