Vendredi 8 mars 2024 5 08 /03 /Mars /2024 08:00

"L'affaire Léon Sadorski" est un roman policier de Romain Slocombe paru en 2016 aux Éditions Robert Laffont, puis dans la collection Policier Points n° P4640 (476 pages)

Ce roman est le premier d'une série en 5 volumes qui suivent les agissements de Léon Sadorski, inspecteur spécial des RG chargé des "questions juives" dans Paris occupé. La saga couvre la période avril 1942-août 1944. Ce roman a reçu le Prix Polar libr'à nous

Extrait page 396 : Sadorski qui est marié à Yvette dont il est follement amoureux vient de se rendre compte que sa femme l'a trompé avec un officier allemand. 

" Ils (les Allemands) sont les plus forts. Nous rampons devant eux. Nous léchons leurs bottes, leur ouvrons notre cul, quémandons leurs faveurs tout liquéfiés de trouille dès qu'ils se mettent à gueuler. Ils gueulent presque toujours, du reste. Hurlent leurs ordres, Schnell, schnell, Schweinen Französichen ! Plus vite, plus vite, cochons de Français ! Crachez votre fric, pissez le sang, cédez-nous vos filles ! Cholies Françaises... Cholie lingerie... Sardoski sanglote en se rappelant son Yvette. Yvette, Yvette... Comment as-tu pu faire cela ? Permettre à ce nazi blond de te souiller, d'éjaculer son foutre germanique entre tes cuisses... Laisser la queue boche s'introduire dans la chair douce qui est, ou était, mon domaine, mon territoire... Mon refuge sacré, à moi ton Léon, ton biquet d'amour, ton petit mari, ton poulet affectionné... Sardoski pleure en répétant tout haut les sobriquets ridicules et touchants qui sont sa joie, ses secrets... qui étaient leur joie, leurs secrets. Il y avait aussi les petits jeux...Yvette le grondant, sur ordre : "Je t'interdis de jouir... Petit garnement, je t'interdis de jouir !..." Et le canon du pistolet braqué sur sa tempe... les poignets liés... l'urine de femme – l'averse bienfaisante, la pluie d'or – aspergeant son visage... Bon Dieu, en a-t-elle parlé à Albers ? "Mon mari est un peu spécial... si tu savais ce qu'il me demande..." Les paroles, les rites... Quelle honte ! Mais comment serait-il possible que tout cela n'existe plus ? Que cette intimté soit violée, annihilée, foulée sous les talons du vainqueur, du conquérant ?... C'est trop ignoble, trop insupportable..."

sadvorski

Pour accompagner cet extrait, je vous ai choisi un dessin d'époque, anonyme, sans doute réalisé par un amateur allemand, qui illustre bien les relations dominant-dominé (occupant-occupé) entre les deux communautés.  

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mardi 5 mars 2024 2 05 /03 /Mars /2024 08:00

"Love.Baba" est un roman (187 pages) de Macha Méryl paru en 2000 aux Éditions Albin Michel

Ce récit nous conte l'errance parisienne de Barbara Baron, 50 ans, ancienne championne de natation, plaquée par son compagnon et ruinée, qui découvre la galère des petits boulots et de la déchéance sociale. Mais, sans pathos : l'histoire est résolument optimiste. Pas de scène de sexe à proprement parler, sauf :

Extrait page 36. Il fait nuit. Barbara est garée devant un bar.

" La porte vient de s'ouvrir. Un couple sort, un grand Noir et une jeune mulâtre. Elle porte un tablier de forgeron. Ils s'approchent de l'arbre près duquel je me suis garée, ils ne m'ont pas vue. Ils s'embrassent, se caressent, nom d'une pipe ils vont faire l'amour ! Je me tapis sur mon siège, dans l'ombre, et j'observe toute la scène. De l'angle où je suis, je ne vois plus leurs visages. Elle est adossée à l'arbre, elle remonte une jambe, je vois leurs fesses et leurs sexes, très près de moi. Je retiens mon souffle pour ne pas bouger. Je regarde avec froideur. Cela n'éveille rien en moi. Les lions et les lionnes qui s'accouplaient au Kenya me faisaient plus d'effet. Je reste sèche. Ma libido est à plat."

Extrait page 115. À propos de l'absence de désir

" Je m'allonge sans me déshabiller, par laisser-aller, et pour éviter mon corps. Je suis en mauvais termes avec lui, il ne m'intéresse pas, il est neutre, absent. Dans les films, on montre les femmes fébriles qui vont se masturber quand elles sont en manque. Emmanuelle Riva dans Hiroshima, mon amour rêvait la main entre les jambes. Alida Valli dans Senso, déchirait les draps de son grand lit à baldaquin. Ava Gardner s'éreintait à cheval dans La Comtesse aux pieds nus. C'est faux, c'est complètement faux. On a du désir quand on est en éveil, quand on pense à des moments vécus avec un homme. Quand on est seule et qu'on déprime, le désir s'estompe. On a un bout de bois à la place du corps."

babalove emmanuelle riva

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Vendredi 1 mars 2024 5 01 /03 /Mars /2024 08:00

Le 2 février dernier, je vous avais présenté un premier détournement anonyme du célèbre tableau "Jeune fille à la perle" de J. Vermeer. Voici maintenant ce qu'en avait fait Alex Varenne (1939-2020)

JFALP 3 varenne

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Mardi 27 février 2024 2 27 /02 /Fév /2024 08:00

Trouvé dans le Canard Enchaîné5388 du mercredi 14 février 2024, ce dessin de Diego Aranega qui revient sur un sondage qui révèle que les Français(es) font de moins en moins l'amour.

canard enchaine 14-02-24

Par michel koppera - Publié dans : au jour le jour
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Vendredi 23 février 2024 5 23 /02 /Fév /2024 08:00

Le saviez-vous ? # 149

Avez-vous déjà entendu parler d'une paraphilie nommée asthénéophilie où une personne, qu'elle soit femme ou homme, ressent une excitation provoquée par le fait d'être malade. Je pense que sans en connaître le mot nous sommes nombreux à avoir été au moins une fois dans notre vie atteints de cette fièvre très particulière qui donne envie d'une activité sexuelle.

savoir 149

En illustration, je vous ai trouvé une image ancienne, sans doute du début du XXème siècle où l'on voit un malade blessé et alité en proie à cette fièvre, pour le plus grand bonheur de son infirmière aux petits soins pour son patient. Notez dans le décor tous les indices de la maladie : la courbe ascendante de la poussée de fièvre punaisée au mur, le flacon de sirop sur la table, la tasse de bouillon de légumes posée sur la table de chevet.

Par michel koppera - Publié dans : le saviez-vous ? - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mardi 20 février 2024 2 20 /02 /Fév /2024 08:00

"Femme nue, femme noire" est un court roman de Calixthe Belaya (189 pages) paru en 2003 aux Éditions Albin Michel, puis en Livre de Poche (n° 30310)

Le roman écrit à la première personne raconte l'errance dans une métropole africaine (Congo ?) d'une jeune femme noire nommée Irène, petite délinquante gourmande de sexe.  

Extrait pages 70-71 : Dans une case surchauffée et sale d'un quartier très pauvre, vit Madonne une veuve qui cohabite dans sa "maison" avec ses deux beaux-frères. Ousmane, un ami d'Irène, y est invité:

"– Je te présente mes deux beaux-frères ! On vit ensemble depuis la mort de mon mari. Veux-tu boire quelque chose ?

Il (Ousmane) réclama un verre d'eau. Il aurait pu demander n'importe quoi d'autre, parce que le destin s'obstinait à lui refuser l'essentiel : la joie d'être père.

S'il ne vit pas le  moment où Madonne se déshabilla, il la vit nue, à quatre pattes. Ses longues mamelles touchaient le sol ; ses cuisses cellulitées tremblotaient ; son ventre boursouflé de graisse ballottait dans le vide. Elle semblait trouver évidente cette position obscène. Les deux beaux-frères caressaient cet amas de viande à l'aveuglette : " Ah, maman ! Gentille maman !" Ils écartaient ses fesses, offraient à tout regard indiscret une vision panoramique de son gigantesque pubis. Son clitoris  était accroché au centre tel un fruit solitaire. Elle avait les poils si longs qu'on aurait pu les tresser. Ils beuglaient en la fourrageant, soumis à cette frénésie folle que procurent les femmes monstrueusement perverties par un physique spécial. Ils la pénétraient à tour de rôle avec une violence inouïe. Sous leurs assauts, elle gémissait telle une ânesse prise par les douleurs de l'enfantement. Par moments, épuisée mais comblée par ces deux pilons, elle s'écroulait. Ils attrapaient ses hanches pour l'escalader et mieux la faire recevoir cette force. Puis, se souvenant de la présence d'Ousmane, ils l'interpellèrent :

– Viens donc t'amuser avec nous !"

calixthe belaya


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Vendredi 16 février 2024 5 16 /02 /Fév /2024 08:00

 

les seins de lola

Anaphore : les seins de Lola

Les seins de Lola sont les oreillers de mon cœur

Les seins de Lola sont la voie lactée dans le ciel de notre lit

Les seins de Lola gonflés comme les melons d'eau de ma soif

Les seins de Lola dressés aux antipodes de ses fesses nues

Les seins de Lola, le juste destin de mes mains égarées

Les seins de Lola sont les hémisphères de sa planète sauvage

Les seins de Lola : le bonheur du jour et la douceur de la nuit

Les seins de Lola, les témoins attentifs de nos sexes fiévreux

Par michel koppera - Publié dans : inédits - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mardi 13 février 2024 2 13 /02 /Fév /2024 08:00

L'article signé O.P. est paru en page 8 du Canard Enchaîné5385 du mercredi 24 janvier 2024. L'article revient sur l'annonce de la baisse inquiétante de la natalité en France et du "réarmement démographique" proposé par le chef de l'état. Parmi les mesures envisagées, en voici deux pour le moins étonnantes :

"Un "bilan de fertilité" (est) sérieusement envisagé pour tous et toutes les jeunes patriotes de 25 ans afin de détecter une éventuelle paresse reproductrice "avant qu'il ne soit trop tard". Les filles sont promises à un examen gynécologique offert par la Sécu. Quelle chance ! Les garçons seraient invités à pratiquer une masturbation en laboratoire (avec de trois à cinq jours d'abstinence préalable) pour que soit récupérée la précieuse semence nécessaire à un spermogramme.

L'éjaculation citoyenne, c'est l'avenir du pays. On a d'abord cru à une blague. Un gadget ? Mais non, c'est bien " une piste ... et une bonne" s'est réjouie candidement la sous-ministre Aurore Bergé, chargée de l'Égalité femmes-hommes (sur France Inter, le 21-01-2024)

denatalite

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Vendredi 9 février 2024 5 09 /02 /Fév /2024 08:00

"Lignes de faille" de Nancy Houston est un magnifique roman paru en 2006, édité en France aux éditions Acte Sud. Il est disponible en collection de poche Babel n°841 ( 483 pages)

Extrait pages 363-365. 1962, Sadie a 7 ans, elle habite à New-York avec Kristina, sa maman qui est chanteuse sous le nom de Erra et son beau-père qui est aussi son impresario. Un jour où son beau-père est absent, sa mère reçoit la visite inattendue d'un inconnu. Elle envoie Sadie dans sa chambre. Par le trou de la serrure, la gamine regarde ce qui se passe dans le salon :

" C'est comme une pièce de théâtre. Maman et l'inconnu restent encore un moment sans bouger, sans parler, puis maman s'avance vers lui à pas lents comme une somnambule et il lui ouvre ses bras et elle se jette dedans, l'inconnu blond referme les bras sur ma mère et l'écrase contre sa poitrine en sanglotant. Maman commence à pleurer elle aussi, et puis elle se met à rire en même temps. Ce qui me perturbe plus que tout, c'est qu'elle s'adresse à ce monsieur dans une langue étrangère. Ça pourrait être le yiddish ou l'allemand, ils se parlent par bribes tout en pleurant et en riant, ils respirent fort et se regardent au fond des yeux.

Ça dure un bon moment et pendant tout ce temps, dans la rue derrière moi, la neige continue de tomber. La main de maman remonte pour caresser la pommette de l'homme blond et elle dit une chose qui ressemble à "Mon Yanek, mon Yanek", mais au lieu de dire mon elle dit mein, et lui aussi murmure son nom à elle – son vrai nom, pas Erra – sauf que dans cette langue qu'ils parlent ça sonne différemment, ça ressemble à "Kristinka". Il tire sur le bout de sa ceinture qui est une corde orange, le nœud se défait et il ouvre lentement sa robe de chambre, dénudant ses seins, et l'embrasse sur le cou, la tête de maman se renverse en arrière il l'embrasse à la base du cou et je n'arrive pas à détacher mes yeux de la scène, elle lui dit des mots dans cette langue qu'ils partagent et qui m'exclut et maintenant, tout en embrassant l'homme sur la bouche, elle défait les boutons de sa chemise, il met les deux mains autour de sa tête de Petit Prince, et elle remue les épaules et sa robe de chambre tombe par terre. Maintenant, ma mère est totalement nue avec cet inconnu qui est toujours habillé. Elle va ouvrir le canapé-lit (le même lit qu'elle partage toutes les nuits avec papa) et pendant ce temps l'homme se déshabille avec des gestes lents, après quoi il est nu lui aussi et je vois son truc qui est debout et se balance.

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Il se met à genoux sur le lit et à mon horreur ma mère se met à genoux devant lui et prend ça dans sa bouche, ce qui me donne la nausée alors je m'éloigne un moment de la porte, le cœur battant fort, et essaie de me calmer en regardant les flocons de neige qui flottent dehors dans l'auréole des lampadaires, et quand au bout d'un long moment je m'agenouille à nouveau ma mère a tourné le dos à l'inconnu, il lui tient les mains serrées derrière le dos comme pour la menotter et pendant ce temps il entre et sort de son corps par derrière comme Hilare (le chien de son grand-père) avec le caniche nain sauf que ses mouvements sont plus lents et au lieu de gémir il lui dit des mots étrangers à voix basse. Ma mère se cambre et j'entends un son inouï lui sortir de la gorge, tout ça est totalement insupportable alors j'allume la lumière et me mets au lit en tremblant de tout mon corps."

Illustration signée loïc Dubigeon


Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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Mardi 6 février 2024 2 06 /02 /Fév /2024 08:00

Il m'arrive d'acheter des livres d'occasion. Ce fut le cas pour le roman de Nancy Houston, "Lignes de faille". Des mois plus tard, quelle ne fut pas ma surprise au moment de le lire, de découvrir sur les pages de garde, une double dédicace que voici :

dédicace n houston

Je l'ai lue et relue, cherchant à en percer le mystère

Les lieux : Fafie et Potipora ? Après des recherches sur le net, j'en suis arrivé à la conclusion qu'il s'agissait sans doute de deux entreprises implantées aux Pays-Bas. Les deux femmes dont il est question dans la dédicace se seraient connues dans le cadre de ces entreprises ?

Les dates : 13 janvier 2014, 13 janvier 2015 ? Un an jour pour jour. 2014, leur rencontre, "ce jour, ce soir subtil" de leur première nuit ? 2015, un premier bilan et l'achat de ce livre ?

L'auteure : une femme lesbienne qui commet quelques fautes d'accord et de temps, mais qui a une très belle écriture. Elle est amoureuse... Le champ lexical de l'amour (2 occurrences) est riche (enlacées, ensemble, connexions suprêmes, reliées, tendresse, je t'aime...) sans oublier les étoiles qui constellent les pages et le petit cœur final comme un ballon qui s'élève vers le ciel/

La référence au roman de Nancy Houston, "au delà de nos failles", dont je pense que l'auteure de la dédicace a fait cadeau à sa compagne. Sans oublier des passages plus inquiétants comme "avec nos mots et nos maux" ou la métaphore du fil invisible qui les unit et les rapproche : fil des mots, fil des jours, reliées, connexions... 


 

 

Par michel koppera - Publié dans : lectures x - Communauté : Fantasmes et écriture
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