Chapitre 3
La météo avait annoncé une tempête pour le week-end. Vents de sud-ouest en rafales et fortes pluies. Un temps à ne pas mettre un Africain dehors. Pour le stage de percussions, Pierrette avait trouvé à louer les locaux d’un petit lycée agricole fermé pour les vacances scolaire. La trentaine de stagiaires – presque exclusivement des femmes, mariées et mères de famille comme Sofia – était logée dans les chambres à trois lits de l’internat et les cours avaient lieu dans le gymnase. Les professeurs de djembé s’appelaient Ibrahima et Manu. Le premier était originaire du Sénégal, le second du Gabon. Ibrahima était le plus grand, Manu le plus jeune.
La journée du samedi fut entièrement consacrée à l’apprentissage des rudiments du djembé. Lorsque Sofia eut pour la première fois l’instrument calé entre les cuisses et qu’elle frappa du plat de la main la peau tendue, le son du tam-tam et sa vibration se répandirent dans tout son corps et finirent par confluer au creux de son ventre où ils n’en continuèrent de résonner longtemps après que le son se fut éteint. La suite du cours ne fut plus pour Sofia qu’une succession d’émotions fortes. Elle avait la sensation de participer aux préludes d’un orgasme collectif. Elle observa le visage des autres stagiaires afin d’y trouver un écho à ses propres émois, mais elle n’y lut rien de tout cela, comme si elle était la seule à être sensible à la puissance érotique du djembé. Seuls les visages des deux musiciens et, dans une moindre mesure, celui de Pierrette exprimaient l’intense plaisir de jouer.
Ainsi passa la première journée, entièrement consacrée aux pulsations du djembé.
Après le dîner, Sofia regagna la chambre qu’elle partageait avec Pierrette et une certaine Alice. Autant Pierrette était exubérante et bavarde, autant Alice était discrète et taciturne. C’était une femme blonde aux yeux pers, avec quelques taches de rousseur sur les pommettes et les avant-bras. Grande, élancée, elle paraissait encore jeune malgré ses vêtements à la coupe sévère.
Au moment du coucher, juste avant l’extinction des lumières, Sofia surprit entre ses deux compagnes de chambrée une brève conversation à voix basse qui cessa dès qu’elles se sentirent observées.
Au cœur de la nuit, Sofia fut réveillée par un courant d’air frais qui la fit frissonner. La porte de la chambre donnant sur le couloir était entrouverte et, dans la pénombre, Sofia entrevit les deux autres lits vides. Elle tendit l’oreille : rien ! Tout était silencieux. Elle se leva et, pieds nus, sortit dans le couloir. Personne ! Poussée par la curiosité, elle suivit le couloir jusqu’à la porte du fond puis descendit l’escalier qui menait au rez-de-chaussée. Toujours rien ! Ce ne fut qu’après avoir poussé la porte du hall d’entrée qu’elle entendit les échos assourdis d’un djembé en folie. Cela venait du gymnase pourtant plongé dans les ténèbres. En s’approchant, Sofia finit par apercevoir un rai de lumière jaune au pied de la porte qui donnait dans une petite pièce où était entreposé le matériel de gymnastique : tremplins, tapis de sol, barres parallèles et asymétriques, cheval d’arçon… Sofia se souvenait d’y avoir vu aussi des espaliers fixés aux murs ainsi que des cordages enroulés comme des boas endormis.
Ce n’est qu’arrivée près de la porte qu’elle prit conscience de l’incongruité de sa situation : debout, en chemise de nuit, pieds nus sur le ciment froid de la nuit. Elle resta de longues minutes ainsi, indécise, balançant entre la peur d’être surprise et le désir d’en savoir davantage. Mais elle n’eut pas à prendre de décision car la porte s’ouvrit brusquement et Sofia se trouva en pleine lumière face à Manu, torse nu, en sueur, les yeux injectés de sang. Avant qu’elle ait eu le temps d’esquisser un semblant de fuite, il l’avait saisie par le poignet et tirée dans la pièce.
La première chose que vit Sofia, ce fut Alice, entièrement nue, attachée en croix sur un espalier. On lui avait mis un bandeau noir sur les yeux. Elle était entravée par des cordes entrecroisées qui lui congestionnaient à l’extrême les seins. Sofia aperçut entre les cuisses ouvertes d’Alice quelque chose de sombre enfoncé dans son sexe.
Au pied de l’espalier, à genoux sur un tapis de sol, Ibrahima, nu de la tête aux pieds, jouait du djembé. Le rythme était lancinant, envoûtant. Le sénégalais bandait à demi et sa longue queue circoncise semblait prête à marteler l’instrument. Debout à ses côtés, Pierrette dansait en faisant rouler ses fesses et ballotter sa grosse poitrine. L’arrivée inopinée de Sofia interrompit la sarabande.
- Mais regardez qui vient nous rendre visite ! Quelle surprise ! lança Pierrette, les mains sur les hanches.
Manu ne lâchait pas sa proie. Pierrette s’avança jusqu’à se trouver contre Sofia, à se frôler, lèvres contre lèvres, ventre contre ventre…
- Tu veux vraiment voir ce qui t’attend, sale petite curieuse ? On m’a déjà dit que t’étais un peu putain… Ouvre les jambes que je vérifie quelque chose… C’est bien ce que je pensais, t’es mouillée comme une truie en chaleur. Mais tu vas devoir patienter, Alice n’en a pas fini. T’a vu comme elle est blanche, on dirait une morte. Pourtant, je peux te garantir qu’elle est bien vivante !
Manu poussa Sofia devant lui. En s’approchant, elle vit mieux l’objet sombre enfoncé dans le sexe d’Alice : c’était un tuyau de caoutchouc noir relié à une pompe, sans doute habituellement utilisée pour regonfler les ballons. Pierrette tira sur le tuyau. C’était bien ça. Au bout, il y avait une sorte de petit ballon ovale, d’un rouge vif, enduit de lubrifiant. Elle le réintroduisit aussitôt dans le vagin d’alice. Quand il fut bien au fond, elle commença à pomper… Après quelques instants, Alice donna les premiers signes d’une étrange excitation où se mêlaient douleur diffuse et plaisir intense. En gonflant, le ballonnet comblait son vagin, comprimait sa vessie, dilatait son anus. Bientôt, elle se mit à pisser, mais loin de la gêner la miction semblait lui procurer une joie sans limites, proche de l’orgasme. Quand elle la sentit remplie à satiété, Pierrette lâcha la pompe. Ibrahima entama au djembé une sorte de mélopée caverneuse. Tirant doucement sur le tuyau de caoutchouc, Pierrette entreprit d’accoucher Alice. Deva,t leurs yeux ébahis, la vulve s’ouvrit lentement, les lèvres s’écartèrent démesurément pour livrer passage au ballonnet gonflé à l’extrême. Grimaçante de douleur, Alice serrait les dents pour expulser son dernier-né. Centimètre par centimètre, il glissait dehors, arrosé d’urine et de mouillure. Manu qui se branlait devant elle y ajouta des giclées de sperme en visant bien la tête tendue du clitoris. Ces bordées de foutre électrisèrent le ventre d’Alice qui fut parcouru de spasmes pendant qu’elle jouissait sans retenir ses cris de bonheur. Quand ce fut terminé, Pierrette lui ôta son bandeau et l’embrassa tendrement.
à suivre...
© Michel Koppera, septembre 2010
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