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Lundi 24 mars 2008 1 24 /03 /Mars /2008 18:30

      Dans la branche XVIII du Roman de Renart, on célèbre en grande pompe, devant le roi et les barons du royaume, les funérailles de Renart. Le sermon de l'archiprêtre est des plus surprenants. Voici ses paroles :
    " Il faut baiser, à ce qu'il me semble ; aussi je vous déclare à vous tous ici réunis que baiser n'a jamais été défendu : c'est pour baiser que le con a été fendu. C'est pourquoi je recommande à tous en cet instant que, qui bande dur et raide, et s'il a un con à sa disposition, baise et en soit excusé ; jamais cela ne lui sera reproché."
      L'extrait que je viens de vous citer fut publié par le Nouvel Observateur en août 1998. Il est à confronter au discours contemporain des autorités religieuses de tout poil, d'orient comme d'occident ; discours répressif et antijouissif s'il en est... Comme quoi avancer dans le temps n'est pas toujours synonyme de progrès ! 
      Un dessin de partouze libertine vue par Hugdebert me semble tout à fait bienvenu pour illustrer ces quelques lignes de littérature médiévale.
hugdebert-3.jpg   

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Vendredi 21 mars 2008 5 21 /03 /Mars /2008 14:09

V-Leduc.jpg Paru en 1966 aux éditions Gallimard, " Thérèse et Isabelle" raconte les amours lesbiennes de deux élèves pensionnaires d'un collège religieux. Thérèse en est la narratrice. Les tableaux saphiques se succèdent dans ce court roman de 120 pages. Je vous ai choisi une des dernières scènes où les deux jeunes filles s'abandonnent l'une à l'autre: 
       " Nuit, ventre du silence.
       Isabelle se soulevait, lente, lente, ses lèvres intimes se refermaient  sur ma hanche. Isabelle bascula.
       Je cherchai sa main, je la mis sur mon dos, je la fis descendre plus bas que mes reins, je la laissai sur le bord de l'anus.
       - Oui, dit Isabelle.
       Je patientais, je me recueillais. 
       - C'est nouveau, dit Isabelle.
       Le timide entra, Isabelle parla :
       - Mon doigt a chaud, mon doigt est heureux.
       Le doigt inquiet n'osait pas.
       Nous l'écoutions, nous avions de la volupté. Le doigt serait toujours importun dans le fourreau avaricieux. Je me contractais pour l'encourager, je me contractais pour l'emprisonner.
       - Plus loin, je veux plus loin, gémit Isabelle, la bouche écrasée sur ma nuque
       Ellle força dans de l'impossible. Encore la phalange, encore la prison dehors. Nous étions à la merci du doigt trop petit.
        Le poids sur mon dos signifiait que le doigt ne renonçait pas. Le doigt furieux frappait et refrappait. J'avais contre mes parois une anguille affolée qui précipitait sa mort. Mes yeux entendaient, mes oreilles voyaient  : Isabelle m'inoculait sa brutalité. Que le doigt traverse la ville, que le doigt perfore les abattoirs. Je souffrais de la brûlure, je souffrais, plus encore, de nos limites. Mais le doigt obstiné réveilla la chair, mais les coups m'affinèrent. J'avais de la griserie en pleine pâte, j'avais un gazouillis d'épices, je m'élargissais jusqu'aux hanches. V-Leduc-Cavell.jpg
        - Le lit remue trop, dit Isabelle.
        La chair dilatée remercia, le plaisir sévère se propagea dans les pétales. Des gouttes de sueur tombèrent du front d'Isabelle sur mon dos.
         - Ne bouge pas. Que je demeure en toi, dit Isabelle.
         Nous hivernions. Je me contractai par préséance.
         - Oh oui ! dit Isabelle.
         Je l'aspirais, je le refoulais, je le changeais en sexe de chien, rouge, nu. Il montait jusqu'à l'oesophage. J'écoutais Isabelle qui se faisait légère, qui suivait la montée, qui profitait du reflet. Le doigt sortit d'un nuage, entra dans un autre. Mon ardeur gagna Isabelle, un soleil fou tournoya dans ma chair. Le corps d'Isabelle gravit seul un calvaire sur mon dos. Je fus tendue de gris. Mes jambes faiblirent dans leur paradis. Mes mollets désaltérés mûrissaient. J'étais amollie jusqu'à l'ineffable pourriture, je ne fiinissais plus de m'effondrer de félicité en félicité dans ma poussière. Le doigt d'Isabelle sortit avec méthode et laissa aux genoux des flaques de plaisir. "

le dernier dessin est de P. Cavell, un des maîtres du genre 


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Mercredi 19 mars 2008 3 19 /03 /Mars /2008 13:35

       Ouvrir un roman "pornographique" d'Esparbec, car c'est ainsi qu'il qualifie et revendique ses écrits, c'est se résoudre à une érection constante tout le temps de la lecture et quelques temps après, sachant que les symtômes persistent bien au-delà de la durée du traitement, comme le dirait une notice d'emploi de médicament. Je crois que c'est le plus bel hommage que je puisse rendre à cet écrivain secret qui nous livre, avec la régularité d'un métronome, depuis plusieurs années, ses centaines de pages de fantasmes pornographiques. Il y a chez Esparbec la même jubilation sexuelle que chez Sade... On sait que ce n'est pas possible et pourtant on aimerait que ce le soit. Je me demande parfois si les femmes éprouvent des émotions semblables à celles des hommes à la lecture d'Esperbec : mouillent-elles, ont-elles envie de se branler en lisant ses tableaux lubriques ?  Parmi ses oeuvres j'ai bien entendu mes préférées : "Les mains baladeuses" dont je vous recommande la lecture, avec des monuments de perversité trop longs pour être relatés ici, et "La Pharmacienne", roman plus court que je vous propose de découvrir. On y retrouve un  quintet des plus classiques : la femme (Laura Desjardins,  la pharmacienne), son mari ( Beau), Bébé la belle-fille ( la fille de la pharmacienne), le beau-fils (Bertrand, frère de Bébé) et Ernest l'oncle-beau-frère ( le frère de la phramacienne). À partir de là, toutes les combinaisons sont permises. Le passage que je vous restrancris est un classique d'Esparbec, à savoir l'exhibition obscène ( infligée mais acceptée, voire désirée) d'une femme, en l'occurrence Laura ( la pharmacienne) qui nous dévoile ses charmes dans la salon familial . ( à noter l'emploi très habile de l'imparfait d'habitude, pour nous signifier que cette scène était un des rituels du couple ) 
       " Laura, selon les désirs qu'il avait manifestés, ne portait jamais de collants, mais des bas et un porte-jarretelles. Beau, une fois qu'il l'avait dépoitraillée et troussée, retournait s'asseoir en face d'elle, à côté de la télé. Et pendant qu'elle feignait d'être absorbée par le film, toute rouge d'émotion, lui, c'est elle qu'il contemplait. Et le spectacle lui plaisait beauoup.
        Cette quadragénaire charnue, au beau visage si sérieux, à peine maquillée, aux cheveux sagement tirés en chignon très strict, elle était là, devant lui, rien que pour lui, à lui exhiber sa chatte et ses gros nichons aux larges médailles roses. Il lui avait fait passer une jambe par-dessus l'accoudoir du fauteuil, de façon à bien faire bâiler la fente poilue au bas de son ventre, et comme elle avait les fesses au bord du siège, il pouvait même voir son anus entre les fesses rebondies. Les joues rouges, les yeux fixés sur l'écran de télé, la belle et plantureuse phamacienne deVilleneuve-sur-Lot n'osait pas regarder son voyou de mari. Elle était si excitée de se montrer que la mouille coulait entre ses poils.
       esparbec.jpg - C'est intéressant,  ce film ? lui demandait-il, au bout d'un certain temps.
       - C'est très bien, je t'assure, Beau, répondait sa femme d'une voix étranglée, tu devrais venir le voir... ( toute honteuse, elle baissait pudiquement la voix) au lieu de regarder ce que tu regardes...
       - Eh bien, tu vois, j'suis pas d'accord avec toi. Moi, je préfère nettement regarder ta chatte et tes nichons que ces conneries de feuilletons amerlos. Je trouve ça plus marrant. En ce moment, par exemple, t'as la fente qui bâille comme si elle avait faim... et ton clito est tout raide, le salaud !
         - Ne parle pas si fort, voyons, chuchotait la pharmacienne, si les enfants t'entendaient !  Et puis, Beau, tu sais bien qu'jaime pas que tu dises des choses pareilles, ça me fait rougir.
           C'est vrai qu'elle rougissait, c'est bien ce qui rendait la chose si excitante pour Beau. Elle rougissait, mais elle mouillait ! Il ne se gênait pas pour le lui faire remarquer.
          - T'es trempée ! Tu devrais mettre une serviette sous toi, tu vas faire des taches sur le fauteuil !
          - Beau !
          - Fais voir, ouvre un peu plus les cuisses, que je voie bien le trou de ton vagin. Tu sais que j'aime bien voir tous tes trous, surtout quand ça bâille comme maintenant."
                  

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Lundi 17 mars 2008 1 17 /03 /Mars /2008 08:00

Cet ouvrage est paru au Seuil en 1982. Comme son titre l'indique, il aborde le désir d'un point de vue féminin, ce qui était relativement novateur pour l'époque. La narratrice nous guide dans les méandres de sa quête du plaisir... Cela passe par des rencontres avec des hommes ou des femmes, mais aussi par des détours plus surprenants comme ces quelques chapitres "savoureux" consacrés aux fruits : la pomme, l'orange, la figue, la grenade. Je vous laisse le plaisir de les découvrir par vous-même. Ici, je m'en tiendrai à quatre courts extraits plus conventionnels d'un érotisme assez pervers.
         Jeux devant le miroir: " Tu défaisais mon corsage ou soulevais ma jupe, ou je m'agenouillais devant toi et je tournais parfois la tête pour découvrir cette autre femme que tu fabriquais avec moi, changeant les plis et l'ordonnance de mes vêtements ou l'incitant à de nouvelles poses. Est-ce ta main que j'observais et qui me modelait ? Ou plutôt la surprise de me voir ainsi, uniquement de dos ? Nous devenions les personnages d'un tableau et nous l'étudiions tant il semblait prêt, entouré de son cadre doré, à recueillir, pour l'éternité, chacun de nos gestes. 
         Quand je n'eus gardé de mes apprences successives que mes chaussures à très hauts talons, tu me tournas enfin vers notre double. Seulement alors, et par surprise, nos regards s'unirent, dans le miroir, tandis que, vêtements entrebâillés, tu me maintenais contre ta poitrine."
          Au hammam, en Tunisie : " La masseuse se levait, s'agenouillait, se redressait à nouveau. Quand elle se penchait, je ne voyais d'elle que les noeuds du foulard sur sa nuque. Brusquement, par surprise, sans qu'elle parût l'avoir prémédité, sans qu'elle cessât de me frotter le dos de sa main droite, elle glissa deux doigts de son autre main au plus profond de mon sexe. Ce qui m'étonna le plus, ce fut la promptitude, cette certitude entière avec laquelle, sans hésiter, elle me pénétra, trouvant son chemin en moi. Je restai immobile, me demandant si elle l'avait fait exprès. Mais comme elle continuait de m'étriller de la même façon, au même rythme, j'en conclus qu'il s'agissait d'une coutune de son pays, un souci de propreté que seule la sottise des pudeurs conventionnelles pouvait rendre suspect. Deux fois encore, elle inscrivit en moi cette douceur violeuse tandis que, dissociant ses gestes, elle me malmenait aussi. Son visage était incliné et ses paupières restaient toujours baissées."
          Crème de beauté ? " Quand, plus tard, je connus les hommes, le plaisir le plus voluptueux et le moins charnel, le plus superstitieux aussi - et si j'aimais un homme, ce fut le premier que je pris avec lui - consistait à me barbouiller le cou, les seins, de son sperme, comme d'une onction plus religieuse qu'aucune autre. Dans la rue, je marchais ensuite fièrement, très droite : la poitrine, sous mon pull-over, recouverte d'une imperceptible cuirasse qui collait à ma peau, la tirait, la plissait quand je ruais des épaules pour mieux sentir son étreinte." 
          F-Huser.jpg À Ceylan : " Sur la rive quelque chose bougea. Je m'approchai. C'était un jeune homme très mince dont la silhouette brune se confondait de loin avec le tronc des arbres. Il avait laissé tomber son pagne et me faisait signe de m'approcher - ce que je ne fis pas. Je nageais au contraire parallèlement au rivage, mais le visage tourné vers lui : afin qu'il ne doute pas de mon attention. Il s'agenouilla et commença à se caresser
           Mais moi, j'étais tout habillée de mer, hâtant le battement de mes talons pour que l'eau fuie plus vite, sous mes seins ou, immobile au contraire, jusqu'à cet instant où je ne sentais plus que ses frôlements. Je creusais les reins. M'aurait-il touchée, ses caresses auraient été celles de l'eau. Alors, j'ai arrêté de nager et je suis restée face à lui, ainsi qu'on regarde qualqu'un dans les yeux. Et quand il se raidit, je n'ai pu me retenir de plonger dans l'écume des vagues, de m'y rouler, lèvres entrouvertes, et de tendre le visage vers le soleil, la nuque versée dans la fraîcheur apaisante." 

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Vendredi 7 mars 2008 5 07 /03 /Mars /2008 14:52

   Il est inutile ici de présenter l'oeuvre ( le chef d'oeuvre ? ) de Jonathan Littell. Au-delà de la litanie des horreurs qui sont déversées à longueur de chapitres dans ce monumental roman historique, se nichent quelques scènes homosexuelles d'un érotisme à la fois glacial et débridé. Comme ce court passage où le narrateur, étudiant à Berlin, s'offre une escapade dans Tiergarten, le parc gay de la capitale allemande. Nous sommes en 1937.
        gay-2.jpg " J'observai les ombres des arbres jusqu'à ce que mon regard croise celui d'un jeune homme ; je pris une cigarette, lui demandai du feu, et lorsqu'il leva son briquet, plutôt que de me pencher vers sa main, je l'écartai et jetai la cigarette, je le pris par la nuque, et je lui embrassai les lèvres, goûtant doucement son haleine. Je le suivis sous les arbres, nous nous éloignions des chemins, mon coeur, comme chaque fois, battait follement dans ma gorge et, dans mes tempes, un voile sec était descendu sur ma respiration, je dégrafai son pantalon, enfouis mon visage dans son odeur âcre faite de sueur, de peau mâle, d'urine et d'eau de Cologne, je frottai mon visage contre sa peau, son sexe et là où les poils s'épaississent, je le léchai, le pris dans ma bouche, puis lorsque je n'y tins plus je le poussai contre un arbe, me retournai sans le lâcher et l'enfonçai en moi, jusqu'à ce que le temps et la peine aient disparu. quand ce fut fini, il s'éloigna rapidement sans un mot." '( p 105, édition de poche)
      gay-3.jpg Ce qui est remarquable dans le passage que je viens de citer, c'est que tout cela est relaté en deux phrases, comme pour insister sur la rapidité, la fugacité de ce rapport à la sauvette... Les gestes s'enchaînent inexorablement, à toute vitesse. Il s'agit avant tout de faire vite !
      Intéressant également, la tentative du narrateur d'expliquer le plaisir du dominé, du pénétré. Par deux fois, il en proposera une analyse, d'abord psychologique, puis plus anatomique. Voici la première (pages 40-41 de l'édition de poche) :
       " Tout comme mes amours masculines : la réalité, je ne rougis pas de le dire, c'est que j'aurais sans doute préféré être une femme. Pas nécessairement une femme vivante et agissante dans ce monde, une épouse, une mère ; non, une femme nue, écrasée sous le poids d'un homme, agrippée à lui et percée par lui, noyée en lui en devenant la mer sans limites dans laquelle lui-même se noie, plaisir sans fin, et sans début aussi." 

Plus loin dans le roman, aux pages 291-292, on trouve ce passage avec une analyse du plaisir du pénétré :
       " Le corps solide de Partenau recelait peu de surprises ; il jouissait la bouche ouverte en rond, un trou noir ; et sa peau avait une odeur douceâtre, vaguement écoeurante, qui m'excitait à la folie. Comment décrire ces sensations à qui ne les a pas connues ? Au début, lorsque ça entre, c'est parfois difficile, surtout si c'est un peu sec. Mais une fois dedans, ah, c'est bon, vous ne pouvez pas imaginer. Le dos se creuse et c'est comme une coulée bleue et lumineuse de plomb qui vous emplit le bassin et remonte lentement la moelle pour vous saisir la tête et l'effacer. Cet effet remarquable serait dû, paraît-il, au contact de l'organe pénétrant avec la prostate, ce clitoris du pauvre, qui, chez le pénétré, se trouve tout contre le rectum, alors que chez la femme, si mes notions d'anatomie sont exactes, elle s'en trouve séparée par une partie de l'appareil reproducteur, ce qui expliquerait pourquoi les femmes , en général, semblent si peu goûter la sodomie, ou alors seulement comme un plaisir de tête. Pour les hommes, c'est autre chose ; et je me suis souvent dit que la prostate et la guerre sont les deux dons de Dieu à l'homme pour le dédommager de ne pas être femme."  J-Litell-2.jpg

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Lundi 25 février 2008 1 25 /02 /Fév /2008 10:00

Edité pour la première fois entre 1880 et 1885 à Bruxelles, cet assez  long roman  (250 pages) met en scène les grands classiques de l'érotisme de la 3ème République, à savoir la femme, le mari, les amants, les maîtresses, sans oublier quelques touches de lesbianisme. Rien que du déjà vu, s'il n'y avait, en fin de récit, une hallucinante scène où Julia, le personnage central de cette histoire, délaissée par son époux se laisse tenter par une "aventure" avec un de ses serviteurs... Mais pas n'importe lequel, puisque ce dernier est noir. L'auteur va pouvoir se lâcher et nous asséner tous les poncifs du racisme bas de gamme, tel qu'il pouvait avoir cours à la fin du XIXème siècle ( n'oublions pas qu'à cette époque, la France se construisait son empire colonial en Afrique, et que tout était bon pour justifier cette conquête ). L'extrait que je vous propose est un bon exemple d'une conception raciale (et raciste) des rapports humains. ( Pardonnez-moi si je rapporte la scène in-extenso, mais je crois que ça en vaut la peine. Les passages en italiques, c'est moi qui les souligne) Accrochez-vous, c'est parti :
" Le jour avait baissé, le temps était orageux, la jeune femme allongée sur sa chaise longue, à demi vêtue d'un peignoir de mousseline, regardait dans le vague, quand tout à coup la porte s'ouvrit et Patrick, le cocher muet qui conduisait la voiture du sphinx, entra portant un flambeau. 
Patrick avait vingt-cinq ans ; c'était un superbe Noir n'ayant ni le nez épaté, ni les énormes lèvres de ses congénères.
Il ne parlait pas, mais il n'était pas sourd. (...) 
- Le fait est, dit Julia, qu'il y a de beaux nègres. Question de coloris à part, celui-ci est superbe.
Patrick, grand, élancé, l'air intelligent, ne représentait nullement le type bestial de la plupart de ses congénères.
Une pensée bizarre , abracadabrante, germait dans le cerveau fatigué de souffrir de Mme de Corriero et affolait ses sens las de ne plus vibrer.
- Au bout du compte, avec un être de cette catégorie, cela ne tire pas à conséquence, se dit-elle.
Patrick avait été élevé chez le général qui l'avait rapporté d'on ne sait où et lui avait fait donner une certaine instruction.
- Patrick, dit-elle tout à coup.
Le nègre qui se retirait se retourna.
- Mets-toi là, fit-elle en lui désignant du doigt la peau d'ours sur laquelle reposaient ses pieds.
Le nègre fixa sur sa maîtresse un regard étonné et obéit ; alors Julia s'amusa à passer sa main dans sa chevelure crépue, ce qui émut beaucoup Patrick ; il pâlissait sous son noir et ses yeux s'injectaient de sang. Julia après avoir promené ses doigts effilés dans cette toison, en respira les senteurs et fut étonnée de ne pas les trouver désagréables.
Alors, elle se pencha sur la tête du jeune homme et déposa un baiser sur son front.
Patrick, absolument interloqué, se mit à trembler.
- Va fermer la porte, commanda Julia.
Patrick obéit et, de plus en plus interdit, resta debout dans un coin.
- Viens ici et mets-toi près de moi.
Le Noir s'approcha. Alors Julia tendant le pied lui fit signe de la déchausser. Quand les souliers furent ôtés, elle lui montra les bas, que cette femme de chambre d'un nouveau genre enleva également en prenant mille précautions pour ne pas effleurer de sa peau noire les jambes nues de sa jeune maîtresse. Après les bas, ce fut le tour de la robe, des jupons ; il n'y eut bientôt plus que la chemise. 
Alors Julia fit signe à Patrick d'ôter son habit, puis son gilet, puis... son pantalon, ce qui ne s'effectua pas sans une certaine résistance.
- Je veux, dit Julia.
Le Noir, accoutumé à une soumission passive, obéit
presque en pleurant et se disant que le chagrin avait sans doute dérangéle cerveau de Madame.
J-kazandjian.jpg Les chaussures du nègre durent rejoindre sa culotte. Quand il ne lui resta plus sur le corps que la chemise, Julia, d'un geste nerveux, se déshabilla, lui fit enlever son dernier vêtement, et se trouva en face d'une belle statue d'ébène, qui la contempla avec des yeux dans l'expression desquels le respect commençait à battre en retraite devant les désirs sexuels.
Ses mains restaient inactives, mais son instrument d'amour se dressait, long, fort, bien fait, rempli de promesses.
Julia, après l'avoir pendant un moment considéré, posa ses lèvres sur celles de Patrick qui sentit décidément le respect battre absolument en retraite et comprit quel était le doux service qu'on attendait de lui.
Aime-moi, comme si  j'étais une de tes compatriotes, dit Julia.
Patrick baissa la tête et se précipita à genoux en signe de soumission, puis il embrassa les pieds, les jambes de la jeune femme, tout en agitant son torse, pour marquer son contentement. Après quoi, il la prit dans ses bras, comme une enfant, la berça, couvrit ses seins de baisers, et... Julia sentit se réveiller en elle un désir de jouissance étrange, bizarre ; ses lèvres se posèrent sur la peau noire de Patrick sans éprouver aucun sentiment de dégoût, puis avec une sorte de plaisir.
Patrick était muet, sans cela il eût murmuré une onomatopée originale au possible. Bientôt un feu brûlant succéda aux frissons qui passaient sur la peau de Mme de Corriero. Patrick eût fait rougir un couvent de carmes, par sa belle prestance. D'un geste indescriptible, Julia s'empara du membre en érection, et entraîna son propriétaire vers le lit.
Patrick comprit que le moment d'agir était venu. D'un bras nerveux, il allongea sa maîtresse sur les matelas, donna un baiser, bien long sur le clitoris du con charmant qui s'offrait à sa vue, et savoura le bonheur de posséder une belle petite Blanche, ce qui ne lui était jamais arrivé.
Julia éprouva une jouissance d'une nature toute particulière et très intense à laquelle succéda une vive surprise, en voyant son négro, aussitôt après qu'il eût repris ses sens, se précipiter sur le théâtre de ses exploits et, d'une langue agile et soigneuse, faire disparaître les moindres traces de son passage. Une chatte ne nettoie pas ieux ses petits quand ils viennent de naître.
Cet exercice de propreté eut des effets faciles à prévoir. Les sens de Julia qui jeûnaient depuis longtemps se réveillèrent avec un appétit féroce, et Patrick dut s'escrimer à nouveau pour leur donner apaisement, et cela à plusieurs reprises, attendu que, fidèle à sa méthode de n'occasionner aucun désagrément à sa complice d'amour, il la débarrassait scrupuleusement de tout ce qu'il lui avait donné de superflu et provoquait de ce chef le spasme nerveux... (...) 
Malgré la fatigue, Patrick ne ferma pas les yeux avant une heure avancée de la nuit. Quant à Julia, elle se dit que le voyageur n'avait point trop surfait le mérite des nègres. Cependant, malgré les espérances caressées par Patrick, ce fut pour lui une soirée sans lendemain." 
Voilà, désolé pour la longueur, mais je crois que cela appelle des commentaires... Le dessin qui illustre le texte est de Jean Kazandjian et a pour titre "l'appétit" 

  

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Samedi 23 février 2008 6 23 /02 /Fév /2008 10:15

sade1.jpg       Paru anonymement vers 1682,  et sous-titré "la religeuse en chemise", Vénus dans le cloître est en quelque sorte l'ancêtre de "la philosophie dans le boudoir", puisqu'il se présente sous la forme de 6 entretiens entre des religieuses. Les 5 premiers entretiens mettent en présence soeur Agnès ( la plus jeune, elle n'a que 16 ans) et soeur Angélique (plus âgée et donc initiatrice de la première). Les dialogues alternent les propos philosophiques, les considérations sur la condition des nonnes dans un couvent, les ragots et évidemment les scènes saphiques. Mais le langage reste très  métaphorique et l'érotisme se dissimule sous tout un attirail de périphrases et d'allégories. Comme dans cette description de ce qu'Angélique appelle "le baiser à la florentine" :
    "Voilà de la façon que les personnes qui s'aiment véritablement se baisent, enlaçant amoureusement la langue entre les lèvres de l'objet qu'on chérit : pour moi je trouve qu'il n'y a rien de plus doux et de plus délicieux, quand on s'en acquitte comme il faut, et jamais je ne le mets en usage que je ne ressente par tout mon corps un chatouillement extraordinaire et un certain je ne sais quoi, que je ne te puis exprimer qu'en te disant que c'est un baiser qui se répand universellement dans toutes les plus secrètes parties de moi-même, qui pénètre le plus profond de mon coeur, et que j'ai droit de le nommer un abrégé de la souveraine volupté."
 Ou encore ce portrait de femme idéalisée à la fin du 17ème siècle ( est-il utile de rappeler ici que nous sommes encore sous le règne de louis XIV ? ) Voici donc le portrait de soeur Cornélie :
   6827.jpg " Tu sauras qu'elle est assez grande de taille, et marche extrêmement bien ; elle a un très beau corps, la chair ferme et blanche comme de l'ivoire, et douillette à manier ; elle n'est ni maigre ni grasse ; ses tétons sont bien divisés, ronds, et non éloignés de l'estomac ; elle est étroite de ceinture et large de côté ; ell n'a aucune ride sur le visage ; au contraire, il est fort uni ; les bras ronds, les mains d'une longueur médiocre et minces, la cuisse grasse, les genoux petits, la jambe très belle et droite, bien assortie jusqu'au talon, auquel est conjoint un pied fort petit et bien formé. Enfin, outre toutes ces beautés que la nature lui a données, elle a beaucoup de belles qualités qui sont les plus grands charmes d'une fille. "  
 Pour conclure, cette scène où un jésuite use de stratagèmes pour, au parloir,  abuser de soeurVirginie dont il est le confesseur  ( voyez comme les noms sont judicieusement choisis !) :
     'Il la fit pour lors approcher plus près de la grille, et, l'ayant fait monter sur un siège un peu élevé, il la conjura de lui permettre au moins de satisfaire sa vue, puisque toute autre liberté lui était défendue. Elle lui obéit après quelque résistance et lui donna le temps de voir et de manier les endroits consacrés à la chastété et à la continence. Elle, de son côté, voulut aussi contenter ses yeux par une pareille curiosité ; le jésuite, qui n'était pas insensible, en trouva aisément les moyens, et elle obtint de lui ce qu'elle désrait, avec plus de facilité qu'elle ne lui avait accordé. "  

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Vendredi 22 février 2008 5 22 /02 /Fév /2008 14:27

Difficile de passer à un autre ouvrage sans citer au moins deux extraits des "dialogues de courtisanes" tant ils sont savoureux et représentatifs du triomphe de l'érotisme bourgeois des débuts de la Troisième République, mélange de mondanité, style "bouche en cul de poule" et d'obscénité graveleuse. En voici un bel échantillon avec ce dialogue intitulé  "Carnet de bal" et daté du 18 juillet 1897.
dialogues-2.jpg  "Mademoiselle, daignerez-vous m'accorder votre prochain tour de cul ?
- Monsieur, tout de suite si vous voulez, il n'est pas retenu.
- Vous aimez l'enculade, mademoiselle ?
- Beaucoup, monsieur. C'est la danse la plus agréable, ne trouvez-vous pas ?
- Certes, quand on peut baiser des fesses comme les vôtres !
- Vous les trouvez jolies ? Et mon trou du cul ? Vous savez, je n'y mets pas de noir, c'est sa couleur naturelle ! Un coup de langue, je vous prie.
- Oh ! mais vous êtes une artiste ! Cette position est sculpturale.
- Vous êtes trop bon... nous commençons ?
- Voici... Je ne vous fais pas trop mal ?
- Au contraire, je suis déjà trempée.
- Si j'osais, je pendrais la liberté de vous masturber légèrement.
- Merci, je le fais toujours moi-même. Ah ! vous jouissez cher ami. Et moi, m'y voici. Vous êtes un enculeur exquis, je ne vous le cache pas... À bientôt." 

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Jeudi 21 février 2008 4 21 /02 /Fév /2008 14:02

Encore une rééidtion d'Eurédif, dans la collection "Aphrodite Classique" datée de 1976 (en les achetant à cette époque, j'ignorais que trente ans plus tard, ces ouvrages seraient devenus des pièces de collection, tant nous vivions une décennie de totale liberté, où rien n'était interdit et où le sida était encore totalement inconnu... Il y avait la pilule, les cinémas porno,  les préservatifs étaient totalement ringards et chacun couchait librement avec chacune... Bref, une époque révolue dont les jeunes générations ne peuvent rien comprendre, enfin pas encore ). Mais trève de nostalgie !
Les "Dialogues de Courtisanes" se présentent sous la forme de courts chapitres n'excédant que rarement une page, mettant le plus souvent en scène des domestiques parlant de leurs maîtresses, de jeunes prostittuées ou tout simplement de jeunes filles en quête de plaisir. Il y est surtout question d'amours lesbiens, de masturbation et de "pipi-caca". D'après les indices laissés par l'auteur, ils ont été rédigés entre 1894 et 1899. Je vous propose en guise de mise-en-bouche le chapitre intitulé " Etudiantes en médecine"
    dialogues.jpg " Par quel moyent, stimulez-vous votre sens génital lorsque vous êtes seule, chère amie ?
     - Par le moyen de toutes les jeunes filles : je suis onaniste jusqu'au bout des ongles, voyez-vous, et la masturbation clitoridienne est mon plaisir favori.
     - C'est aussi le mien ; mais je voudrais savoir comment vous facilitez le glissement du médius sur le clitoris. Avez-vous une recette qui vous soit particulière ?
      - Aucune. Mon clitoris entre en érection à la moindre pensée voluptueuse et en même temps mes glandes bulbo-vaginales salivent abondamment. J'humecte mon doigt dans leur sécrétion légèrement visqueuse, et cela me suffit.  
      - Eh bien, laissez-moi vous donner une ordonnance dont vous me remercierez demain. Mélangez : vaseline 30 grammes - farine de moutarde 5 gr. Poivre de Cayenne 2 gr. Acide borique 3 gr. Plongez l'extrémité du médius dans ce mélange et faites une onction régulière sur le clitoris et les petites lèvres avant de commencer à vous masturber.
      - La révulsion n'est pas trop douloureuse ?
      - Non. Non. Les doses sont faibles. J'en use tous les jours pour moi-même et j'obtiens des spasmes d'une intensité admirable avec les plus violentes éjaculations, ma chère."
      
   

Par michel koppera - Publié dans : lectures x
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Mercredi 20 février 2008 3 20 /02 /Fév /2008 12:51

En 1977, les éditions Eurédif eurent la bonne idée de proposer une réédition de Vulvette, oeuvre d'un certain Walter de Roanac (également auteur de la série des "Frimousse"). Evidemment, le nom transpire le pseudonyme, mais toutes mes recherches pour connaître la véritable identité de l'auteur ainsi que la date de première édition sont restées vaines. ( si quelqu'un peut me renseigner, je l'en remrcie par avance). De toute évidence, le texte est assez récent, au vu de certains indices tels que le registre de langue des personnages (Véronique, dite Vulvette, parle "jeune") ou leur habillement ( les jeunes filles portent des minijupes )... Je le daterais du début des années 70. L'extrait que je vous ai choisi se situe dans le premier chapitre où la jeune Véronique se soulage en pleine nature devant le yeux ravis de son oncle Adhémar.
        vulvette-1.jpg " Se croyant manifestement seule, la gosse s'immobilise à moins d'un mètre d'Adhémar, puis relevant sa jupette, elle descend sa culotte jusqu'à mi-mollets, et s'accroupit enfin face à lui, dans l'attitude harmonieuse entre toutes, qui permet à nos humbles compagnes d'arroser les fleurs et les feuilles.(...) Malgré lui, son regard effleure le triangle de chair que la convergence des jambes dessine au bas du ventre. Aussitôt son visage s'éclaire, car non seulement sa curiosité n'est pas blâmable, mais elle est légitime, vu qu'à l'instar du visage des garçons auxquels la croissance de la barbe fait déserter l'adolescence, le pubis des filles s'ombrage dès la puberté... Or, celui de Véronique est déjà largement couvert d'un duvet brun, hésitant encore ici et là, entre la douceur de la soie et l'insolence du crin, mais d'ores et déjà merveilleusement assorti à la chevelure qui l'auréole d'une coulée de jais. 
          Sous sa parure de poils, coquinement ébouriffés par leur ivresse de revoir le jour, la vulve juvénile replète et dodue paraît sufisamment gonflée de sève, pour affronter les servitudes de son sexe et accueillir les hommages masculins.  vulvette-Rojan.jpg
       Tandis que, faute de mieux, le brave pépère la caresse chaleureusement de ses yeux éblouis, la jeune cramouille semble considérer comme normale la dévotion dont elle est l'objet.(...) Balafrant le relief obscène et charnu de son fragile ourlet de chair rose, la jontion des lèvres ajoute une touche de lubricité à l'adorable sexe, car on le devine prêt à s'entrouvrir aux plus coupables espérances. Son goût du mystère l'incite à dispraître au creux du périnée, où la transpiration allume des luisances blêmes, tandis que tapi dans la pénombre chaude, l'oeillet clandestin ponctue de son cratère dérisoire le vallon aguichant.(...) vulvette.jpg
       Après deux ou trois petits soubresauts, accompagnant une sorte de hoquet apparemment nécessaire pour amorcer la source de joie, un jet de métal en fusion prend enfin son essor, pour jaillir fièrement dans le soliel, avant de percuter l'herbe dans un crépitement impétueux et rageur."

Par michel koppera - Publié dans : lectures x
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