Vendredi 24 septembre 2021 5 24 /09 /Sep /2021 08:00

Repéré pour vous en dernière page du Canard Enchaîné n° 5261 du mercredi 8 septembre ce dessin de Diego Aranega.  Comme c'est bien vu ! Tout est juste : la paroi de plexiglas, la présence discrète de la traductrice, le ridicule de la question du fonctionnaire de l'Ofpra... 

CE 5261 08-09-21

Par michel koppera - Publié dans : au jour le jour
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Mardi 21 septembre 2021 2 21 /09 /Sep /2021 08:00

Atsuko, # 3

Vendredi, 16 heures.

Dans l'atelier, tous les chevalets avaient été enlevés. Il ne restait plus que les chaises disposées en cercle autour de l'estrade. Disparu aussi le castelet au rideau rouge. Sur l'estrade, le canapé avait été remplacé par une table dont on ne voyait que les pieds car elle était recouverte d'une sorte de grand drap blanc qui formait comme une tente... Nous brûlions tous de découvrir ce que cela cachait mais, comme pour nous punir de notre impatience, le maître commença par nous expliquer en détail le contenu de la séance :

– Je suppose que vous connaissez tous le body painting, même si vous ne l'avez sans doute jamais pratiqué. Comme je vous l'avais dit mercredi avant de nous quitter, tout le matériel va vous être fourni.

Il nous montra dans un coin de la pièce une sorte de desserte à roulettes sur laquelle étaient alignées une dizaine de coupelles pleines de liquide coloré ainsi que toutes sortes de pinceaux, rouleaux et brosses.

– Voici donc votre matériel : dans les coupelles, vous trouverez des mélanges prêts à l'emploi de peintures à l'eau, de toutes les couleurs, et sans danger pour la peau. Les outils sont à votre disposition, c'est important car première règle : à aucun moment vous ne devrez toucher le modèle avec autre chose que ces outils ! Tout manquement à cette règle vous exclurait d'office de l'atelier. Passons à l'organisation du travail de groupe, car vous allez réaliser une œuvre collective que je définirais comme un "cadavre exquis pictural". Je m'explique : vous n'aurez pas le droit d'ajouter dans une votre coin un motif, une figure, détachée de l'ensemble. Chaque fois que vous interviendrez sur le modèle, vous devrez partir d'un élément déjà réalisé et en imaginer un prolongement, une extension... et ainsi de suite. C'est bien compris ? On pourra considérer que l'œuvre sera achevée lorsque plus aucun d'entre vous ne voudra ajouter quelque chose. Ah ! j'allais oublier un détail qui a son importance : les peintures que vous allez utiliser sont un peu particulières : elles sont parfumées. Vous aurez l'occasion de découvrir l'odeur de chacune au fur et à mesure que vous les utiliserez. En tant que maître de cérémonie, c'est moi qui ai le privilège de décider du thème de votre création qui sera "le végétal sous toutes ses formes". Votre réalisation sera donc un bouquet de couleurs et de senteurs. Et comme vous ne pouvez travailler qu'à partir d'un dessin préexistant, j'ai pris les devants.

Ce disant, il s'approcha de la table et fit glisser le drap blanc à terre. C'était une table d'accouchement où était allongée Mademoiselle Atsuko, toute nue, les pieds dans les étriers, les cuisses écartées, le sexe et la raie culière grand ouverts. On lui avait mis sur les yeux un masque noir, semblable à celui qu'on porte dans les avions longs courriers lors des vols de nuit. Nous avons resserré notre cercle autour de la table : c'était la première fois qu'on la voyait de si près, presque à la toucher. Nous étions tous très impressionnés. Le dessin initial, celui réalisé par le maître, bien que très simple ouvrait le champ des possibles : sous le sein gauche d'Atsuko, partant de l'emplacement du cœur, il avait peint une sorte de liane sinueuse, garnie de quelques feuilles lancéolées d'un vert lumineux, qui filait sans l'atteindre vers la fontaine de son nombril. En se penchant au-dessus du dessin, on sentait une douce odeur de chocolat tiède à laquelle se mêlait une touche de menthe fraîche.

Il fallut patienter avant qu'un des élèves, un vieil homme un peu courbé, se décide à se saisir d'un pinceau, choisir quelques godets de couleur et s'approcher du corps nu. D'un geste sûr, il reprit la racine de la liane initiale et la prolongea avec une clématite qui contourna le sein gauche et grimpa jusqu'à l'épaule où se déployèrent ses fleurs rouges. C'était le signal que chacun attendait. Alors, petit à petit, au fil des intervenants qui s'affairaient autour d'Atsuko, son corps se transforma en un jardin d'Eden, tout à la fois jardin d'agrément, potager et verger riche de couleurs, de formes et de parfums. La végétation se répandait comme une pieuvre, allant se nicher dans les moindres replis de la peau... Des plantes grimpantes ou rampantes enlacèrent ses bras et ses jambes : capucines d'un bel orangé, glycines aux lourdes grappes de fleurs, lierres insidieux, ipomées luxuriantes... Des bosquets verdoyants ombrageaient ses aisselles, la vallée de ses fesses, son mont de Vénus... Dans son nombril s'épanouit une délicate fleur d'hibiscus, son téton gauche devint une framboise, le droit une fraise des bois. Quant à son sexe, il se métamorphosa en une magnifique fleur d'orchidée au parfum de vanille... Et, comme émergeant de cette végétation fantastique, il y avait le visage impassible d'Atsuko, dont la bouche aux lèvres carmin, nous apparurent comme la plus belle des fleurs.

atsuko-3-2Lorsque tout fut achevé, le maître nous invita à faire cercle autour de notre oeuvre éphémère pour la contempler avant de prendre une dernière fois la parole :

– J'ai oublié de vous préciser que les peintures que vous avez utilisées ne sont pas seulement parfumées, elles sont aussi comestibles. Je vous invite donc au festin. Mais la consigne reste la même : pas de contact manuel !

Ce sont les femmes qui ont donné le signal de la curée, en particulier celle à lunettes que j'avais surprise en train de se masturber alors qu'Atsuko posait sur le canapé en compagnie de ses deux éphèbes. Elle est montée sur l'estrade, a retroussé sa jupe et s'est agenouillée entre les jambes écartées d'Atsuko. Elle n'avait plus qu'à se pencher un peu en avant pour venir lui bouffer la chatte pendant que sa main droite s'affairait lubriquement entre ses cuisses. Deux autres femmes, plus jeunes celles-là, sont venues la rejoindre et ont entrepris de sucer les tétons fruitiers, puis une autre encore qui l'a embrassée à pleine bouche. Atsuko qui jusque-là avait su rester immobile a peu à peu perdu le contrôle de son corps. Ses cuisses ont été saisies de tremblements, son ventre ondulant s'est creusé, ses mains se sont crispées sur les bords de la table comme pour éviter de tomber puis, assez rapidement, elle a joui une première fois en gémissant... Les lèvres maquillées de peinture diluée dans la mouillure et la salive, la dame à lunettes s'est écartée pour laisser la place, aussitôt occupée par un homme d'âge mûr, la bite à l'air, qui est venu enfiler le vagin béant.... Nous avons tous participé au banquet : les femmes la suçaient et la léchaient partout, les hommes la pénétraient, jeunes ou vieux, se branlaient au-dessus de ses seins ou de son ventre et éjaculaient de longues giclées épaisses qui aspergeaient la peinture fraîche. Atsuko souriait et jouissait. Avec les pinceaux plats qui balayaient les dessins, l'odeur fade du sperme se mêlait aux parfums des couleurs qui se brouillèrent pour ne former qu'une grande palette multicolore aux motifs semblables à celles des sulfures des billes en verre.

Lorsque toutes les couilles furent vides, toutes les soifs étanchées, le calme revint. Chacun se rajusta et, l'un après l'autre, vaguement honteux, nous avons quitté l'atelier, laissant Atsuko seule sur l'estrade, barbouillée de foutre refroidi et de peinture séchée, allongée aux côtés du maître qui lui tenait la main comme à une enfant perdue.

 atsuko-3

Épilogue

Je n'ai regagné le domicile conjugal que le samedi soir. Mon épouse m'attendait, sagement assise sur le canapé du salon, en train de regarder un énième épisode d'une énième série télé.

– Alors, mon chéri, tu as passé une bonne semaine ?

– Comme toutes les semaines de séminaire : je suis resté assis pendant des heures à écouter des comptes-rendus ou des commentaires de bilans sur tableaux Excel, à prendre des notes... Et toi, ta semaine ?

– Rien de spécial... Ah, si ! tu te souviens que j'avais reçu une proposition pour poser comme modèle pour des élèves des Beaux-Arts ? Après beaucoup d'hésitation, j'ai tenté l'expérience.

– Et alors ?

– Comme toi ! Des heures immobile à garder la pose.

– J'espère pour toi que c'était bien payé...

– Pas mal. Je ne me plains pas...

– Au point de renouveler l'expérience ?

– Peut-être...

 

© Michel Koppera, juillet 2021

 

 

 

 

  

 

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Vendredi 17 septembre 2021 5 17 /09 /Sep /2021 08:00

Atsuko # 2

Mercredi, 15 heures. Deuxième séance.

 Nous nous sommes retrouvés à l'atelier le mercredi après-midi pour la deuxième journée de formation. Première surprise : l'estrade avait été transformée en une petite scène de théâtre fermée par un rideau rouge. Quand tous les élèves furent assis, le maître, en costume à paillettes, vint nous présenter le contenu de la séance à la manière d'un Monsieur Loyal de cirque ambulant :

– Mesdames, messieurs, pour cette séance je vous ai demandé de n'apporter que sept feuilles de papier dessin, format demi-raisin. Je suppose que vous vous demandez pourquoi ! Alors, voilà  : aujourd'hui, le rideau devant lequel je vous parle s'ouvrira sept fois et vous aurez à chaque fois dix minutes pour exécuter une ébauche du tableau vivant que vous aurez sous les yeux. Au bout des dix minutes, le rideau se refermera et on passera au tableau suivant. Le but de l'exercice est que vous parveniez à maîtriser vos émotions pour vous concentrer uniquement sur votre travail artistique, à faire abstraction de la fascination que ne manquera pas d'exercer sur vos esprits la sensualité ou l'obscénité des scènes que vous aurez sous les yeux. Vous êtes prêts ?

Et sans attendre notre réponse, le maître s'est posté à côté de l'estrade, a tiré sur un cordon à pompon doré pour lever lentement le rideau.

Premier tableau. Au lever de rideau, il y a d'abord un grand silence. Chacun retient son souffle, comme s'il craignait de rompre le charme. C'est elle. Elle, nue à l'exception d'une paire d'escarpins noirs à hauts talons dont les lanières de cuir enlacent ses chevilles délicates. Elle est assise dans le fauteuil rouge, les cuisses posées sur les accoudoirs ce qui ouvre son ventre à l'extrême. De sa main gauche, en tirant sur une cordelette blanche, elle extrait de son vagin un chapelet de boules de geisha enduites de sa mouillure. Déjà deux boules sont sorties, combien en garde-t-elle dans les ténèbres de son ventre huileux ? On ne le saura jamais car, en pleine lumière, elle arrête son geste et reste là, immobile comme une statue, comme si on jouait à "1,2,3,soleil"... Une fois passée l'émotion, chacun s'affaire sur sa feuille... Je ne dessine que sa main qui tire la cordelette, ses doigts fins où brille une alliance... Jusqu'au baisser de rideau.

Deuxième tableau. Après une pause de quelques minutes pendant lesquelles on entend qu'on s'affaire derrière le rideau baissé, la séance reprend. Le fauteuil a été remplacé par un canapé tout aussi rouge et Atsuko n'est plus seule mais accompagnée de deux éphèbes, nus comme elle et surtout très bien membrés. Ils bandent, ce qui suscite chez les élèves féminines un intérêt palpable et un souffle court. Astuko est installée au milieu, les cuisses écartées. L'homme qui est assis à sa droite est blond et musculeux. De sa main droite, Atsuko tient fermement sa bite pendant que penché vers elle, il lui tète le sein et une main posée sur son ventre lui masse doucement le clitoris. L'homme brun à la gauche d'Atsuko est plus âgé. Il se tient à genoux sur le canapé de sorte qu'on ne le voit que de profil et que sa bite fièrement dressée se trouve à la hauteur de la bouche d'Atsuko qui a posé les lèvres sur le gland gonflé de désir. Au début on pourrait croire que les poses sont figées, mais peu à peu, en regardant mieux, on devine d'imperceptibles mouvements, comme ceux des lèvres qui sucent le téton, comme celui de la langue d'Atsuko qui agace à petites touches le gland de son partenaire enduit de salive, comme la lente ondulation du bassin d'Atsuko qui accompagne la caresse du doigt sur son clitoris... Et alors qu'on ne s'y attend pas, elle se cambre, ses cuisses se crispent sous l'effort, ses yeux se ferment : elle jouit en silence. Fébrilement, à grands traits de crayon, j'essaie de saisir l'intensité de l'instant, juste avant que le rideau ne se referme.

Troisième tableau. Il y a de l'électricité dans l'air. Maintenant, on a tous compris que ce ne sera pas une séance de pose ordinaire, qu'il s'agit d'une sorte de performance. Lorsque le maître s'approche de l'estrade pour lever une troisième fois le rideau, chacun essaie déjà d'imaginer quel nouvel agencement des corps il va découvrir. Le canapé rouge est resté en place ; y est assis l'homme brun, les cuisses velues légèrement écartées si bien qu'on voit avec netteté son scrotum gonflé de vie. Et, nous faisant face, accroupie sur le canapé, les pieds prenant appui de chaque côté de l'homme assis, il y a Atsuko qui présente sa vulve ouverte à la queue raide de son partenaire. On assiste "en live" à la lente pénétration de la bite dressée dans son vagin. : les lèvres s'écartent doucement, enlacent la colonne de chair, la guident dans les profondeurs de son ventre... Jusqu'à la racine. Ils s'immobilisent quelques instants. Atsuko se laisse aller en arrière, l'homme se saisit de ses seins pour les pétrir à pleines mains, Alors commence le très lent va-et-vient de la bite dans le con d'Atsuko. C'est elle qui donne le rythme de l'accouplement. Elle a le visage sérieux d'une madone en quête de l'extase mystique... C'est ce visage nouveau que je dessine alors que mes voisins s'exercent sur la danse langoureuse des sexes chevillés. Il flotte dans l'air une forte odeur de sexe qui monte à la tête. Je sens qu'il y a des hommes qui bandent, des femmes au visage sévère qui mouillent leur fond de culotte... Heureusement, le rideau retombe avant l'orgasme.

Atsuko-2Quatrième tableau. À peine le temps de reprendre ses esprits que voici la quatrième étape de la journée. Les protagonistes sont les mêmes : Atsuko et l'homme aux cheveux bruns. Il n'a pas changé de position mais Atsuko est maintenant tournée vers lui, un peu penchée en avant, si bien qu'on ne peut pas ignorer son cul, ses petites fesses rebondies, sa raie culière vierge de tout poil, son anus étoilé et sa fente où est plantée la verge inlassable de son partenaire. Des deux mains, il lui écarte les fesses de façon qu'on la voie dans toute son impudeur. Ils ne bougent pas et pourtant je me rends compte qu'Atsuko, par de souples contractions de sa vulve, est en train de pomper le sexe de l'homme, de le sucer de l'intérieur, de tenter de lui faire cracher sa semence. La beauté obscène de leur accouplement jette le trouble dans l'assemblée des élèves. On devine des gestes furtifs sous les chevalets, on entend des froissements de tissu, des glissements de fermetures éclair... Ma voisine de droite, une quadragénaire à lunettes, jusque-là très appliquée, n'hésite pas à retrousser sa jupe pour se masturber discrètement. Je me demande ce qui lui donne tant d'audace : la fière bite de l'homme ou le cul offert d'Atsuko ? Quand le rideau se baisse, il y a comme un soulagement et je m'aperçois que, fasciné par le spectacle, ma feuille à dessin est restée blanche.

Cinquième tableau. Atsuko se trouve de nouveau en compagnie de ses deux mâles d'un jour. Elle est couchée sur le flanc, tournée vers le demi-cercle des élèves dont elle fuit ostensiblement les regards. Sa tête repose sur le ventre du jeune homme blond assis à sa droite et elle lui suce goulûment la bite tout en lui tenant les couilles à pleine main. De l'autre côté du canapé, carrément tourné vers le ventre d'Asuko, il y a l'homme brun. Il lui a pris une jambe qu'il maintient en l'air pour lui ouvrir les cuisses et l'enfiler par derrière. Ainsi, Atsuko a une bite dans la bouche et une autre dans le con. La pose doit être dure à tenir. Il nous faut faire vite pour dessiner une ébauche, d'autant plus que le jeune homme blond, peut-être perturbé par nos regards ou trop sensible à l'agilité des lèvres et de la langue d'Atsuko, ne tarde à éjaculer en poussant une sorte de râle d'agonisant. Bientôt, des larmes de sperme crémeux perlent à la commissure des lèvres de la suceuse... Rideau.

Sixième tableau. L'éphèbe blond s'est éclipsé dans les coulisses de l'atelier. Il ne reste plus qu'Atsuko et son forniqueur aux cheveux bruns et à la bite infatigable. Quand on découvre la scène, on a une impression de "déjà-vu"... Atsuko est à genoux sur le canapé. Très cambrée, le buste appuyé au dossier, elle nous tourne le dos et nous présente ses fesses. Debout derrière elle, les jambes écartées et légèrement fléchies, son partenaire la pénètre. Elle est prise en levrette, mais pas n'importe quelle levrette : une levrette anale. Afin qu'il n'y ait aucun doute sur la nature de la pénétration, l'enculeur a pris soin de ne pas s'enfoncer entièrement dans le rectum d'Atsuko, de sorte que l'on voit distinctement son membre planté entre les fesses. Ils sont immobiles, comme pétrifiés. Sauf qu'avec de subtiles contactions du périnée, du vagin et de l'anus, Atsuko palpe la queue de l'enculeur, l'aspire en elle, la pétrit de ses muscles voluptueux... Et brusquement, sans aucun signe avant-coureur, il cède : son scrotum se recroqueville, sa bite est saisie de spasmes... Il éjacule à grandes giclées dans la chaude nuit du ventre d'Atsuko, et ça déborde, dégouline sur sa vulve fiévreuse et tombe goutte à goutte sur le tissu rouge du canapé. Encore une fois, comme paralysé par le spectacle vivant, j'ai été incapable de dessiner quoi que ce soit !

Septième et dernier tableau. Après une telle progression dans l'audace de la mise en scène, on s'attend à un final d'une grande obscénité. Il n'en sera rien. Lorsque le rideau se lève pour la dernière fois, les trois protagonistes sont avachis sur le canapé, les corps emmêlés, comme endormis. Il flotte dans l'air une forte odeur de sperme tiède, de sueur et de mouillure. Couchée sur le dos, les cuisses écartées, Atsuko paraît épuisée. Son entrecuisse est enduit de foutre, j'imagine que l'haleine de ses lèvres entrouvertes doit avoir la même odeur. Ses deux partenaires ne sont guère plus fringants : les muscles relâchés, le sexe mou et rabougri... C'est le moment que choisit le maître pour intervenir.

– Mesdames et messieurs, c'était le dernier tableau. J'ose espérer que l'expérience vous aura été utile et surtout source d'enrichissement personnel. À propos d'enrichissement, je voudrais avant que vous partiez vous rappeler la "tradition du cornet", tradition qui consiste à ce qu'en clôture d'une séance de pose il soit organisé une sorte de quête dont la recette est destinée à améliorer l'ordinaire des modèles. Donc, en partant, vous trouverez près de la porte une urne où vous pourrez glisser votre obole. Au nom d'Atsuko et de ses partenaires, je vous en remercie d'avance. Quant à la séance de vendredi, je vous demanderai de ne venir avec aucun matériel : tout vous sera fourni sur place !

De retour dans ma chambre d'hôtel, j'ai pris la peine d'examiner les esquisses que j'avais exécutées pendant la journée de formation. Un  vrai désastre ! À l'exception du dessin de la main d'Atsuko tirant sur la cordelette des boules de geisha, tout étant bon à mettre à la corbeille. J'avais encore beaucoup à apprendre.

illustration originale de Philippe Tolet

à suivre...

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mardi 14 septembre 2021 2 14 /09 /Sep /2021 08:00

      Rappel des 2 articles déjà consacrés à Atsuko :

Atsuko

Atsuko # 2

Atsuko

Pour Alain

Mardi, 15 h.

 C'était une belle et douce journée de printemps. Du dôme de la grande verrière qui faisait office de plafond tombait une pluie de lumière qui se répandait sur l'estrade dressée comme un autel au centre de l'atelier. Un peu en retrait du puits de lumière, assis en demi-cercle face à l'estrade, nous étions une vingtaine d'élèves, majoritairement masculins, chacun derrière son chevalet, à nous être inscrits à cette initiation au nu artistique intitulée : "Corps accords". Certains avaient opté pour la peinture à l'huile ou acrylique, d'autres pour le fusain. Pour ma part, au dernier rang, je m'en tenais au simple crayon gras.

Dans le fauteuil de velours rouge posé au centre de l'estrade, les jambes croisées, intégralement nue, se tenait "Mademoiselle Atsuko". Avec son habituelle grandiloquence, c'était ainsi que le maître nous l'avait présentée : "Mademoiselle Atsuko nous vient directement du Japon. À vous de tenter de rendre compte de la clarté solaire de sa peau, d'apprivoiser l'obscurité lumineuse de sa chevelure d'ébène..."

Les yeux dans l'ombre de la visière de ma casquette, je l'observais. Elle levait un peu la tête, le regard accroché à un point mystérieux, quelque part sur le mur blanc de l'atelier. Son visage n'exprimait rien : aucun sentiment, aucune émotion. Sa bouche esquissait un sourire énigmatique, comme pour défier tous nos regards posés sur son intégrale nudité.

– Pour commencer, vous allez dessiner son visage... Rien que son visage ! Et n'allez surtout pas vous imaginer que c'est ce qu'il y a de plus facile !

En effet, la tâche se révéla ardue car le visage de Mademoiselle Atsuko était semblable à celui des jeunes enfants : sans aucune ride, sans aspérités ni ombres, aussi impitoyablement lisse que celui d'une poupée de porcelaine. Il me fallut plus d'une heure avant de parvenir à un portrait un tant soit peu ressemblant... Une heure pendant laquelle elle se tint parfaitement immobile, royalement indifférente et lointaine. Lorsque le maître s'arrêta derrière moi pour voir mon travail, il ne fit aucun commentaire et s'éloigna rapidement.

Après une pause d'un quart d'heure pendant laquelle Mademoiselle Atsuko se retira derrière un paravent comme pour échapper à nos regards, la séance reprit. Dans un premier temps, elle s'assit dans la même position qu'avant mais, après que le maître lui eut glissé quelques mots à l'oreille, elle décroisa les jambes et écarta un peu les cuisses si bien que nous avions désormais une vue imprenable sur son ventre, sa discrète toison pubienne et sa vulve légèrement entrouverte.

– Son corps est à vous ! lança le maître en la désignant de l'index. Faites en sorte que votre dessin soit un vibrant hommage à sa beauté...

atsuko-1Il me fut difficile de ne pas trembler d'émotion lorsque la mine de mon crayon dessina la courbe de ses épaules et de ses seins, y planta les tétons au milieu de l'ombre des aréoles, glissa le long de ses cuisses fuselées et s'attarda enfin dans les plis de son bas-ventre... Dans l'atelier, on aurait entendu une mouche voler. Comme il le pouvait, chacun tentait de saisir la vérité du modèle qui malgré sa nudité crue demeurait un mystère. Cependant, à force d'observation minutieuse, je finis par percevoir d'infimes modifications sur le corps d'Atsuko. Ce fut d'abord ses tétons qui me parurent plus pointus et plus grenus... Puis, il me sembla que l'angle d'écartement de ses cuisses s'était agrandi au point que sa vulve m'apparaissait plus ouverte, que les lèvres vaginales étaient un peu plus charnues qu'au début... Bientôt, il n'y eut plus de doute possible : elle mouillait ! La cyprine suintait de sa vulve béante et scintillait discrètement sous la lumière tombée de la verrière. Le contraste était saisissant entre l'indifférence de son visage au regard absent et l'obscénité de son ventre ruisselant d'excitation.

Brusquement, à 17 heures précises, sans attendre que chacun eût achevé son dessin, le maître mit fin à la séance et nous donna rendez-vous pour le surlendemain :

– Pour la séance de mercredi, je vous demande de venir avec sept feuilles de papier dessin en format demi-raisin. Vous m'avez bien entendu ? Sept feuilles, pas une de plus ! Le moment venu, vous comprendrez pourquoi.

J'ai passé tout le mardi dans ma chambre d'hôtel à la solitude standardisée, à reprendre mes esquisses de la première séance, à essayer en vain de les améliorer, d'en affermir le trait, de leur donner l'illusion du vivant.

illustration originale de Gus

à suivre...

 

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Vendredi 10 septembre 2021 5 10 /09 /Sep /2021 08:00

"Nous avons créé des icônes si jolies que vous aurez envie de les lécher" (Steve JOBS, ex-patron d'Apple, 2010)

icone


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Mardi 7 septembre 2021 2 07 /09 /Sep /2021 08:00

Peter m'a contacté par mail pour me soumettre ce texte et me proposer de le mettre en ligne sur le blog. Je le remercie pour sa confiance et surtout pour la sincérité de cet hymne à la beauté sensuelle de sa compagne.

MON AMOUR : Le Merci d’Eros.

texte peter2

Je voudrais te dire :

Merci, merci pour m’avoir offert sans pudeur, ni honte ni regret, tes fesses, ton con, ta bouche, ton cul, ton corps.

Merci de m’avoir permis de découvrir le mystère de la pénétration et de la baise avec toi.

Merci de m’avoir permis de connaître le mystère de la fellation.

Merci de m’avoir permis de connaître le mystère du goût du con, de son odeur et de sa forme quand il est ouvert.

Merci de m’avoir permis de connaître le mystère du plaisir de la sodomie.

Merci de m’avoir permis de connaître le mystère et la jouissance de te baiser devant un autre homme et de te regarder baiser avec lui .

Merci de m’avoir permis de connaître le mystère d’un trio, deux hommes une femme.

Merci de m’avoir permis de connaître le mystère et la jouissance de la double pénétration.

texte peter

Merci de m’avoir permis de connaître le mystère de baiser dans l’eau, en plein air, dans le noir, à la lumière du jour, à la lumière de la lune…

Merci de m’avoir permis de connaître le mystère de baiser au bord de la mer, d’un fleuve, d’une rivière.

Merci de m’avoir permis de connaître le mystère de l’orgasme féminin, de l’éjaculation féminine et de la femme fontaine.

Merci de m’avoir permis de connaître le mystère de baiser une femme qui vient de baiser avec un autre homme.

Merci de m’avoir permis de connaître toutes les émotions et sentiments que l’on éprouve dans la sexualité adulte.

Merci pour le mystère de la sexualité du couple que tu me fais découvrir et que je continue de découvrir avec toi.

Merci pour cette belle chatte qui s’ouvre sans difficulté quand je m’enfonce à l’intérieur.

Merci de me faire connaître l’odeur du con quand il est propre, quand il est sale et quand on vient de le baiser.

Merci de m’avoir fait connaître le plaisir de la baise en plein jour, la nuit, sous la pluie, dans les endroits insolites.

Merci pour ces cris et ces gémissements quand tu baises et quand tu jouis.

Merci pour ces fantasmes que tu partages avec moi lorsqu’on baise.

Merci, car après huit ans de baise et d’expériences sexuelles particulières vécues avec toi, j’ai toujours envie de t’embrasser, de te baiser, de te sodomiser, de te lécher, de te faire jouir et de jouir dans tous tes trous ; et je suis convaincu que nous avons encore des belles expériences sexuelles à vivre dans les années à venir. Sache que, malgré toutes les disputes et les conflits, je te désire plus qu’au commencement de notre histoire et mes envies envers toi sont encore plus fortes de jour en jour, à tel point que tu fais de l’ombre à toutes les autres femmes qui peuvent se présenter devant moi.

Merci pour cet amour inconditionnel que tu me donnes et pour ce si beau corps que tu m’offres…

bukowski-5.jpg

 

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Vendredi 3 septembre 2021 5 03 /09 /Sep /2021 08:00

Retour en classe pour les écoliers, collégiens, lycéens, étudiants. Ils et elles, petits et grands, vont découvrir ou retrouver l'univers des livres, si riche en émotions.

lecture

lecture1

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Mardi 31 août 2021 2 31 /08 /Août /2021 08:00

Au temps du covid-19, même au plus fort de la quatrième vague, il est important que les commerces dits "essentiels" restent accessibles à tous, avec ou sans passe sanitaire.

covid-essentiel

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Vendredi 27 août 2021 5 27 /08 /Août /2021 08:00

Annie Ernaux : "Mémoire de fille"

Récit autobiographique paru en 2016 aux Editions Gallimard. Edition de poche, collection Folio n° 6448 ( 165 pages)

Été 1958. La narratrice, tout juste sortie de l'adolescence, le bac en poche, a décroché un job de monitrice de colonie de vacances à S, dans l'Orne. C'est son premier été de liberté, loin du cadre familial.

Pages 46-47 (Annie se retrouve seule avec H, le moniteur-chef)

" Ils sont dans sa chambre à elle, dans le noir. Elle ne voit pas ce qu'il fait. À cette minute, elle croit qu'ils vont continuer de s'embrasser et de se caresser au travers des vêtements sur le lit. Il dit "Déshabille-toi". Depuis qu'il l'a invitée à danser, elle a fait tout ce qu'il lui a demandé. Entre ce qui lui arrive et ce qu'elle fait, il n'y a plus de différence. Elle se couche à côté de lui sur le lit étroit, nue. Elle n'a pas le temps de s'habituer à sa nudité entière, son corps d'homme nu, elle sent aussitôt l'énormité et la rigidité du membre qu'il pousse entre ses cuisses. Il force. Elle a mal. Elle dit qu'elle est vierge, comme une défense ou une explication. Elle crie. Il la hosupille :" J'aimerais mieux que tu jouisses plutôt que tu gueules !" Elle voudrait être ailleurs mais elle ne part pas. Elle a froid. Elle pourrait se lever, rallumer, lui dire de se rhabiller et de s'en aller. Ou elle, se rhabiller, le planter là et retourner à la sur-pat. Elle aurait pu. Je sais que l'idée ne lui est pas venue. C'est comme si c'était trop tard pour revenir en arrière, que les choses doivent suivre leur cours. Qu'elle n'ait pas le droit d'abandonner cet homme dans cet état qu'elle déclenche en lui. Avec ce désir furieux qu'il a d'elle. Elle ne peut pas imaginer qu'il ne l'ait pas choisie − élue − entre toutes les autres.

La suite se déroule comme un film X où la partenaire de l'homme est à contretemps, ne sait pas quoi faire parce qu'elle ne connaît pas la suite. Lui seul en est le maître. Il a toujours un temps d'avance. Il la fait glisser au bas de son ventre, la bouche sur sa queue. Elle reçoit aussitôt la déflagration d'un flot gras de sperme qui l'éclabousse jusque dans les narines. Il n'y a pas plus de cinq minutes qu'ils sont entrés dans la chambre."

memoire de fille

Pages 64-65 (quelques semaines plus tard )

" Depuis H il lui faut un corps d'homme contre elle, des mains, un sexe dressé. L'érection consolatrice.

Elle est fière d'être un objet de convoitise et la quantité lui paraît la preuve de sa valeur séductrice. Orgueil de la collection. (Attesté par ce souvenir précis : après avoir embrassé dans un champ un étudiant de chimie en vacances à S, me vanter auprès de lui du nombre de flirts que j'ai eus à la colonie.) Aucun délai de coquetterie, de remise à plus tard du désir qu'elle a de leur désir. Ils vont droit au but, ils s'y croient autorisés par sa réputation. Ils soulèvent la jupe ou défont la fermeture éclair du jean en même temps qu'ils l'embrassent. Trois minutes, entre les cuisses, toujours. Elle dit qu'elle ne veut pas, qu'elle est vierge. Aucun orgasme jamais.

Elle passe de l'un à l'autre, ne s'attache à aucun, pas même à Pierre D, qu'elle a rejoint plusieurs nuits dans le grand dortoir des garçons dont il assure la surveillance depuis une loge munie d'une petite fenêtre et qui lui a dit − c'était le premier − "Je t'aime" et elle a répondu :

− Non, c'est seulement du désir.

− Si, Annie, c'est vrai, je t'assure.

− Non. "

C'est une des premières fois que je lis le "viol initiatique" relaté avec tant de simplicité et de lucidité. Et aussi, les conséquences du traumatisme sur la vie sentimentale de la victime. Merci Madame Ernaux pour ce témoignage utile et nécessaire.


Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mardi 24 août 2021 2 24 /08 /Août /2021 08:00

Trouvé sur internet ces trois œuvres pyschadéliques numérisées. L'effet obtenu est intéressant. Je n'en connaîs pas le ou les auteurs. 

psysex1

psysex2

psysex3

Par michel koppera - Publié dans : le musée Koppera - Communauté : Arts érotiques
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